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La Nouvelle Droite et le nazisme. Retour sur un débat historiographique

Première parution : Stéphane François, « La Nouvelle Droite et le nazisme. Retour sur un débat historiographique », Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, vol. 46, n°2, 2017, pp. 93-115.

Pionnière du combat identitaire en France, qu’elle a contribué à théoriser, mais aussi à diffuser (un nombre non négligeable de cadres identitaires actuels en sont issus), la Nouvelle droite fut accusée, à la fin des années 1970, d’être une machine à recycler les thèses nazies, voire d’être une expression savante du néonazisme. En effet, la question des rapports, ou liens, supposés entre la Nouvelle Droite et le nazisme et son avatar, le néonazisme, est un thème qui réapparaît de manière récurrente chez ceux qui analysent la Nouvelle Droite. Celui-ci revient régulièrement depuis les années 1970, à la fois parmi ses observateurs, universitaires ou militants antifascistes, et parmi les membres d’autres tendances de l’extrême droite. Nous proposons donc de revenir sur ce débat.

Les premiers à s’être penché scientifiquement sur cette question furent les historiens Alain Schnapp et Jesper Svenbro en 1980 dans un article intitulé « Du nazisme à Nouvelle École : repère sur la prétendue Nouvelle Droite »[1]. Il fut suivi en 1981 par l’article de Pierre-André Taguieff, « L’héritage nazi. Des nouvelles droites européennes à la littérature niant le génocide »[2], puis par une toute une série de textes militants dont il serait fastidieux de faire l’inventaire dans le présent article. Cependant, nous devons préciser que cette interrogation, bien qu’elle fût intéressante, n’attira que peu de chercheurs. Mais surtout, les avis étaient partagés. Ainsi, Pierre Milza affirmait l’existence de ce lien en 1985 dans son essai sur Les Fascismes[3], un point de vue partagé par Anne-Marie Duranton-Crabol dans l’ouvrage tiré de sa thèse, Visages de la Nouvelle Droite. Le GRECE et son histoire[4], mais récusé dès 1983 par Raymond Aron :

« Sur l’ensemble, sur les idées inspiratrices de la politique, Alain de Benoist rappelle irrésistiblement les fascistes ou les nationaux-socialistes (je ne l’accuse pas d’être l’un d’eux, je dis qu’il pense souvent de la même manière qu’eux) »[5].

D’ailleurs, dans un premier temps, en 1972, Raymond Aron a approuvé la démarche novatrice de la Nouvelle Droite, en particulier de Nouvelle École, avant de soupçonner le GRECE d’antisémitisme et d’émettre des doutes. Malgré tout, nous devons reconnaître que ces démonstrations sont parfois loin d’être probantes. Nous tenterons de faire le point sur ce débat.

Le GRECE, ses origines et le national-socialisme

Dès le début des années 1970, certains acteurs de l’extrême droite insistèrent eux-mêmes sur cet aspect, entérinant de facto cette idée. Ainsi, le solidariste Michel Schneider a pu parler, à propos d’un centre d’été du GRECE, d’une « formation national-socialiste » :

« Les cours magistraux portèrent sur les sujets suivants : archéo-nationalisme et nationalisme d’aujourd’hui, le réalisme biologique, l’anthropologie philosophique, Nietzsche contre Marx, les systèmes économiques actuels et l’économie organique, Société et communauté, Race et histoire de l’Europe […] En résumé, une formation nationale-socialiste de haute école destinée à former des individus d’élite […] »[6].

Cela tendrait donc à montrer une continuité, entériné par le fait que des contacts avec d’anciens nazis furent noués à cette époque. D’anciens SS allemands figurent (ou figuraient – certains ayant été enlevés au fur et à mesure des évolutions idéologiques d’Alain de Benoist) dans la liste du comité de patronage de la revue théorique de la Nouvelle Droite, Nouvelle École : notamment, Franz Altheim et Herbert Jankuhn. Le premier, un historien de renom il est vrai, fut un collaborateur de Heinrich Himmler ; le second, un archéologue, fut chargé par Himmler et Sievers, le responsable de l’Ahnenerbe Institut (« L’héritage des ancêtres »), l’institut de recherche de la SS, de faire des raids archéologiques en territoires occupés, en particulier sur le Front de l’Est. D’autres figurèrent dans ce comité de patronage : Ilse Schwidetzky et Hans Reinerth, mais surtout Hans F. K. Günther, l’une des figures importantes des milieux völkich et raciologue nordiciste officiel du Troisième Reich, qui participa à Nouvelle École jusqu’à son décès en 1969. Des liens d’amitiés furent aussi noués à titre personnel : Alain de Benoist fut l’ami de l’historienne unitarienne Sigrid Hunke, compagne de route du GRECE[7].

Hunke, si elle n’adhéra au parti national-socialiste qu’en 1937, lorsqu’il fut de nouveau possible de devenir membre du NSDAP, appartint à la direction de la Ligue des Étudiants nationaux-socialistes (Nationalsozialistischen Studentenbunde). Elle participa aussi aux activités de l’Ahnenerbe et elle publia des articles de nature raciologique et nordiciste dans sa revue Germanien. Violemment antichrétienne, païenne[8], elle se fit connaître en 1969 par la publication d’un ouvrage, Europas andere Religion : Die Überwindung der religiösen Krise[9]. Dans ce livre, elle reprit une idée forgée par la SS, lors de son conflit ouvert avec les Églises, en particulier catholique, qui faisait de celle-ci une religion sanguinaire, torturant et versant le sang des hérétiques, ces derniers devenant a contrario des défenseurs de la vraie religion de l’Europe, c’est-à-dire à la fois ethnique et païenne. Au-delà de cela, comme ses amis grécistes, elle défendait une vision différentialiste et païenne des cultures et civilisations, et voyait dans le judéo-christianisme un risque d’acculturation, et donc de destruction de particularismes et d’identités. Elle promouvait en retour une forme de pensée identitaire, insistant sur le respect des particularismes ethnico-religieux et défendant l’identité européenne[10].

