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Anatomie de la violence « révolutionnaire » d’extrême droite

kyle thompson bouche sang champPremière parution :  Nicolas Lebourg, "Anatomie de la violence « révolutionnaire » d’extrême droite, entre dynamique subversive et contre-révolution préventive (1962-1973)", Revue des Sciences sociales, n°46, décembre 2011, pp.36-43.

Sortie exsangue de l’Épuration, l’extrême droite française entame alors une longue traversée du désert. En incapacité de participer au débat public, elle ne trouve quelque souffle que grâce aux guerres de décolonisation. Elle demeure néanmoins fort fragile, comme le souligne en 1958 la vague de dissolutions des mouvements activistes par l’État.Cependant, ce cadre lui permet de participer à la conflictualité politique. La violence pour l’Algérie française,puis contre l’État gaulliste, la réintègre au sein de la réalité politique. L’Organisation Armée Secrète (OAS) permet d’unifier à la base ses diverses tendances et de nouer des liens avec des milieux conservateurs. Le contrecoup de Mai 68 et l’inquiétude suscitée par le gauchisme dégagent ensuite un espace pour des «contrerévolutionnaires préventifs». L’extrême droite activiste, rassemblée au sein de la formation Ordre Nouveau (ON), se définit alors prioritairement par ce nouvel ennemi. Cependant, elle lui lie par là-même son propre sort, et c’est conjointement qu’ON et la Ligue Communiste (LC) sont dissouts en 1973. Au-delà du fatras des coups, a souvent été perçue une « manipulation policière ». Plus profondément, il s’agit de la question de l’autonomie de la violence «révolutionnaire » de droite qui se joue, et de la production de son insertion dans l’espace social et institutionnel.

L’extrême droite subversive face à l’État gaulliste (1962-1968)

Sans avoir forgé d’orthodoxie, l’extrême droite française a toutefois une histoire propre de la lutte violente, de la Cagoule à l’OAS particulièrement. Son usage de la violence subversive ou révolutionnaire est conforme à l’histoire de ses structures politiques. Cet aspect a été théorisé par les hommes de la Cagoule, Deloncle arguant en 1941 que « des sociétés secrètes convenablement morcelées, séparées les unes les autres : [c’est là] le point capital » [1]. Cette dynamique s’est accentué après-guerre, puis la volonté de renverser l’État a radicalisé ce trait. Un rapport policier dédié à la surveillance des préparatifs de la tentative de putsch contre de Gaulle note que « les groupes d’action sont extrêmement compartimentés, séparés par des cloisons étanches, chaque élément ne connaissant que celui qui lui donnera l’ordre de ralliement à un point déterminé à l’heure prévue » [2]. Suite à l’échec de celle-ci, un autr rapport précise que

le calme absolu dont fit preuve la Métropole au cours des évènements du 24 janvier 1960 fit comprendre aux animateurs des organisations ultras que la formule d’une minorité agissante, organisée rationnellement, en réseaux et cellules et assurés du concours de l’armée, était la seule viable pour préparer avec des chances de succès un véritable coup d’État, dont l’initiative devrait, comme précédemment, être prise à Alger, mais cette fois-ci par des militaires et non par des civils [3].

Le trait va s’accentuant, l’extrême droite subversive épousant une forme de rhizome et non de « parti-milice ». Les formes de l’action directe et de l’action politique de surface prennent ainsi un contour cohérent. Mais si le terrorisme anarchiste du XIXe siècle visait à l’exemplarité pour entraîner les masses, celles-ci ne concernent plus vraiment le néo-terrorisme qui se développe durant la décolonisation. L’OAS cherche souvent moins à entraîner les masses qu’à les tétaniser ; une note interne est à cet égard explicite :

Il s’agit de créer en Métropole un climat d’inquiétude tel que les gens n’osent plus sortir de chez eux une fois la nuit tombée, n’entreprennent que des voyages indispensables, hésitent à s’engager sur les routes. Pour ce faire : abattre les personnalités influentes du communisme et du gaullisme ; harcèlement par armes automatiques avec véhicules circulant la nuit ; coups de feu sur les passants isolés ; grenadage (OF) des sorties de spectacles, des restaurants et des bars, en commençant par les quartiers résidentiels ; incendies de voitures au parking (nappes d’essence dans les caniveaux en pente). [4]

Le document est nommément signé et émane d’un cadre d’importance, cependant ses propres supérieurs lui signifient peu de temps après l’inutilité de tels usages. Il montre clairement que si l’organisation a usé d’un système d’attentats de masse qui a su faire école, une part conséquente de son encadrement en était venue à estimer que l’action violente n’avait rien à voir avec des masses considérées comme incapables d’agir historiquement : seule leur terreur devait permettre de faire entrer en jeu des groupes telle l’armée régulière, elle étant considérée apte à l’action historique. Face au fiasco de cette stratégie, une rupture est consommée. Ce processus a un stratège, Dominique Venner, la tête pensante de l’ex-Jeune Nation (dissout en 1958 pour sa participation à la journée insurrectionnelle du 13 mai) et de la Fédération des Étudiants Nationalistes (FEN) qui lui sert de couverture.

