Par Stéphane François

Stéphanie Courouble-Share, aidé de Gilles Karmasyn, nous offre, avec Le négationnisme. Histoire, concepts et enjeux internationaux, un ouvrage de vulgarisation capital pour comprendre ce qu’est le négationnisme. Il est court (187 pages), sans notes excessives, écrit de manière claire et précise, avec un plan aéré, qui en fait un ouvrage fort agréable à lire. Il s’agit explicitement d’un manuel, paru dans la collection « Eyrolles pratique ».

Il s’agit d’un livre didactique, composé de trois grandes parties.

La première, « Le négationnisme international d’hier », pose le contexte historique et idéologique. Elle revient sur l’histoire de la négation de l’extermination des juifs d’Europe mais également sur la négation des autres génocides, sur ses principaux auteurs et leur appartenance au nazisme, néonazisme ou au néofascisme ; sa rhétorique ; mais aussi sur les questions de définition : révisionnistes, historiens ou négationnistes ? Enfin, cette partie montre que le négationnisme n’est pas limité à la seule extrême droite (outre les milieux précités, il y a des négationnistes issus de l’ultragauche, du libertarianisme et du monde arabe.

La deuxième s’intéresse quant à elle, plus précisément aux différents auteurs phares, qui constituent implicitement différentes générations, chacune d’entre elles enrichissant le discours négationniste par de nouvelles thématiques ou par de nouvelles approches. Cette partie analyse également les stratégies de diffusion et conclut sur les enjeux du phénomène.

La dernière tente d’apporter des solutions : comment combattre le négationnisme ? Elle fait le point sur les méthodes existantes : la réponse historique, la réponse légale, et la nécessité d’éduquer contre le négationnisme.

Cet ouvrage est complété par une « Introduction », une « Conclusion » et une bibliographie scientifique. Il comporte aussi neuf fiches sur des points précis : « la volonté nazie d’exterminer les Juifs », « les négationnistes falsifient les travaux des historiens », « le langage codé des nazis », « les bourreaux n’ont pas été torturés », « le négationnisme est une anti-histoire », « la réalité de l’extermination des Juifs », « les négationnistes contre la liberté d’expression », « la science falsifiée des négationnistes ».

À une époque où le négationnisme se diffuse via l’Internet, et en particulier via les réseaux sociaux, ce livre est une œuvre d’utilité publique. Il est vivement conseillé à tous ceux qui enseignent, tant dans le secondaire, qu’à l’université, qui n’est pas exempte d’étudiants influencés par ces idées (j’en ai fait malheureusement plusieurs fois l’expérience). Par ailleurs, je suis certain de recevoir des mails de négationnistes, sous pseudonymes ou non, lorsque ce compte-rendu sera en ligne, comme à chaque fois que je publie un texte sur cette question.

Stéphanie Courouble-Share, Le négationnisme. Histoire, concepts et enjeux internationaux, Paris, Eyrolles, 2023.