Elle eut une influence non négligeable, mais discrète au sein du GRECE. L’un de ses livres, La Véritable religion de l’Europe[11], fut traduit et publié en 1985 par Le Livre Club du Labyrinthe, la maison d’édition de celui-ci. En outre, elle participa, à partir de 1986, aux activités du Thule Seminar du franco-allemand Pierre Krebs, païen militant, ex membre du GRECE, théoricien identitaire dont les idées sont proches du national-socialisme[12]. Alain de Benoist lui rendit hommage en 1999 lors de son décès dans un article intitulé « Sigrid Hunke : Elle avait retrouvé la vraie religion de l’Europe »[13]. Il existe donc bien des liens, mais la nature de ceux-ci reste globalement obscure comme le fait remarquer Pierre-André Taguieff, l’un des meilleurs connaisseurs de la Nouvelle Droite :

« Je n’ai jamais réussi à savoir, par exemple, quels types de contacts Alain de Benoist avait eu avec tel ancien collaborateur de Goebbels en Amérique du Sud, pourquoi et quand il est devenu membre de la Northern League dirigée par l’idéologue raciste Roger Pearson, ligue véritablement néo-nazie, quels avaient été précisément ses rapports avec le Nouvel Ordre Européen (NOE) fondé en 1951 par les nazis René Binet et Gaston-Armand Amaudruz, puisqu’il était “docteur en biologie honoris causa” de l’Institut supérieur des sciences psychosomatiques, biologiques et raciales de Montréal, créé à Barcelone en 1969 par les dirigeants du NOE, quand et pourquoi il avait rompu avec ces milieux, etc.[14] »

Comme le très raciste Amaudruz[15], qui se présentait lui-même comme un ancien de la Division Charlemagne, les dirigeants de cet « institut » étaient tous d’anciens de la fameuse unité SS de volontaires français : les « raciologues » Jacques de Mahieu[16] (mais dont l’appartenance à la Division Charlemagne est plus qu’hypothétique) et René Binet, l’auteur en 1950 d’une Théorie du racisme[17], qui influença le mouvement Europe-Action du défunt Dominique Venner. Cette piste ouverte ne fut, malheureusement, jamais exploitée entièrement. Concernant l’autre personne importante mentionnée par Pierre-André Taguieff, Roger Pearson, il s’agit d’un raciologue nordiciste et eugéniste britannique. Il fonda en 1957 à Londres la Northern League (Ligue nordique). Il s’agit donc d’une figure importante de l’extrême droite racialiste, qui fut non seulement le responsable de la Northern League, mais aussi celui du Council on American Affairs, ainsi que celui de la World Anti-Communist League, cette dernière structure recyclant d’anciens nazis, tel le SS Otto Skorzeny, ou des fascistes comme Horia Sima. Pearson fut en enfin le fondateur, en 1972, du Journal of Indo-European Studies, devenu depuis une revue de référence dans le domaine des études indo-européennes. Son objectif était d’« unir les intérêts, l’amitié et la solidarité de toutes les nations germaniques »[18]. Dans les années 1950, presque tous les groupes nazis européens étaient d’une façon ou d’une autre en rapport avec cette ligue. Ses buts étaient définis de la façon suivante :

« 1/ […] Mener tous les peuples originaires du nord de l’Europe et qui sont disséminés dans le monde à une compréhension effective de leur héritage commun […] 2/ […] combattre la menace qui pèse du dehors sur notre héritage biologique et culturel : les forces “égalitaires” du communisme et du cosmopolitisme, soutenues par une population étrangère toujours croissante, menacent de faire disparaître nos peuples et notre culture […] 3/ […] combattre l’insidieuse décadence biologique et culturelle de l’intérieur, causée d’une part par l’immigration […], d’autre part par les idées destructrices soi-disant “progressistes” […] »[19].

Des membres du GRECE firent partie de la Northern League, dont Alain de Benoist, et participèrent à certains de ses colloques ou à des manifestations organisées par des structures satellites dans les années 1970. Il y eut même des publicités pour la revue de la Northern League, The Northlander, dans Nouvelle École. En outre, un nombre significatif de membres du comité de patronage de la revue néo-droitière étaient également membres de la Northern League.

Alors, juste des nazis ?

De fait, une partie du discours néo-droitier, en particulier celui des premières années, peut paraître être en effet comme une simple résurgence du nazisme : élitisme, biologisme, racialisme et référence aux Indo-Européens. D’autant plus que certains, tel l’indo-européaniste Jean Haudry, se référeront constamment à l’idéologie blubo des nazis, ainsi qu’à Günther considéré comme une référence dans le domaine des questions indo-européennes[20], et continuellement réédité par les milieux de l’extrême droite la plus radicale. Cette vision est en outre renforcée par le fait que le GRECE eut en son sein des membres qui furent des néonazis, voire d’autres qui sont (ou furent) encore proches des positions nazies, tel Pierre Vial : son groupuscule, Terre et Peuple, a réédité en 2012 un ouvrage de Gottfried Feder, l’un des fondateurs du parti nazi et mentor de Hitler en matière économique, Critique nationale-révolutionnaire du capitalisme spéculatif[21]. Pour d’autres, au sein de la même mouvance, cela est plus difficile à cerner. C’est le cas par exemple de Jean Mabire, qui, lors de son passage à L’Esprit public (entre 1962 et 1965), présentait le nazisme comme une forme de romantisme[22].

Mabire fut proche des idées völkisch, tout en se distinguant du nazisme. Il ne cacha jamais son intérêt pour le « paganisme » völkisch et écrivit un grand nombre d’ouvrages, alimentaires mais assez complaisants vis-à-vis du national-socialisme, dédouanant les SS français des crimes de l’Ordre noir[23]. D’autre part, dans les années 1960, il se considérait comme proche des idéaux nazis, comme il le reconnut lui-même plus tard : « Pendant quelques années, je me suis livré corps et âme à certaines formules que je ne renie pas (comme beaucoup d’autres). Et dans une langue que je ne parlais pas, me contentant de mots de passe : Gottglaubisch, Weltanchauung, Blut und Boden, Ahnenerbe.[24] » Par contre, dès cette décennie, paradoxalement, il prenait de la distance vis-à-vis de cette idéologie :

« Je suis trop vieux pour m’amuser des puérilités de ces hitléromanes qui collectionnent les boutons d’uniformes de la Wehrmacht ou de vieux numéros de Signal. J’ai passé l’âge des culottes courtes, des brassards et des baudriers, des dévotions quotidiennes et vespérales devant le portrait des chefs historiques et autres exercices favoris de ces nazis britanniques que nous a révélé la télévision. Les groupes folkloriques m’intéressent fort peu en ce domaine et s’assoir en rond autour d’un phonographe pour écouter des discours gutturaux sur des disques rayés vieux de trente ans, me paraît un exercice plus proche [du] romantique que de l’action révolutionnaire.[25] »

Mais dans le même texte, il se réfère à l’idéologie Blubo : « je préfère Israël et sa fidélité aux lois du sang fraternel et du sol retrouvé »[26]… De fait, il semblerait plutôt que Jean Mabire fût un nostalgique des idéaux völkisch prénazis.