Emprisonné la veille de la tentative du coup d’État de 1961, il a mûri sa éflexion. Il rédige un opuscule, largement inspiré du Que faire ? de Lénine. Il s’y rend à l’argumentaire du bolchevique pour qui le terrorisme n’est que la fuite de l’organisation politique. Il reconnaît la vacuité stratégique dont a fait montre l’OAS et récuse l’idée que la révolution puisse être un putsch : elle ne saurait se faire qu’avec des masses encadrées par les révolutionnaires professionnels d’une organisation monolithique. Il conspue les notables et les réactionnaires, adeptes des complots, qu’il qualifie de « nationaux », et exalte les « nationalistes », des militants révolutionnaires, prêts au patient et discipliné travail subversif, récusant un activisme qui ne serait que fuite face à l’action révolutionnaire (Venner 1962 ; Lénine 1902, p. 133).

Le refus de l’activisme et du virage racialiste pris dès lors par la FEN, provoque une scission donnant naissance au Mouvement Occident (1964). L’activisme demeuré fameux du groupe l’inscrit à certains égards plus dans la sociologie des « bande de jeunes » de cette période que de l’action révolutionnaire. Un rapport de police note ainsi :

Occident a davantage l’apparence d’un clan que d’une formation structurée [elle jouit d’un] « esprit de meute », sectaire… Alain Robert, chef actuel du mouvement, s’apparente plus à l’idole d’une bande de jeunes délinquants qu’à un responsable politique. La discipline, acceptée avec enthousiasme dans son principe, fait fortement défaut au mouvement dans la pratique. Individualistes et frondeurs, d’aspirations politiques diverses (voire opposées…), les membres du groupe ne suivent en fait que celui qu’ils se sont donnés pour chef. La force physique est également un impératif militant. Les membres d’Occident doivent inspirer la crainte [5].

Toute stratégie subversive n’est pourtant pas absente. Le déchaînement de violences à l’encontre des étudiants communistes se fait en espérant qu’en surgira le chaos, et de celui-ci l’ordre nouveau. Jusqu’au printemps 1968, la violence ne cesse de croître en quantité et en vigueur. Des cadres d’Occident envisagent de franchir un pas en réalisant des attentats à l’explosif contre des bâtiments parisiens liés à l’Union soviétique ou à la Chine [6]. C’est leur raid avorté sur la Sorbonne le 3 mai qui amène la police à arrêter les leaders gauchistes, embrasant le Quartier latin. Les militants néo-fascistes agissent alors dans un total désordre individualiste et pour la plupart d’entre eux se rallient à la contre-subversion d’État. Malgré cela, lorsqu’en juin le gouvernement décrète la dissolution des mouvements subversifs, il épargne Occident, le Garde des sceaux arguant contre toute évidence que ce dernier « ne s’est pas dévoilé comme un mouvement subversif ». C’est à l’automne suivant, après que l’un des cadres d’Occident a fait sauter à la bombe une librairie maoïste et que des militants ont effectué des « descentes » sur des lycées, que le groupe est à son tour interdit. Un peu tard, ses dirigeants conviennent qu’il serait beaucoup plus constructif de réaliser des actions violentes de telle manière qu’elles soient attribuées aux mouvements d’extrême gauche [7].

L’extrême droite subversive a été aussi surprise que les services de l’État par le surgissement de la crise. Les uns et les autres furent aussi désemparés face au phénomène gauchiste, amplement occulté jusque là par la « menace communiste ». Le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, en déduit a) que la France a été déstabilisée par un complot international mûrement réfléchi, ourdi par Cuba et la Tricontinentale pour le compte de l’URSS et du Nord-Vietnam ; b) que les relais révolutionnaires de ces régimes doivent être détruits coûte que coûte [8]. Malgré l’opposition farouche entre communistes « orthodoxes » et gauchistes, la lutte contre les seconds se voit ainsi intégrée au cadre conflictuel global de la Guerre froide. Par ailleurs, les liens tissés lors de la « grande peur » de Mai entre extrémistes de droite et droites parlementaires, l’amnistie de juin 1968, le départ du général de Gaulle en 1969, soldent le passif des années 1944-1967. Ce sont les relations internationales et la détermination des gauchistes qui soucient les services de sécurité plus que leurs effectifs, particulièrement parmi les étudiants parisiens où les Renseignements Généraux (RG) estiment à l’automne 1968 qu’il y aurait environ 600 trotskystes lambertistes et 5000 maoïstes, tandis que la tendance trotskyste frankiste est nationalement évaluée à 4 000 militants et sympathisants [9].

L’agitation gauchiste ne soucie pas seulement les secteurs répressifs de l’État. En avril 1970, 70 % des sondés estiment que la France est trop agitée ; 48 % sont favorables à des mesures d’ordre ; 62 % réclament des mesures de clémence à l’égard de petits commerçants, qui se sont alors livrés à des violences au sein de manifestations, tandis que 65 % requièrent davantage de sévérité à l’encontre des étudiants violents (Thomas 1972, p. 378-380). En somme, il existe bien une réalité spécifique du gauchisme français engendrant une demande politique insatisfaite d’antigauchisme. C’est donc un nouvel écosystème politique qui s’échafaude où la dynamique subversive d’extrême droite, demeurant toujours déconnectée de toute masse sociale, peut rencontrer la demande conservatrice de l’État, en quête de modalités anti-subversives et appuyée sur une demande sociale autoritaire.

