Paul Durand : « Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche »
Notes de lecture de Jean-Yves Camus
Aussi régulièrement que possible, il sera rendu compte dans cette rubrique des nouvelles parutions ayant trait à l’histoire et à l’actualité des droites extrêmes et radicales. Seront recensés à la fois les livres de et sur « la mouvance ».
Paul Durand : Guide dissident de l’Allemagne et de l’Autriche. Editions Facta, Paris. 327. p (photos). 26 euros Parution : mai 2014.
Militant de la mouvance néo-nationale-socialiste française des années 1980, contributeur de la revue Défense de l’Occident, Paul Durand signe un premier livre à la fois engagé, étonnant et à bien des égards, unique. Le principe est celui d’un guide de voyage qui inventorie, dans diverses régions de deux pays naguère réunis sous le IIIè Reich, les sites où le touriste (entre autres…) peut voir des vestiges de l’histoire du NSDAP puis du régime nazi, souvent réduits au strict minimum du fait des destructions commises pendant le conflit mondial puis de l’effacement volontaire de nombreux sites et symboles par les puissances d’occupation et les Etats successeurs du Reich.
L’auteur ne dissimule pas son intérêt pour cette « Allemagne ensevelie sous les ruines du politiquement correct et de la perte de mémoire voulue par les vainqueurs ». Son sujet n’est donc ni les lieux emblématiques de la résistance au nazisme ni les camps de concentration, ni les « lieux de mémoire » : il s’est au contraire lancé sur la trace des endroits reliés à la marche du parti nazi vers le pouvoir et de ceux qui ont marqué l’histoire du régime, avec une prédilection particulière pour la mise en valeur des réalisations architecturales et culturelles du Reich ( très intéressantes notices sur les « things » ou théâtres en plein air »).
De nombreuses notices sont consacrées aux tombes des militants historiques du NSDAP, en particulier figurant sur la « liste d’honneur » des tués avant 1933, par leurs adversaires politiques ou la répression étatique. D’autres ont trait aux camps d’internement ouverts après 1945 pour les personnes suspectées d’appartenance au NSDAP ou de soutien ou régime disparu. Sont évoqués aussi les musées consacrés aux populations ethniquement allemandes déplacées et qui conservent leurs traditions et leur culture pluriséculaires.
On lira aussi plusieurs notices qui évoquent les mouvements völkisch et la Révolution conservatrice (mais il ne s’agit que de préoccupations secondaires de l’auteur) et d’autres qui rappellent des traditions populaires qui véhiculent le mythe chrétien du crime rituel juif. On l’aura compris, le contenu de cet ouvrage à la très riche iconographie n’est pas celui des guides touristiques dominant le marché mais il est écrit avec une acribie telle (et souvent un humour codé) qu’il mérite d’être lu. On signalera les inexactitudes de l’index, qui renvoie parfois à des pages qui ne correspondent pas au nom de personne ou de lieu recherché.
Il est inutile de préciser que si le contenu du livre n’est pas justiciable de poursuites au titre des lois mémorielles françaises, il n’en est pas moins rédigé par quelqu’un qui a eu un engagement politique poussé et qui livre d’ailleurs, éparpillées au fil des pages, des indications inédites sur des militants néo-nationaux-socialistes allemands des années 80, dont certains connaissaient bien leurs homologues français.