Il est vrai qu’une partie des néo-droitiers, et non pas l’intégralité d’entre eux, se sont sentis proches de la SS, surtout française, plus que du nazisme en général, en particulier dans la frange identitaire, völkisch, de la Nouvelle Droite. Certains anciens SS français Robert Dun (pseudonyme de Maurice Martin), Henri Fenet, Yves Jeanne, Pierre Bousquet participèrent à un moment ou un autre de leur vie post-Seconde guerre mondiale aux publications et/ou aux activités de la Nouvelle Droite. Ces liens sont particulièrement visibles avec Marc Augier, connu sous le nom de plume de Saint-Loup, notamment lors de l’hommage rendu à sa mort. Dans Rencontres avec Saint-Loup[27], un ouvrage collectif publié en 1991, différents cadres de première importance de la Nouvelle Droite comme Philippe Conrad, Jean-Claude Valla, Michel Marmin, Pierre Vial, Bernard Lugan, surprirent les observateurs par leur « ferveur affichée en 1991 pour les valeurs SS »[28]. L’un des participants, Pierre Vial en l’occurrence, l’un des fondateurs du groupuscule identitaire Terre et Peuple, reconnut dans son intervention que Saint-Loup était à l’origine de son paganisme, très enraciné et ethniste du « sol et du sang »[29]. Selon Jean-Yves Camus et René Monzat, l’itinéraire de Saint-Loup

« est hautement symbolique du destin d’une génération. L’hommage qui lui fut rendu à sa mort dans Rencontres avec Saint-Loup par trois générations de militants (anciens SS : Henri Fenet, Robert Dun ou collaborateurs : Goulven Pennaod, Savitri Devi ; fondateurs du GRECE : Philippe Conrad, Jean Mabire, Jean-Jacques Mourreau, Jean-Claude Valla, Michel Marmin, Pierre Vial ; et jeunes militants du FN, d’Europe-Jeunesse et de Troisième Voie) témoigne de son rôle de père spirituel et intellectuel de nombre de cadres du GRECE, et de ce qu’aujourd’hui des militants, formés à l’écoute de ceux qui luttèrent pour une Europe nazie, considèrent leur combat politique comme la suite et le prolongement de celui de la SS.[30] »

Même Alain de Benoist, sous le pseudonyme de Fabrice Laroche, défendit Saint-Loup dans les années 1960 dans les colonnes d’Europe-Action[31]. En 2001, il reprenait dans Éléments l’idée de Saint-Loup d’une SS « organisation oppositionnelle » à l’hitlérisme (alors qu’en réalité la SS se voulait la garante de l’idéologie nazie)[32]. En 2005, il le considérait comme un auteur assez important pour lui consacrer une notice dans sa Bibliographie des droites françaises[33]. Et en 2010, il écrivait :

« la vérité oblige à dire que cet “hérétique” ne devint un maudit qu’après sa mort. […] Ses ouvrages de la dernière période, celle du cycle des “patries charnelles”, ont en revanche quelque chose de forcé : Saint-Loup y manifeste des ambitions “doctrinales” qui n’étaient finalement pas dans sa nature. Au moins ce sportif, cet aventurier et ce guerrier eut-il le mérite de se prononcer toute sa vie durant pour une “Europe des peuples”, qui ne s’était jamais confondue pour lui avec l’hégémonie allemande. Ses appels à la formation de petites communautés idéales (La peau de l’auroch, La république du Mont-Blanc) valent moins pour leur apologie naïve des “lois naturelles” que par le vitalisme qu’on voit s’y exprimer face à la médiocrité des hommes et à la violence des éléments. »[34]

De fait, c’est le côté völkisch de sa pensée qui attira la première génération de néo-droitiers. Il la développa dans une tribune parue en 1976 dans la revue Défense de l’Occident[35]. Saint-Loup y concevait l’Europe comme une entité supranationale différentialiste, respectant les pratiques culturelles de régions ou de province à l’identité forte, une idée que nous retrouvons dans la Nouvelle Droite. Dans la mouvance extrémiste de droite, il est également célébré comme celui qui transmit l’héritage « païen » (en fait l’idéologie völkisch du « sang et du sol ») de la SS ainsi que le régionalisme ethniste d’une frange de cette même SS aux générations militantes de l’après-guerre.

Un autre SS français, Robert Dun, lui aussi proche durant un temps de la Nouvelle Droite. Il publia d’ailleurs un livre au Livre-club du Labyrinthe, une traduction d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche[36]. Dun influença surtout la frange la plus völkisch de celle-ci, en particulier Terre et Peuple de Pierre Vial, Jean Haudry et Jean Mabire. Toutefois, ce compagnonnage ne se limita pas à ces anciens SS. La Nouvelle Droite eut aussi des liens avec certains anciens collaborateurs et/ou néonazis notoires, tel Goulven Pennaod, de son vrai nom Georges Pinault. Ce dernier assuma ses positions national-socialistes et régionalistes. Il fut aussi un chargé d’enseignement de la linguistique celtique à l’université de Lyon III. Il publia dans Nouvelle École et dans Études indo-européennes, la revue de Jean Haudry. Surtout, il dirigea une revue, Devenir européen, ouvertement « ethniste-socialiste », fondée avec l’ex SS de la division Charlemagne Yves Jeanne, et qui vit la collaboration d’autres anciens SS français comme Robert Dun.

Au milieu des années 1980, la Nouvelle Droite eut des relations assez poussée avec la librairie Ogmios, spécialisée dans les publications nationales-socialistes et antisémites au travers de sa maison d’édition Avalon. Cette librairie était l’aspect le plus visible d’une équipe militante proche à la fois de néonazis, d’anciens SS[37], et de la Nouvelle Droite. En effet, cette librairie fut fondée en 1986 par des proches de la tendance néopaïenne de la Nouvelle Droite. Elle fut l’un des pôles les plus dynamiques de l’extrême droite néopaïenne et fut dirigée par Trystan Mordrel. Ce dernier est un ex gréciste (il collabora dans les années 1970 et 1980 à Éléments), l’un des cofondateurs de la feuille confidentielle négationniste L’Autre histoire. Surtout, il est le fils du militant breton Olier Mordrel, un régionaliste racialiste qui fut proche durant la guerre du iiie Reich, et, après celle-ci, de l’écrivain folkiste Jean Mabire. Nous retrouvons aussi dans l’une et l’autre structures l’écrivain négationniste et néonazi Olivier Mathieu, imposé au Cercle « Études et recherches » du GRECE par Alain de Benoist selon Robert Steuckers[38]. Certains néopaïens nordicistes fréquentèrent aussi les deux structures. Enfin, Alain de Benoist préfaça longuement (60 pages) en 1987 un ouvrage publié par Avalon, Les Exploits chevaleresque de Messire Goetz de Berlichingen à la main de fer écrits par lui-même. De Benoist fit d’ailleurs la même année, un voyage en Iran avec Trystan Mordrel.