Une stratégie entre subversion et hétéronomie(1969-1972) 

L’après-Mai est empli de projets d’unification de l’extrême droite. Occident dissout s’est subdivisé en une kyrielle de groupuscules localisés, qui ont vocation à se rassembler dans une seconde phase, afin de contourner l’obstacle de la reconstitution de ligue dissoute. Alain Robert mène la principale base, le Groupe Union Droit (bientôt Groupe Union Défense / GUD), tandis que les «plumes» d’Occident (Philippe Asselin, François Duprat, Xavier Raufer entre autres) ont lancé L’Élite européenne. Ces structures participent aux nombreuses tables rondes qui cherchent en vain à mettre en place une architecture unitaire des nationaux et nationalistes (Lebourg 2009). La violence face aux gauchistes devient donc une voie pour pallier les difficultés endogènes à ce milieu. Selon les RG, les chefs respectifs du GUD et de L’Élite européenne se mettent d’accord pour lancer seuls un Centre de Rassemblement National. Pour le promouvoir ils veulent lancer des attaques contre des drogués, des cinémas pornographiques, des facultés de gauche, tout en laissant des lycéens sans casier judiciaire se faire arrêter afin que le mouvement bénéficie de martyrs [10].

Contrairement à ce que pensent les fonctionnaires de police, Alain Robert ne se limite pourtant plus à l’activisme. Il a entamé une réelle autocritique et s’est rendu à la nécessité stratégique antérieurement plaidée par Dominique Venner, sans adopter ses vues racialistes et antichrétiennes. Le mouvement unitaire est finalement lancé en décembre 1969 sous le nom d’Ordre Nouveau. La veille du meeting fondateur, une bombe fait exploser la salle louée. Jean-François Galvaire, le porte-parole d’ON, déclare qu’« il n’y a plus, à partir de ce jour, un seul militant gauchiste en sécurité ». Selon Jean-Marie le Pen, ce lancement d’ON est en fait construit sur une stratégie provocatrice : « cette bombe avait été posée par les amis de Galvaire : c’était donc une provocation, une espèce d’auto-attentat » [11]. Il s’agit d’une version plausible, et en tous cas révélatrice de l’auto-représentation de l’extrême droite quant à son usage de la violence.

ON a un besoin vital d’être l’opposant premier des gauchistes, car il est à la fois le plus important groupe fasciste de l’après-guerre et le plus «néosquadriste». Le journal Pour un Ordre nouveau fait d’ailleurs montre d’un culot certain en usant régulièrement pour slogan de l’injonction «Exigeons la dissolution des bandes armées gauchistes ! », la formule faisant clairement référence aux décrets de 1936 pris contre les formations activistes d’extrême droite. À ses amis politiques, Duprat rappelle comment le fascisme italien trouva sa dynamique dans l’agitation bolchevique frappant l’Italie de 1919. Puis, considérant que le Parti Communiste Français (PCF) a intégré le système bourgeois, il se félicite : « heureusement pour le Nationalisme, le gauchisme, du fait des excès de sa variété anarcho-maoïste, est en train d’acquérir une telle image, [dans tout l’occident, il] est le meilleur fourrier du «Rightbacklash» (coup de fouet en retour de droite) ». Le tableau qu’il dresse explique comment les néofascistes peuvent jouer à la fois de la stratégie réactionnaire et de la dynamique révolutionnaire à leur propre avantage :

Le gauchisme a été un don du ciel pour le néo-fascisme, il a même été une des causes profondes de son apparition… L’incapacité des pouvoirs établis à rétablir l’ordre mit en évidence le fait qu’il était nécessaire de lutter contre les gauchistes par d’autres moyens que les CRS, les « Celere », les Gardes Nationaux et autres Kidotaï (France, Italie, USA, Japon)… Il est donc devenu possible de montrer qu’entre l’Ordre Bourgeois et l’Anarchie Gauchiste, un ordre nouveau peut être édifié. [Cependant] Ordre Nouveau ne doit pas se laisser enfermer dans une «guérilla urbaine» sans issue contre ses adversaires gauchistes. La lutte militante doit toujours se placer dans une perspective politique mûrement réfléchie et être susceptible d’une exploitation de propagande. Nous ne devons être à aucun prix ni les « casseurs de droite» ni «les CRS du régime ». Nous devons donner de véritables perspectives révolutionnaires aux militants nationalistes… Les Nationalistes ne défendent pas l’ordre ancien dans la rue, ils se battent, dans la rue, pour édifier l’Ordre Nouveau (Duprat 1970, p. 27-71et 104).

Ainsi, la résurgence du néofascisme se situe-t-elle à la rencontre des pulsions autoritaires et des poussées gauchistes, en un noeud gordien. Il faut tout à la fois exciter l’opposition gauchiste à ON et exciter le désir d’ordre que provoque la violence gauchiste. Il importe d’agir de façon subversive pour provoquer une tension, et proposer à ceux qu’elle inquiète une opération contre-subversive. Ce qui se met en place est le couplage d’ON, fer de lance activiste se présentant comme « nationaliste-révolutionnaire », d’un parti réactionnaire (ON fonde le Front National (FN) en 1972), et d’une entente contre-subversive avec l’État. Pour séduire, ON s’adonne à la violence anti-gauchiste, tant pour capter le capital militant de son champ que pour exciter la demande antimarxiste (qu’il s’agit ensuite de rabattre électoralement sur son FN), voire afin de donner une bonne raison aux pouvoirs publics de ne pas le dissoudre ipso facto, au nom précisément des décrets de 1936 qu’ON viole quotidiennement. Entre le 2 janvier 1971 et le 12 mai 1973 l’organisation a été impliquée dans 82 actes de violence publique [12]. La constitution d’un parti comptant des notables est donc absolument complémentaire de celle d’une avant-garde révolutionnaire.