La polémique de la filiation de la Nouvelle droite et du national-socialisme fut aussi alimentée enfin par l’utilisation très récurrente dans les publications de la Nouvelle Droite d’œuvres artistiques nazies, en particulier des statues d’Arno Breker et/ou de peintures völkisch, entérinant l’idée d’une fascination pour l’art de ce régime. Allant dans ce sens, il semblerait enfin qu’en 1988 Alain de Benoist ait publié, sous le pseudonyme de Mortimer Davidson – mais l’affaire n’est pas encore éclaircie –, un ouvrage en plusieurs volumes sur l’art du iiie Reich, Kunst in Deutschland 1933-1945[39], chez Grabert Verlag, soulevant de nouveau des suspicions de néonazisme, car cet éditeur est très connu pour ses publications révisionnistes et apologétiques du iiie Reich. En effet, cette maison d’édition fut fondée par l’ancien nazi Herbert Grabert, un néo-païen qui travailla pour Alfred Rosenberg. Depuis le décès du fondateur en 1978, cette maison d’édition a été reprise par son fils qui continue avec une ligne éditoriale similaire. Malgré cet inventaire à charge, il n’est pas possible de considérer que la Nouvelle Droite fut une officine nazie car, comme le reconnaît Henry Rousso,

« La nouveauté tient à ce que les intellectuels du GRECE ou dans sa mouvance, loin de renouveler l’expérience de la “science nazie”, ont tenté, dans un tout autre contexte, de faire lien avec des avancées scientifiques réelles et reconnues. […] En extrapolant des découvertes scientifiques importantes, ils cherchent à remettre sur pied l’idée d’un “peuple indo-européen” originel, euphémisme pour désigner l’existence d’une “race originelle”.[40] »

Surtout la Nouvelle Droite n’a jamais fait, à l’exception de quelques uns de ses membres, dans l’antisémitisme métaphysique et délirant qui caractérise le national-socialisme[41]. Par contre, elle a eu dans les années 1970, comme point commun avec le nazisme un discours raciste[42] consubstantiel d’une volonté incessante d’améliorer la race[43].

Est-ce si simple ?

Des commentateurs ont pu parler à ce sujet d’« entreprise de recyclage » des vieilles idées racistes de l’extrême droite, en particulier des thèses raciales et eugénistes du début du xxe siècle, dont certaines, il faut le souligner, ont été élaborées par des médecins juifs[44], posant une certaine difficulté à les classer dans les catégories des scientifiques nazis ou des théoriciens du national-socialisme. En se référant à ces positions, les premiers théoriciens de la Nouvelle Droite se plaçaient dans la continuité des eugénistes et des raciologues de la première moitié du XXe siècle dont les thèses furent reprisent partiellement et de façon déformée par les nazis. En ce sens, les néo-droitiers ne sont pas des disciples, ou des continuateurs, de la politique raciale nazie.

De fait, les néo-droitiers se placent également dans une autre filiation intellectuelle, d’origine anglo-saxonne, et non plus allemande, des théoriciens de l’eugénisme, du darwinisme-social, de la sociobiologie et de la psychologie dite évolutionniste. Ils se placent aussi dans la filiation de l’anthropologie physique (c’est-à-dire raciale) anglo-saxonne. Ainsi, l’une de leur référence en ce domaine fut l’anthropologue Carleton S. Coon (il fut président de l’Association américaine d’anthropologie physique), qui fit partie du comité de patronage de Nouvelle École jusqu’à son décès en 1981. Ces penseurs anglo-saxons ont cherché, dans la première moitié du xxe siècle à séparer l’idée de race du racisme. Ils ont cherchait à sauver l’étude de la première tout en combattant le second. Ce fut le cas de l’anthropologue américaine Ruth Benedict qui défendit dans les années 1940 les études de la race. Celle-ci, dans Race and Racism, publié pour la première fois en 1942, y écrivait que la race est une classification basée sur des traits héréditaires constituant un domaine de recherche scientifique, tandis que le racisme est un dogme contraire à toute démonstration scientifique.

L’un des apports de la Nouvelle Droite fut de faire la synthèse entre le racialisme du début du xxe siècle, notamment dans sa composante psychologique, et l’eugénisme, qu’elle contribua à sortir du discrédit dans lequel il était depuis 1945, distinct du racialisme, théorisé par des médecins et psychologues libéraux conservateurs comme Hans Eysenck, un Allemand naturalisé Britannique à la suite de l’avènement du régime nazi, qui soutenait l’infériorité intellectuelle des populations noires. Comme l’ont montré Benoît Massin et André Pichot, l’eugénisme est né et s’est développé dans les milieux libéraux[45], de gauche comme de droite, dans des démocraties (États-Unis, Grande-Bretagne, Suède), avec pour objectif l’amélioration de la race. Par conséquent, des personnes pouvaient, dans les années 1930, se dire « antiracistes », combattre le racisme nazi et faire la promotion de l’eugénisme et/ou de l’inégalitarisme racial. En effet, l’« eugénisme positif », esquissé par Francis Galton et développé dans les années 1900, se proposait d’améliorer les qualités héréditaires d’une population par le choix des meilleurs « procréateurs », et cela à chaque génération. De fait, en ce qui concerne cette question, les néo-droitiers s’appuient sur des références souvent empruntées au monde anglo-saxon qui n’ont rien à voir avec le fascisme d’avant-guerre, mais qui sont au contraire plutôt proches de certaines pensées de droite d’avant 1914.

La question des relations entre le nazisme et la Nouvelle Droite est donc complexe. Elle l’est d’autant plus que les néo-droitiers, à l’exception de quelques individus, n’ont jamais fait explicitement l’éloge du régime nazi ou de Hitler, au contraire des groupes ouvertement néonazis, même s’ils réutilisèrent des idées/thèses formulées par certains nazis… Ainsi, au pire moment des règlements de compte entre Robert Steuckers et Alain de Benoist, le premier n’a jamais accusé le second de nazisme, mais éreinte au contraire le journaliste René Monzat[46] :

« L’anti-fasciste professionnel sans profession bien établie, l’ineffable “René Monzat”, a eu beau jeu de dénoncer cette bimbeloterie dans Le Monde, le 3 juillet 1993. Ce triste garçon, dont la jugeotte n’a certainement pas la fulgurance pour qualité principale, concluait au “nazisme fondamental” du GRECE, parce de Benoist, qui n’est ni un nazi, ni rien d’autre que lui-même, rien d’autre que sa propre égoïté narcissique, s’était copieusement “sucré” en vendant des “tours de Yule” en terre cuite – modèle SS himmlérien – à ses ouailles, en multipliant le prix de base de son grossiste allemand par dix.[47] »

Par contre, des néo-droitiers se réfèrent fréquemment à des personnes qui furent des nazis, mais dont la qualité des travaux a largement dépassé le cadre restreint du microcosme nazi ou néonazi comme le juriste Carl Schmitt, le sculpteur Arno Breker, ou la réalisatrice Leni Riefenstahl, à l’exception notable de Hans F. K. Günther, qui resta confiné dans ce microcosme.

La principale référence intellectuelle de la Nouvelle Droite à compter de la fin des années 1970 reste la « Révolution conservatrice » allemande dont est issu le nazisme, qu’Alain de Benoist a fait connaître en France en 1990[48], avec une collection dirigée chez un éditeur radical, Pardès, entre 1990 et 1993[49], après avoir traduit Spengler dès 1980[50] et Carl Schmitt en 1985[51]. De fait, à partir de 1980, la Nouvelle Droite a consacré une énorme production littéraire (articles, livres, brochures) aux différents aspects, courants et acteurs de cette « Révolution conservatrice ». Le premier article de Benoist sur cette thématique date de 1977, avec un texte sur Friedrich Georg Jünger, paru dans Éléments[52], suivi en 1979 d’un autre sur Thomas Mann[53]. Depuis cette époque, la revue scientifique de la Nouvelle Droite, Nouvelle École a consacré des numéros à Martin Heidegger (1982), à Carl Schmitt (1987), à Ernst Jünger (1995), à Oswald Spengler (2010-2011), sans compter des articles sur ce sujet disséminés dans les différents volumes. Nous pourrions faire le même exercice avec la revue d’Alain de Benoist, Krisis, créée en 1988. De fait, comme l’écrit Olivier Dard, « la “Révolution conservatrice” est sans doute une des inspirations majeure du discours néo-droitier de ces dernières années »[54]. La Nouvelle Droite fit beaucoup pour faire connaître ce courant intellectuel au reste de l’extrême droite française[55], à l’exception des nationalistes-révolutionnaires qui lisaient déjà quelques auteurs de celle-ci depuis les années 1970.

L’« inventeur » de la « Révolution conservatrice » allemande, le Suisse Armin Mohler[56], devint d’ailleurs un ami proche d’Alain de Benoist dans les années 1970 et Benoist écrivit dans la revue de Mohler, Criticon, cofondée avec Caspar von Schrenck-Notzing. De Benoist devint aussi l’ami d’un héritier direct de la « Révolution conservatrice », l’ethno-anarchiste Hennig Eichberg, qui finit par se positionner idéologiquement à l’extrême gauche[57], et qui, ultérieurement et paradoxalement, se mit à contester la validité du concept de « Révolution conservatrice »[58]. De fait, la thématique révolutionnaire-conservatrice apparut, y compris dans sa variante völkisch, dans les publications grécistes au début des années 1980, pour devenir une référence théorique importante durant cette décennie[59] : selon Alain de Benoist, le recours à cette nébuleuse allemande des années 1930 permet « de conjuguer libération nationale et révolution nationale dans une optique identitaire, sans tomber pour autant dans le biologisme sommaire du racisme nazi »[60]. Du fait de cet intérêt, certains universitaires américains virent dans la Nouvelle Droite une continuité du mouvement allemand, tel Elliot Neaman[61]. Ce point de vue est d’ailleurs partagé par des proches du principal intéressé[62].

Cependant, un ancien gréciste, figure importante des premières années de cette école de pensée[63] et vulgarisateur, auprès des grécistes de la première génération, des auteurs de la « Révolution conservatrice », le journaliste italien Giorgio Locchi a pu dire que celle-ci n’était rien sans le nazisme[64], que le national-socialisme en était une partie intégrante[65]. Mais il est vrai que Locchi avait des sympathies pour le nazisme et promouvait l’idée, déjà identitaire, d’un empire européen blanc, aux peuples ethniquement proches et « liés par le sang », pour reprendre son expression. Il faut également garder à l’esprit que Mohler chercha à s’engager dans la SS –il fut refusé– durant la guerre, avant de devenir dans les années 1950 le secrétaire d’Ernst Jünger. Le débat n’est donc pas clos.

Conclusion

Nous devons garder à l’esprit que les thèses grécistes ont été reprises par des milieux forts éloignés de ses positions idéologiques : un certain nombre de thèmes développés par la Nouvelle Droite ont été retraduits, radicalisés et réutilisés par des groupuscules d’extrême droite, notamment néonazis, dans une optique différente, ou opposée, de celle du GRECE, comme le reconnaît Pierre-André Taguieff :

« Si, à bien des égards, le modèle du “néo-racisme” culturel et différentialiste permet d’éclairer l’argumentation de la “Nouvelle droite” jusqu’au milieu des années 1980s, il convient d’insister sur un processus souvent observé en histoire des idées : les représentations et les arguments forgés par le GRECE dans les années 1970 lui ont progressivement échappé, étant repris, retraduits et exploités par des mouvements politiques rejetant l’essentiel de sa “vision du monde”. Il s’agit donc d’éviter d’attribuer au GRECE les avatars idéologiques et politiques de certaines composantes de son discours, et plus particulièrement de son discours des années 1970.[66] »