Comme les gauchistes recherchent également en permanence le conflit physique avec les néofascistes, il existe un cycle de production de la conflictualité. Au sein du Bureau Politique secret d’ON, Duprat est en charge de la section I significativement nommée « Lutte contre l’État et le marxisme » [13]. Cet amalgame se retrouve du côté de la LC qui, sous la responsabilité de Michel Recanati, dit « Ludovic », a mis en place en 1970 sa « Commission Très Spéciale », la « Commission Technique » qui se charge aussi bien d’écouter la police que de surveiller les cadres d’ON ou d’organiser les combats de rue. Pas plus que pour ON, il ne s’agit pourtant pour les trotskystes d’attenter à la sûreté de l’État. La LC dispose de l’enseignement de Trotsky, lui inculquant que la révolution est « l’intervention directe des masses dans les événements historiques » (Trotsky 1933, p. 7). Il ne s’agit donc pas de se substituer aux masses populaires mais de préparer le « 1917 » qui suivra le « 1905 » qu’eût été Mai 68.

Chacun procède en se légitimant comme unique force réellement « révolutionnaire » et dénonce en l’autre les « bandes armées du Capital ». Pour ON, la désignation de l’origine juive de nombreux cadres gauchistes lui permet de fustiger en ceux-ci les agents d’un « sionisme international » associant marxisme et capitalisme. Plus que d’être des marxistes il leur est reproché d’être des cosmopolites partisans du déracinement du peuple français, i.e. peu ou prou ce que sous Weimar les nationalistes reprochaient au Kulturbolschevismus auquel Hitler avait attribué une causalité raciale (ON 1972, p. 7-66). Le dessein d’ON n’est pas de servir de milice parallèle à la réaction. Le souhait des nationalistes, dans l’espace restreint qui est le leur (dissolutions de Jeune Nation en 1958, du Parti Nationaliste en 1959, etc.) est de conduire une action politique servant leur utopie. Leur engagement physique et moral n’est pas celui de mercenaires. Le degré de violence atteint dans les faits par l’activisme d’ON exclut que l’on puisse l’attribuer à des néo-fascistes brutaux sans sens politique. Enfreindre collectivement et publiquement la loi durant trois années ne peut se faire que si se détourne le regard d’un État détenteur du monopole de la violence physique légitime sur son territoire, que si cette brutalité correspond à une demande sociale.

Ce jeu d’équilibriste apparaît crûment lors du meeting du Palais des Sports du 9 mars 1971. ON a battu le rappel de tous les militants d’extrême droite pour ce qui doit être le grand événement de sa campagne pour les élections municipales. Le climat entre jeunes extrémistes est à la vendetta : le 8 mars Robert Allo, militant d’ON, a été repéré dans la rue par des gauchistes. Il est matraqué avec une telle violence qu’il sombre dans le coma et doit subir une trépanation. Au matin du 9 mars, devant journalistes et policiers, les membres du service d’ordre nationaliste déchargent de plusieurs camionnettes des centaines de barres de fer, des casques et des boucliers. Le soir venu, ce SO s’est constitué en équipes casquées, munis de boucliers et, selon les cas, de barres de fer de deux mètres cinquante (rôle de lanciers), d’un mètre cinquante (rôle de voltigeurs, ce format permet un maniement pratique à deux mains), de 90 centimètres (rôle d’hommes de troupes). La Ligue Communiste représente l’essentiel du groupe assaillant, flanquée de l’appui de groupes maoïstes tels que Vive la Révolution. L’extrême gauche use de méthodes radicales : attaque frontale des forces de police à la barre de fer et aux hampes de drapeaux, groupes d’éclaireurs en mobylettes afin de se tenir informés de leurs mouvements, harcèlement aux cocktails Molotov afin de les fixer, lancers de bonbonnes d’acide depuis les toits, etc. Les forces de l’ordre laissent se produire les affrontements puis chargent les gauchistes. Dans les jours suivants, la presse anti-ON publie des photographies montrant très distinctement que policiers et militants sont intervenus souvent mêlés. Le Canard enchainé révèle que le service d’ordre nationaliste a été cette nuit là en liaison permanente avec des officiers des RG, l’un d’entre eux y participant [14].

Pour la majorité des media cependant, du Figaro à L’Humanité, ce qui s’est passé est d’abord dû aux gauchistes dont la violence aurait démontré qu’ils n’étaient eux-mêmes que des « fascistes de gauche ». Aussi la presse, globalement, réclame-t-elle la dissolution tant de la LC que d’ON. Une descente de police au siège d’ON est ordonnée. Les barres de fer avaient été fournies par un agent des Renseignements Généraux de la Préfecture de Police (RGPP) : c’est sous leur protection qu’elles furent rapatriées. Le même service prévient donc la direction du mouvement de l’imminente perquisition. Mais, lorsque celle-ci survient, les militants se sont endormis ; il y a là une tonne de barres de fer. Le ministre de l’Intérieur déclare qu’il pourrait sévir et user des décrets de 1936 portant dissolution de milices armées [15].