Une autre difficulté pour le chercheur réside dans le fait que les discours néo-droitiers ont été réutilisés/recyclés par différents groupuscules nordicistes occidentaux contemporains. Des groupuscules qui ne partagent pas pour autant, bien au contraire, la vision du monde de la Nouvelle Droite. La récupération et la déformation des idées grécistes sont particulièrement visibles dans le cas des nationalistes-révolutionnaires et des identitaires. Ainsi, le magazine identitaire et néonazi, racialiste et antisémite, Réfléchir et Agir, dont les animateurs se considèrent comme les disciples de Saint-Loup et de Terre et Peuple des anciens grécistes Pierre Vial, Jean Mabire (décédé en 2006) et Jean Haudry, affirme faire partie de la « Nouvelle Droite païenne »[67]. Nous ne pouvons donc pas considérer la Nouvelle Droite dans son ensemble comme relevant du néonazisme, ni qu’elle est une résurgence de celui-ci. Ainsi, Pierre Milza, contrairement à ce qu’il affirmait en 1985, estime actuellement que le discours de la Nouvelle Droite des années 1980 n’est pas une nouvelle version « plus ou moins aseptisée du national-socialisme ». En effet,

« Les éléments de référence, écrit-il, ne manquent pas : une conception de l’histoire reliée au mythe aryen, un néo-paganisme rejetant l’héritage judéo-chrétien, une raciologie fondée à la fois sur l’anthropologie physique, la “psychologie des peuples” et la théorie des “génies créateurs de civilisations”, l’attachement au passé nordique de l’Europe, à l’esthétique wagnérienne, à un hellénisme repensé par la culture allemande (la statuaire d’Arno Breker occupe une place de choix dans le “musée imaginaire” de la Nouvelle Droite), etc. : tout cela est présent dans les deux cultures politiques, mais avec des différences d’intensité et d’intentionnalité telles qu’il serait inexact et injuste de réduire la pensée néo-droitière de cette époque à une résurgence du nazisme parée des oripeaux de la respectabilité.[68] »

La Nouvelle Droite se place, outre la filiation « révolutionnaire-conservatrice », plutôt dans celle de l’anthropologie raciale anglo-saxonne : ses militants se réfèrent à un courant à la fois progressiste et inégalitaire de l’ethnologie développé en Occident au xixe siècle, comme l’a mis en évidence Michael Billig dans un ouvrage important, L’Internationale raciste. De la psychologie à la « science des races », paru en 1981[69]. Selon lui, Nouvelle École était « fermement mariée à la tradition de la science de la race et de la politique de la race [et mélange] les vieilles traditions de la science de la race (incluant Günther et autres théoriciens nazis) avec celle des héritiers actuels de Galton »[70]. Cette question du racialisme est très importante car elle marquera profondément la vision qu’auront par la suite les observateurs de la Nouvelle Droite, mais aussi certains militants d’extrême droite. En effet, celle-ci a du mal à se débarrasser de l’image de théoriciens racialistes. Pour une raison légitime, d’ailleurs : le racialisme est encore défendu par certains dissidents (Faye, Vial, Haudry notamment). Pourtant, les références national-socialistes ont progressivement disparu de la Nouvelle Droite, à l’exception notable de la tendance identitaire, nordiciste et néopaïenne, que nous avons appelé ailleurs « folkiste »[71]. Elles se retrouvent par exemple chez Pierre Krebs, actuel compagnon de route du groupuscule identitaire Terre et peuple. Krebs édite tous les ans un petit almanach, très luxueux, à l’esthétique très national-socialiste : runes, soleil noir SS, représentations de divinités germano-scandinaves et celtes, photos de statues de Breker, photos de nazis et d’identitaires comme Pierre Vial, etc. Au-delà de la question néo-droitière, le nordicisme reste une référence importante constante de l’extrême droite, des néo-droitiers proches des courants dits identitaires aux néo-nazis.


Notes

[1] Alain Schnapp et Jesper Svenbro, « Du nazisme à Nouvelle École : repère sur la prétendue Nouvelle Droite », Quaderni di Storia, n° 11, juin-juillet 1980, pp. 107-119.

[2] Pierre-André Taguieff, « L’héritage nazi. Des Nouvelles droites européennes à la littérature niant le génocide », Les Nouveaux Cahiers, nº 64, printemps 1981, pp. 3-22.

[3] Pierre Milza, Les Fascismes, Seuil, collection « points », 1991.

[4] Anne-Marie Duranton-Crabol, Visages de la Nouvelle Droite. Le G.R.E.C.E. et son histoire, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1988, p. 82 et pp. 117-119.

[5] Raymond Aron, Mémoires. 50 ans de réflexion politique, Paris, Julliard, 1983, p. 701.

[6] Cité in Joseph Algazy, L’Extrême droite en France (1965 à 1984), Paris, L’Harmattan, 1989, p. 152.

[7] Michel Marmin, « Note liminaire », in Collectif, Liber amicorum Alain de Benoist, Paris, Les Amis d’Alain de Benoist, 2004, p. 7.

[8] Sur les thèses de Sigrid Hunke, cf. Horst Junginger, « Sigrid Hunke : Europe’s new Religion and its Old Stereotypes », http://homepages.uni-tuebingen.de/gerd.simon/hunke.htm. (Consulté le 01/01/2013.) Il s’agit du texte d’une intervention à un atelier de travail organisé par l’université de Tübingen en 1997 : « Neo-Paganism, “voelkische Religion” and Antisemitism II : The Religious Roots of Stereotypes »

[9] Sigrid Hunke, Europas andere Religion : Die Überwindung der religiösen Krise, Vienne et Düsseldorf, Econ Verlag, 1969.

[10] Sigrid Hunke, « Kampf um Europas religiöse Identität », in Pierre Krebs (ed.), Mut zur Identität. Alternativen zum Prinzip der Gleichheit, Struckum 1988, pp. 75-104.

[11] Sigrid Hunke, La Vraie religion de l’Europe. La foi des « hérétiques », Paris, Livre-Club du Labyrinthe, 1985.

[12] Pierre Krebs défend un « ethno-socialisme », antimatérialiste, fondé sur le « réalisme biologique », c’est-à-dire sur le racisme biologique théorisé par Dominique Venner dans les années 1960, lors de l’aventure d’Europe Action. Dans une conférence datant de 2013, il se pose en éveilleur « de l’âme de notre race et [en gardien] de son sang » et affirme que « La révolution identitaire – son nom l’indique – sera d’abord une révolution du Sang et du Sol [souligné par lui]. Le Sang est l’alpha de la vie d’un Peuple et de sa culture mais il peut devenu aussi l’omega de sa dégénérescence et de sa mort si le peuple ne respecte plus les lois naturelles de son homogénéité. Le sol est le corps spatial du Sang dont il importe de circonscrire les frontières et d’assurer la protection. » Cf., Pierre Krebs, « L’avènement de l’ethno-socialisme », http://fierteseuropeennes.hautetfort.com/tag/pierre+krebs. Consulté le 14/06/2016.

[13] Alain de Benoist, « Sigrid Hunke : Elle avait retrouvé la vraie religion de l’Europe », Éléments, n° 96, novembre 1999, pp. 39-40.

[14] Pierre-André Taguieff, « Le chercheur, l’extrême droite et les sciences sociales : entretien avec Pierre-André Taguieff », in Sylvain Crépon & Sébastien Mosbah-Natanson, (dir.), Les Sciences sociales au prisme de l’extrême droite, Paris, L’Harmattan, 2008, pp. 52-53.

[15] Sur Gaston-Armand Amaudruz et ses idées, voir Damir Skenderovic & Luc van Dongen, “Gaston-Armand Amaudruz, pivot et passeur européen », in Olivier Dard (dir.), Doctrinaire, vulgarisateurs et passeurs des droites radicales au xxe siècle (Europe-Amériques), Berne, Peter Lang, 2012, pp. 211-230.

[16] Stéphane François, « Un raciologue argentin entre racisme biologique et “histoire mystérieuse” : Jacques de Mahieu », Politica Hermetica, 2012, pp. 123-132.

[17] René Binet, Théorie du racisme, Paris, Les Wikings, 1950.

[18] Michael Billig, L’Internationale raciste. De la psychologie à la « science des races », Paris, Maspero, 1981, p. 57.

[19] Cité in Pierre-André Taguieff, « La stratégie culturelle de la “Nouvelle Droite” en France (1968-1983) », in Robert Badinter (dir.), Vous avez dit fascismes ?, Paris, Arthaud/Montalba,‎ 1984, p. 52.

[20] Jean Haudry, Les Indo-Européens, Saint-Jean-des-Vignes, Éditions de la forêt, 2010. Première édition, Puf, « Que sais-je », 1981.

[21] Gottfried Feder, Critique nationale-révolutionnaire du capitalisme spéculatif, Forcalquier, Éditions de la forêt, 2012.

[22] Sur le cas de Jean Mabire et plus largement de la Nouvelle Droite, cf. Nicolas Lebourg et Jonathan Préda, « Le front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », in Olivier Dard (dir.), Références et thèmes des droites radicales au XXe siècle (Europe/Amériques), Bern, Peter Lang, 2014, pp. 101-138.

[23] Ibid., pp. 110-111.

[24] Jean Mabire, « Itinéraire païen », in Collectif, Païens !, Saint-Jean-Des-Vignes, Éditions de la forêt, 2001, p. 110.

[25] Jean Mabire, « Pourquoi je ne suis pas fasciste », Magazine des Amis de Jean Mabire, n°38, équinoxe de printemps 2013, p. 17. Première parution L’Esprit public, septembre 1963.

[26] Ibid., p. 19.

[27] Collectif, Rencontres avec Saint-Loup, Paris, Les Amis de Saint-Loup, 1991.

[28] Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1992, p. 396.

[29] Ibid., p. 396.

[30] Ibid., p. 68.

[31] Fabrice Laroche, « Notre monde », Europe-Action, n°36, décembre 1965, p. 9.

[32] Alain de Benoist, « Les paradoxes de la collaboration », Éléments, n° 100, mars 2001, p. 43.

[33] Alain de Benoist, Bibliographie des droites françaises, vol. 4, Paris, Dualpha, 2005, pp. 675-692.

[34] Alain de Benoist, « Relecture de Saint-Loup », Éléments, n°137, octobre-novembre 2010, p. 9.

[35] Saint-Loup, « Une Europe des patries charnelles », Défense de l’Occident nº 136, mars 1976, pp. 72-73 cité in René Monzat et Jean-Yves Camus, Les Droites nationales et radicales en France, op. cit., p. 68.

[36] Robert Dun (traduction et commentaires de), Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Livre-club du labyrinthe, 1983.

[37] Ainsi, Robert Dun y signa en 1986 la traduction du Mythe du XXe siècle d’Alfred Rosenberg sous le pseudonyme d’Adler von Scholle.

[38] Robert Steuckers, « L’apport de Guillaume Faye à la “Nouvelle Droite” et petite histoire de son éviction », http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/lapport-de-guillaume-faye-la-nouvelle.html. Consulté le 26 février 2012.

[39] Mortimer G. Davidson, Kunst in Deutschland 1933-1945. Eine wissenschaftliche Enzyklopädie der Kunst im Dritten Reich, Tübingen, Grabert Verlag, 1991.

[40] Henry Rousso, Le Dossier Lyon III. Rapport sur le racisme et le négationnisme à l’université Jean Moulin, Paris, Fayard, 2004, pp. 63-64 et 66.

[41] Sur ce point, voir Johann Chapoutot, La Loi du sang. Penser et agir en nazi, Paris, Gallimard, 2014.

[42] Cf., Stéphane François, Au-delà des vents du Nord. L’extrême droite française, le Pôle nord et les Indo-Européens, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2014.

[43] Johann Chapoutot écrit d’ailleurs à ce sujet : « Le racisme est en effet érigé par le Parti, puis par l’État nationaux-socialistes, au rang d’“heuristique” universelle. Jamais le terme de vision du monde (Weltanchauung) n’a été plus adéquat). Johann Chapoutot, « National-socialisme », in Pierre-André Taguieff, Dictionnaire historique et critique du racisme, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, p. 1219.

[44] Cf. Benoît Massin, « Préface aux deux volumes », in Paul Weindling, L’Hygiène raciale et eugénisme médicale en Allemagne. 1870-1933, Paris, La Découverte, 1998, pp. 52-53.

[45] Benoît Massin, « Préface », in Paul Weindling, L’Hygiène de la race, op. cit., pp. 40-44 ; André Pichot, Aux Origines des théories raciales. De la Bible à Darwin, Paris, Flammarion, 2008.

[46] René Monzat est l’auteur d’un ouvrage qui éreinte la Nouvelle Droite, la considérant comme l’héritière du national-socialisme : Enquête sur la droite extrême, Paris, Le Monde éditions, 1992.

[47] Robert Steuckers, « Les pistes manquées de la “Nouvelle Droite”. Pour une critique constructive », http://robertsteuckers.blogspot.com/2011/11/pistes-manquees-de-la-nouvelle-droite.html. Consulté le 26 février 2012.