La direction d’ON est ainsi placée face à l’ambivalence de sa situation. Alain Robert et François Duprat dirigent de facto le groupe en se contentant de consulter l’ex-milicien François Brigneau et Gabriel Jeantet pour des décisions importantes. La présence de ce dernier n’est pas anodine. Ancien membre de la Cagoule, membre du cabinet du Maréchal Pétain, puis résistant, il s’était dégagé de la politique partisane. Il a été amené au mouvement par Duprat, et, en tant qu’intime du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, il peut être vu comme la caution discrète du pouvoir à l’établissement d’un groupe amené à jouer la carte de l’activisme [16]. Cependant, à l’été 1971, Brigneau et Jeantet démissionnent de la direction du mouvement pour protester contre la stratégie de la violence, estimant celle-ci inapte à la construction d’un réel parti. Alain Robert en personne, avant de partir sous les drapeaux, intervient pour soutenir la frange modérée. Il estime que les pouvoirs publics tentent de pousser ON à la violence pour avoir ainsi un prétexte pour le dissoudre. Il exige que tous agissent dans la légalité [17].

La création du Front National décidée au congrès de 1972 doit permettre de pérenniser l’action politique. Dans l’ouvrage publié alors, le mouvement tient à préciser qu’il est hors de question pour lui de suivre la voie italienne de la stratégie de la tension. Rappelant que les groupes d’extrême droite furent victimes de multiples dissolutions tout en étant utilisés par les pouvoirs publics lors du conflit algérien et en Mai 68, il proclame : « nous ne voulons pas être manoeuvrés de cette façon, nous ne sommes pas «récupérables » par le système ». Néanmoins, le livre n’hésite pas à arborer sur sa dernière page des photographies d’actes de vandalisme sous-titrées « 27 mai : nettoyage de printemps effectué dans la porcherie gauchiste Censier par des militants du GIN » (ON 1972, p. 30-31 & p. 320). Il s’agit, effectivement, de la première apparition du Groupe d’Intervention Nationaliste, le transparent masque activiste d’ON. La Sûreté Militaire sous-traite quelques attentats anti-antimilitaristes au GIN. Au sein du commando, se trouve le même officier des RG qui était déjà le responsable du groupe ayant des armes à feu au sein du service d’ordre de mars 1971. Le GIN obtient ainsi des explosifs militaires et, peu sectaire, oeuvre également avec les RGPP et le Service d’Action Civique [18]. Pour la Police Judiciaire, le commando est basé sur « une cinquantaine de jeunes gens bien entraînés » dirigé par l’un des tenants de la ligne… modérée [19].

Néanmoins, malgré ces efforts et tentatives d’organisation d’une action politique et activiste tout à la fois, l’hétéronomie manifeste qui pèse sur le mouvement scelle son sort de par des considérations amplement exogènes. Car la révolution est l’affaire de professionnels, comme l’avait spécifié Lénine et comme les nationalistes depuis 1962 n’avaient cessé de s’imprégner de cette idée. Mais, tout à cette conversion, ils omettent que le maintien de l’ordre et la répression sont aussi une affaire de professionnels. L’État français n’est pas l’italien, transbordé par les terrorismes rouge et brut comme par l’autonomie de ses composantes : il jouit de remarquables capacités de stabilisation.

Tactique subversive et stratégie autoritaire : les dissolutions de 1973

Trois évènements relatifs à la LC convergent en avril 1973. Primo, la Ligue téléguide un puissant mouvement étudiant et lycéen qui s’oppose à la volonté du gouvernement de mettre fin aux sursis militaires au-delà de 21 ans pour cause d’études. Des défilés emplissent les rues partout en France, plus de trois cent mille jeunes manifestent à Paris le 2 avril. L’opposition se dessine entre la jeunesse et l’armée. Secundo, la PJ. remet au ministre de l’Intérieur un dossier de 23 pages sur le danger que représente le parti. Les fonctionnaires conseillent à leur ministre de dissoudre le mouvement avant que la LC ne passe une nouvelle étape dans le développement de sa violence (Charpier 2002, p. 263). Tertio, la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) remet dans le même temps d’autres documents. Pour les services de renseignement, le Secrétariat Unifié de la IVe Internationale, où les Français représentent six des vingt membres, aurait opté pour la guérilla.

Après avoir choisi cette voie en Amérique latine, les trotskystes estimeraient désormais que les Tupamaros et le mouvement argentin Ejército Revolucionario del Pueblo doivent servir de modèles à la LC en France. Depuis 1969, la Ligue aurait déjà développé ses liens avec le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine, pris la direction opérationnelle de l’ERP, aidé au financement des révolutionnaires boliviens, établi des contacts avec l’Irish Republican Army. Après avoir égrené ces éléments, le dossier de la DST certifie que ce 4 avril 1973, quatre membres de l’ETA (Euskadi ta Askatasuna), la formation terroriste basque, ont été arrêtés en possession de 45 passeports volés, d’armes à feu, de munitions, d’explosifs, et de documents qui prouveraient qu’un projet de fusion de la LC et de l’ETA est à l’oeuvre [20].