[48] Sur cet intérêt, voir son témoignage, « La Révolution conservatrice en France », http://www.alaindebenoist.com/pdf/la_revolution_conservatrice_en_france.pdf, consulté le 30/11/2013.

[49] Alain de Benoist a notamment fait traduire en français le livre important d’Armin Mohler, La Révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932), Puiseaux, Pardès, 1993. Parmi les autres auteurs traduits, nous trouvons Carl Schmitt (Du politique. « Légalité et légitimité » et autres textes politiques), Ernst Niekisch (Hitler –Une fatalité allemande et autres récits nationaux-bolcheviks), Arthur Moeller van den Bruck (La Révolution des peuples jeunes), Werner Sombart (Le socialisme allemand) et une étude sur Heidegger (Silvio Vietta, Heidegger. Critique du national-socialisme et de la technique). Par la suite, Benoist fera traduire, chez d’autres éditeurs (Krisis, Les Amis d’Alain de Benoist), des textes de Schmitt (Machiavel, Clausewitz. Droit et politique face aux défis de l’histoire, 2007 ; Guerre discriminatoire et logique des grands espaces, 2011), un ouvrage de Friedrich-Georg Jünger (Les Titans et les dieux. Mythes grecs, 2013) et publiera en 2014 un essai, Quatre figures de la Révolution Conservatrice allemande. Werner Sombart, Arthur Moeller van den Bruck, Ernst Niekisch, Oswald Spengler.

[50] Oswald Spengler, Années décisives, Paris, Copernic, 1980 ; Écrits historiques et philosophiques, Paris, Copernic, 1982.

[51] Carl Schmitt, Terre et mer, Paris, Le Labyrinthe, 1985.

[52] Alain de Benoist, « Friedrich Georg Jünger », Éléments, n° 23, automne 1977, pp. 19-20.

[53] Alain de Benoist, « Un “révolutionnaire conservateur” : Thomas Mann », Le Figaro Magazine, 10 mars 1979, pp. 74-75.

[54] Olivier Dard, « Contribution à l’étude des réceptions françaises de la “Révolution conservatrice” allemande : l’exemple de la douvelle droite », in Pierre Béhar, Françoise Lartillot & Uwe Pushner (dir.), Médiation et conviction. Mélange offerts à Michel Grunewald, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 64.

[55] Voir Michael Böhm, « Alain de Benoist, premier révolutionnaire-conservateur authentique » in Thibault Isabel (dir.), Liber amicorum 2 Alain de Benoist, Paris, Les Amis d’Alain de Benoist, 2014, pp. 29-43. Si le texte est ouvertement hagiographique, il n’en reste pas moins très intéressant sur le parcours d’Alain de Benoist.

[56] Armin Mohler, La Révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932), op. cit. Pour une critique de ce concept, cf. Stefan Breuer, Anatomie de la Révolution conservatrice, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1996.

[57] Cf. Stéphane François, La Modernité en procès. Éléments d’un refus du monde moderne, Valenciennes, Presses Universitaires de Valenciennes, 2013, pp. 88-89.

[58] Henning Eichberg, « Der Unsinn des “Konservativen Revolution”. Uber Ideengeschichte, Nationalismus und Habitus », Wir Selbst. Zeitschrift für nationale Identität, n°1, 1996, pp. 5-33.

[59] Sur cette importance théorique, voir aussi Stéphane François, Les Néo-paganismes et la Nouvelle Droite. Pour une autre approche (1981-2006), Milan, Archè, 2008, pp. 66-67. Voir aussi Jean-Yves Camus, « Nouvelle droite », in Pierre-André Taguieff (dir.), Dictionnaire historique et critique du racisme, Paris, Presses Universitaires de France, 2013, pp. 1285-1289 ; voir enfin, Kurt Lenk, Günther Meuter & Henrique Ricardo Otten, Les Maîtres à penser de la Nouvelle Droite, Montréal, Liber, 2014.

[60] Olivier Dard, « Contribution à l’étude des réceptions françaises de la “Révolution conservatrice” allemande : l’exemple de la douvelle droite », op. cit., p. 72.

[61] Elliot Neaman, « A New Conservative Revolution? Neo-nationalism, Collective Memory and the New Right in Germany since Unification », in Werner Bergmann, Rainer Herb & Hermann Kurthen (eds.), Antisemitism and Xenophobia in Germany after Unification, Oxford/New York, Oxford University Press, 1997, pp. 191-194.

[62] Voir Michael Böhm, « Alain de Benoist, premier révolutionnaire-conservateur authentique » art. cit., et dans le même ouvrage, Luc Pauwels, « La révolution conservatrice », in Thibault Isabel (dir.), Liber amicorum 2 Alain de Benoist, Paris, Les Amis d’Alain de Benoist, 2014, pp. 259-298.

[63] Il a, par exemple, co-écrit avec Alain de Benoist, le fameux numéro de Nouvelle École sur « L’Amérique » (n°27-28, hiver 1975-1976) sous le pseudonyme d’ Hans-Jürgen Nigra. Il a aussi largement rédigé les numéros sur Wagner (Nouvelle École, n°30, 1976 et n°31-32, 1978). Plus largement, il a participé aux trente premiers numéros de cette revue (entre 1968 et 1979). Il a eu une influence intellectuelle sur Alain de Benoist, Pierre Vial, Robert Steuckers, Guillaume Faye et Pierre Krebs, avant de se brouiller avec le premier au sujet de l’affirmation ethnique et de l’ethnopluralisme au début des années 1980, et de s’éloigner du GRECE.

[64] Giorgio Locchi, L’Essenza del fascismo, La Spezia, Il Tridente, 1981, p. 60.

[65] Cette idée était déjà présente chez Edmond Vermeil, dans son Doctrinaires de la révolution conservatrice allemande 1918-1938, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1948.

[66] Pierre-André Taguieff, Sur la Nouvelle droite, op. cit., p. VIII.

[67] Réfléchir et Agir, nº 14, printemps 2003, p. 57.

[68] Pierre Milza, L’Europe en chemise noire. Les extrêmes droites européennes de 1945 à aujourd’hui, Paris, Fayard, 2002, p. 206.

[69] Michael Billig, L’Internationale raciste, op. cit.

[70] Ibid., p. 125.

[71] Cf. Stéphane François, Au-delà des vents du Nord, op. cit.

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