Certes, la DST mésestime grandement le travail politique contre la ligne guérilleriste que mènent les modérés au sein de la LC, et il semble possible qu’il existe quelque confusion dû au fractionnisme complexe de l’ETA. En effet, l’ETA V mène conjointement la lutte armée et un combat politique dit de « front national », tandis que l’ETA VI a renoncé à la lutte armée depuis 1971, puis a fusionné avec la Ligue Communiste Révolutionnaire espagnole, section espagnole de la IVe Internationale, en 1972. De même, la déstabilisation de l’État par des troubles n’aurait pas dû rationnellement être amalgamée avec une lutte ouverte contre celui-ci passant par des attentats homicides. « La Ligue n’a jamais eu le fantasme ou la velléité d’être les Tupamaros en France, déclare son ancien cadre Henri Weber, ni même de mener quelque forme que ce soit de lutte armée en France » [21]. Néanmoins, dans le cadre de l’analyse faite du gauchisme par Marcellin, il paraît d’évidence que le jeu du chat et de la souris entre l’État et les révolutionnaires trouve son point d’achèvement.

ON est le pion à sacrifier sans état d’âme. Or, suite à ses déconvenues politiques et électorales dans le cadre des débuts du FN, ON a prévu un meeting parisien le soir du 21 juin 1973. Le thème est choisi pour provoquer les gauchistes : « Halte à l’immigration sauvage ! ». Le 21 juin, le cortège gauchiste aligne deux mille membres dont un millier est casqué et armé de matraques. Les jours précédents, les militants d’ON étaient peut-être impatients, en tous cas mal-tenus : certains se sont promenés avec matraques et barres de fer dans le Quartier latin, provoquant des rixes. Mais, en fait, ce soir, les 200 membres du SO d’ON n’affrontent pas la vague rouge, seules les forces de police sont au contact. Privée de communication radios, la police est désorganisée, enfoncée à diverses reprises, soumise à une pluie de centaines de cocktails Molotov. Deux camions de Police Secours ont été pris d’assaut et incendiés, cinq cars de police ont été endommagés par les assaillants ; 76 policiers sont blessés, dont 16 sont hospitalisés dans un état grave, 9 sérieusement brûlées, un dans un état préoccupant… La Mutualité se vide : le SO d’ON est accompagné jusqu’à son siège par les forces de l’ordre. La procession se fait avec quelques échauffourées, traversant un Quartier latin quadrillé tant par les CRS que par les gauchistes [22].

Avec candeur, les extrémistes ne se sont pas attendus à la répression. Certes, lorsque le siège d’ON est perquisitionné, il n’y a que 41 barres de fer et 31 perches de bambou effilées qui y sont trouvées, mais la fouille du siège de la LC y dévoile « deux fusils de guerre avec des munitions, des revolvers et des pistolets d’alarme avec leurs munitions, 20 cocktails Molotov ; une centaine de matraques et une centaine de casques » selon le rapport de Marcellin à Pompidou. 40 personnes ont été interpellées durant les événements ; 18 gauchistes et 6 nationalistes sont inculpés, 2 gauchistes et 5 nationalistes sont condamnés. Marcellin intime l’ordre au Directeur de la Réglementation de préparer les dissolutions, avec une consigne de silence absolue. Il réunit le Préfet de Police, le Directeur de la Police Judiciaire à la Préfecture de Police, celui des RGPP, le Directeur de la Réglementation, le Directeur Central de la Sûreté Publique, le Directeur Central de la PJ, le Directeur Central des RG, et le Directeur de la Sûreté Nationale. Le ministre leur spécifie qu’en ce qui concerne l’action judiciaire « la responsabilité de la Ligue Communiste dans la manifestation du 21 juin 1973 devra être établie de façon absolue ». Le DCPJ reçoit l’ordre d’établir pour le lendemain un dossier « concernant la Ligue Communiste et tendant à établir sa responsabilité dans l’organisation de la manifestation violente » et qui démontrera qu’elle est une reconstitution de ligue dissoute (la Jeunesse Communiste Révolutionnaire dissoute en 1968) afin de pouvoir permettre des poursuites devant la Cour de Sûreté de l’État. Durant tous ses échanges, Marcellin scande une antienne : il veut voir Alain Krivine derrière des barreaux. ON est totalement absent des préoccupations de ces liasses de documents [23].

Au conseil des ministres suivant, le ministre de l’Intérieur préconise la sévérité de la Cour de Sûreté de l’État, des poursuites judiciaires systématiques contre les éléments subversifs et la création d’un organisme spécialisé dans la lutte anti-subversive. S’il n’évoque quasiment pas ON, il exige de voir Alain Krivine condamné à de la prison ferme. « S’il en était autrement, une escalade de la violence serait à redouter » menace-t-il, prétendant qu’un esprit de vengeance anime la police devant l’entraîner à faire usage de ses armes à feu contre les prochains émeutiers. Enfin, il souligne qu’il vient d’ordonner que les CRS soient équipés de grenades offensives pour mater les
émeutes…[24] Le décret de dissolution est signé par le Président de la République.

Ces archives attestent de nombreux éléments. L’hypothèse, massivement soulevée par les observateurs, d’une manipulation d’ON est confirmée. Néanmoins, la LC n’est pas « victime » d’une « provocation policière ». Elle a théorisé une stratégie pro-guérilla qu’elle a fait le choix de mettre en pratique. Elle la considère assez pertinente pour persévérer malgré cet échec, soutenant la ligne guérilleriste lors du Xe Congrès de la IVe Internationale en 1974. Elle n’a pas anticipé les réactions de l’appareil d’État. C’est bien de ce dernier dont il est question et non de « la police », celle-ci, en ayant aligné ses blessés sans recours à un usage immodéré de la force en retour, ayant fait montre d’une attitude pondérée. ON a pour sa part fait preuve d’amateurisme. L’important travail d’édification structurelle entrepris est ruiné par l’incapacité à dépasser le cadre de la tactique pour passer à celui de la stratégie. À demeurer sur le secteur de l’anti-subversion, ON a somme toute connu une fin logique : l’État est plus apte à dissoudre les « bandes armées gauchistes » qu’une cohorte d’étudiants néofascistes. Si sa dissolution n’a pas l’heur d’être motivée par sa potentielle atteinte à la sûreté de l’État, et n’est qu’un habillage destiné à réprimer la LC, c’est que la répression de celle-ci ne saurait se faire aisément. Toute la gauche, PCF inclus, se mobilise pour défendre la LC et dénoncer le piège dans lequel elle serait tombée. L’extrême droite demeure dans un manque de professionnalisme certain.

ON ne parvient pas à réaliser un mouvement de soutien autour de lui. Alain Robert ne décide pas comme Alain Krivine de se faire arrêter, mais se cache en un endroit repéré par les services de renseignement. Lorsque quatre des cadres de l’ex-ON lui suggèrent, lors d’une réunion, de faire s’encarter les militants au FN, il récuse cette option rationnelle « avec véhémence ». L’ex-ON voit ainsi ses membres s’égayer dans la nature, la plupart en partance vers le Front, d’autres vers le GUD qui n’a pas été dissout, pas plus qu’aucune autre structure périphérique. Le repli n’est nullement organisé sur ces bases que l’État a laissé au mouvement, les cadres étant livrés à l’amertume d’enfin comprendre qu’ils furent manipulés, les militants restant dans l’indécision [25]. Si cela a des conséquences politiques en matière organisationnelle, cette absence d’ordre influe également sur la question de la violence.

Conclusion

ON a eu, à son corps peut-être défendant, une fonction stabilisatrice. En effet, sa violence était canalisée, balisée. Or, les attentats alors perpétrés en France étaient de faible intensité, relevant plus du vandalisme envers les biens que de l’attaque envers les vies. Après une croissance post-68 (136 attentats en 1968, 271 en 1970, dont 42 % d’extrême gauche et 11% d’extrême droite), la phase suivante est celle de la décrue avec 269 attentats en trois ans, dont encore 42 d’extrême gauche mais avec un écroulement de l’extrême droite qui représente 13 % du total et voit même son nombre d’actions passer de 15 en 1971 à 6 en 1972 (Sommier 2008, p. 95-96). L’existence d’une organisation activiste dont les exactions reçoivent un fort relais médiatique a pu servir de catalyseur aux frustrations. En outre, après 1973, les attentats changent de nature. Moins symboliques, plus spectaculaires, ils tendent plus à viser les personnes. Sans débouché politique, sans théâtralisation jouant l’affrontement final entre « fascistes » et « bolcheviques », durant cette phase de durcissement culturel du « Syndrome de Vichy » (Rousso, 1990), les forces centrifuges se libèrent, les militants se muent en soldats perdus. Dans les faits, la LC et ON n’ont pas atteint à la sûreté de l’État par leurs affrontements : organisant la dissidence, la canalisant, ils ont assuré sa stabilisation. Mai 68 s’achève, l’utopie rouge ou brune est en déliquescence, nombre de cadres révolutionnaires s’engagent vers de nouveaux débouchés, qui pour s’embourgeoiser dans la vie politique ordinaire, qui pour plonger dans l’underground, voire le gangstérisme.

En cette sortie de l’ère industrielle, il n’est ici plus question de prise collective du pouvoir mais d’agitation urbaine de factions. L’âge des masses cède le pas à celui des marges et si culturellement ces dernières se réfèrent encore aux idéologies de la société industrielle que sont communisme et fascisme, l’analyse de leurs discours et pratiques dévoile davantage alliages et hybridations hétéroclites (Lebourg 2010). Symptomatiquement, leur violence « révolutionnaire » n’est pas dirigée contre l’État mais demeure au sein de la société, prenant acte de l’épuisement du premier à forger l’ordre social. La structuration quasi-liquide de l’extrême droite française épouse relativement bien la forme générale de cette postmodernité. Sa subversion va moins s’y exercer dans le cadre de l’action violente qu’à l’encontre des fondamentaux culturels, tel que l’humanisme égalitaire.

De la Guerre d’Algérie à l’achèvement de 68, la violence « révolutionnaire » n’a certes guère servi qu’à l’affermissement du régime politique en place, mais elle a aussi participé à la modernisation des secteurs subversifs par élimination des formes de combat politique les plus inadaptées à la société postindustrielle. La singulière incapacité de l’extrême droite française à l’action révolutionnaire (1934, 1958, 1962, 1968, 1973) a ainsi paradoxalement contribué à forger cette forme de rhizome travaillant à l’imprégnation culturelle de la société.

Bibliographie

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Notes

1. Direction Générale de la Sûreté Nationale, Partis et groupements politiques d’extrême droite. Tome I Identification et organisation des mouvements et associations, daté janvier 1956, p. 4, AN F7/15591.
2. Renseignements Généraux, Le Complot contre la Ve République, 9 décembre 1960, p.3, ANF7/15646.
3. Direction des Renseignements Généraux, La Rébellion en Métropole, s.d., p. 2 ANF7/15646.
4. Délégation Générale en Métropole OAS / METRO /ORO, Note de service, 2 p., ANF7/15646.
5. Renseignements Généraux de la Préfecture de Police, Le Mouvement Occident (1), 29 novembre 1968, p. 3, APP/GA04
6. RGPP, 18 avril 1968, APP/GA04.
7. DCRG, Occident persévère, Bulletin mensuel confidentiel Documentation-Orientation, janvier 1969, n° 146, p. 2, ANF7/15585 ; J. Algazy (1989), p. 58.
8. Marcellin développe son point de vue à l’Assemblée Nationale (Le Monde, 16 novembre 1968). Si la thèse du complot est défendue par de Gaulle lors de son allocution du 30 mai, le Président est
plus explicite en privé, déclarant à Jacques Foccart que « tout cela est guidé depuis la Chine et, manifestement, l’Allemagne. Il y a un certain temps que je m’en aperçois. D’ailleurs, il y a un revirement chez les Chinois qui est tout à fait typique » (J. Foccart (1998), p.133).
9. RGPP, Les mouvements révolutionnaires : genèse et situation actuelle, octobre 1968, p. 55-63, CAC19860581/39.
10. RGPP, note du 21 octobre 1969, 5 p., APP /GA04.
11 Entretien de J-M. Le Pen, avec J. Beauregard J. et N. Lebourg, Nanterre, 5 novembre 2010.
12. Cabinet du ministre de l’Intérieur, tableau récapitulatif des violences commises par ON ou ON étant impliqué, du 2 janvier 1971 au 12 mai 1973, 10 p., CAC19860581/39.
13. DCRG, Activité d’Ordre Nouveau, Informations hebdomadaires, 25 septembre 1971, p.1, ANF7/15574.
14. DCRG, La Tactique gauchiste des combats de rue s’élabore, Informations hebdomadaires, 2 avril 1971, 2p., ANF7/15573 ; F. Charpier (2002), p.262 ; F. Duprat (1972), p.183 ; Politique-Hebdo, 18 mars 1971 ; Devenir, été 2003.
15. Le Monde, 26 mars 1971 ; Droit et Liberté, avril 1971 ; idem, 17 avril 1971 ; S. Ferrand et G. Lecavelier (1982), p.85 ; F. Charpier (2005), p.225.
16. Entretien de J. Picollec avec J. Beauregard et N. Lebourg, Paris, 23 juillet 2007 ;F. Chatillon, T. Lagane et J. Marchal (1995), p. 49-51 ; F. Charpier (2005), p. 221.
17. DCRG, Ordre Nouveau, Bulletin mensuel confidentiel Documentation-Orientation, mars 1971, p. 4-5, ANF7/15586 ; idem, Les Soucis d’Ordre Nouveau, Informations hebdomadaires, 19 juin 1971, 2 p., ANF7/15573 ; RGPP, note du 16 juin 1971, 2 p., CAC19860581/39.
18. Le Canard enchaîné, 15 novembre 1972 ; G. Pons (1977), p. 225-230.
19. DGPN, DCPJ, Sous-direction des affaires criminelles DCPJ/6, De la dissolution d’Ordre Nouveau à la Création du Part des
Forces Nouvelles, BDIC/F°Rés. 8 150/1.
20 Le Préfet, directeur de la DST, au Directeur Général de la Police Nationale, Étude
concernant l’ex-Ligue Communiste, 8 p., 10 juillet 1973, CAC19860581/39.
21 Entretien d’H.Weber avec J. Beauregard et N. Lebourg, Paris, 8 novembre 2010 ; H. Weber (2007) souligne la fonction stabilisatrice de l’activisme trotskyste : « En Italie, en Allemagne, au Japon, les organisations maoïstes et / ou anarchistes dominaient le mouvement gauchiste. En France, en Grande-Bretagne, ce sont au contraire les petits partis trotskystes qui tenaient le haut du pavé… Or sur la question du recours à la lutte armée, les trotskystes appliquaient à la lettre la formule de Lénine : « Les révolutionnaires
doivent armer les masses du désir de s’armer, ils ne doivent en aucun cas substituer leur propre violence minoritaire à la violence absente des masses ». La Ligue communiste, en particulier, n’a cessé de réfuter la théorie du « nouveau fascisme » et de la «nouvelle Résistance» qu’il fallait lui opposer. Sa dé légitimation de l’action armée était d’autant plus efficace [que son] service d’ordre affrontait efficacement l’extrême droite et la police. Ses commandos multipliaient les « actions exemplaires » ».
22. DCRG, Faits et évènements survenus sur le plan politique, Bulletin quotidien, 22 juin 1973, p. 3, ANF7/15572 ; le ministre de l’Intérieur, Rapport à Monsieur le Président de la République, 5 p., CAC19860581/39 ; G. Filoche (2007), p. 244-246 ; H. Hamon et P. Rotman (1988), p.493-496 ; F. Charpier (2002), p. 263-266.
23. Le ministre de l’Intérieur, Rapport à Monsieur le Président de la République, p. 2 ; note manuscrite du Directeur de la Réglementation, 23 juin 1973 ; DGPN, Relevé des décisions prises lors de la réunion de liaison du 25 juin 1973, 3 p. ; Secret : Relevé de décisions de la réunion de liaison tenue sous la présidence de M. le ministre le 23 janvier 1973 à 11h, 4 p. (CAC19860581/39).
24. Le ministre de l’Intérieur, Communication lue au conseil des ministres, 22p., CAC19860581/39.
25. Dossier adressé par le DCRG au Directeur de la Réglementation et au DGPN, 3 août 1973, CAC19860581/39.

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