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Les Néo-fascismes européens et les mondes arabo-musulmans

Stéphane François et Nicolas Lebourg, « Le courant nationaliste-révolutionnaire et les mondes arabo-musulmans, de Maurice Bardèche à Christian Bouchet », Bernard Bruneteau et Yves Santamaria dir., Extrémismes européens et mondes arabo-musulmans, Paris, L’Harmattan, 2021, pp. 153-166.

Le courant nationaliste-révolutionnaire (dit « NR ») se vit comme l’extrême gauche de l’extrême droite. Il correspond, avant tout, à la réintroduction à l’intérieur du néofascisme français de l’historiographie relative à la Révolution conservatrice et au national-bolchevisme allemands, sur fond d’une identification aux nationalismes de libération du Tiers-Monde. Il s’agit d’une nébuleuse dont les groupuscules ont une existence souvent fugace mais qui entretient un jeu d’influences mutuelles avec la Nouvelle droite. Elle a aussi fourni nombre de cadres au Front national (FN), tel François Duprat (1940-1978) qui parvint à amplement convertir le FN et l’extrême droite à l’antisionisme et à la dénonciation sociale de l’immigration nord-africaine. Deux hommes peuvent servir de bornes temporelles de ce texte : Maurice Bardèche (1907-1998) et Christian Bouchet (né en 1955).

Outre leurs communes références au fascisme, ils ont un point commun biographique : ce sont des intellectuels, docteurs mais tenus à l’extérieur du monde académique. Maurice Bardèche, beau-frère de Robert Brasillach et premier auteur négationniste français (1948), était un universitaire, docteur en lettres, chassé de l’université à la Libération alors qu’il n’avait pas collaboré ; Christian Bouchet est docteur en ethnologie. Il s’agit donc d’intellectuels produisant une véritable vision du monde, et non seulement de militants politisant leur expérience quotidienne. Tous deux se sont intéressés aux mondes arabo-musulmans pour reconfigurer leur credo idéologique. En effet, la mouvance NR a développé une analyse des nationalismes arabes qui a contribué à la rénovation de l’extrême droite ouest-européenne (1). Par-delà ces éléments théoriques, des relations se sont progressivement nouées entre les nationalistes des deux rives de la Méditerranée (2). Dans ce cadre, idéologies et pratiques ont été particulièrement tributaires du rapport à l’islam, qu’il s’agîsse de la fascination pour la révolution iranienne de 1979 ou du virage islamophobe de 1999 (3).

Depuis le congrès de Vérone de 1943, lequel rénova l’idéologie mussolinienne, l’idéal néofasciste est resté axé sur le projet d’une fédération européenne des États nationalistes, engageant la lutte contre la « ploutocratie mondiale », et voulant valoriser  l’Afrique en y prenant appui sur les nationalismes musulmans – soit une poursuite des débats européens de l’entre-deux-guerres sur l’édification d’une « Eurafrique ». Après-guerre, divers anciens partisans de la conception européenne du fascisme se regroupent et mettent en avant cette dimension. Des extrémistes de droite et anciens Waffen SS de diverses nations ouest-européennes lancent en 1951 à Malmö (Suède), le Mouvement Social Européen (MSE). Selon les services de renseignement américains, le MSE disposerait d’une organisation économique euro-arabe en charge de couvrir et financer ses activités : l’European-Arabian Study Commission, proscrivant implicitement toute entreprise française, anglaise ou « juive »[1].

Les Français du MSE bénéficient alors de l’appui financier de la banque Worms et sont menés par Bardèche et René Binet (1913-1957). Les deux hommes avaient déjà  coopéré au sein du Mouvement Socialiste d’Unité Française (1948), premier groupuscule néofasciste français à mettre en avant son antisionisme et à prôner le refus de l’alignement sur les États-Unis en faisant l’apologie de Tito. Il entretint « d’excellents rapports » avec le porte-parole de l’ambassade d’Égypte et de la Ligue arabe[2]. Toutefois, le conflit personnel entre les deux hommes produisit une scission du MSE. Menée par Binet, elle donna jour au Nouvel Ordre Européen (NOE), resté actif jusqu’aux années 1980. Avec la guerre d’Algérie, le NOE épousa des vues de racisme global, acceptant l’indépendance des colonies en échange du rapatriement des immigrés présents en Europe, afin de proscrire tout métissage. Le journal du NOE finit par adopter les thèses des traditionalistes-révolutionnaires italiens (tendance du nationalisme-révolutionnaire intégrant une pratique politique des conceptions de Julius Evola) : il en appela à l’entente avec la Russie et avec la Libye du colonel Kadhafi pour briser la domination juive sur l’Europe, avant que cette dernière n’ait été totalement détruite par l’immigration que la première provoquerait à cet effet[3].

 L’antisionisme de Bardèche ne le mène pas si loin. En charge de définir la théorie de relations internationales du MSE, il dépeint une Europe certes coincée entre Russie asiatique et États-Unis, mais pour lui le colonialisme demeure l’avenir : l’unité des pays d’Europe devrait permettre d’ouvrir leurs colonies à tous leurs citoyens, et permettre ainsi le développement conjoint de l’Afrique[4]. En 1961, Bardèche publia son opus magnum politique, Qu’est ce que le fascisme ? Il y développe sa conception d’un fascisme générique dont l’incarnation présente serait le nassérisme. Il y expose la façon dont l’islam peut être vu comme un mode de régénération politique, considérant que le Coran a « quelque chose de viril, quelque chose de romain pour ainsi dire »[5]. Nasser lui paraît réussir ce qu’a raté le MSE : à la fois la création d’un nationalisme par-delà les États-Nations et l’établissement d’un socialisme « national » non aligné sur le duopole Union soviétique-Etats-Unis. Son propos s’inscrit dans un moment où une part conséquente des extrêmes droites estime que seule l’édification de l’Eurafrique peut à la fois éviter à l’Europe de disparaître de l’histoire et constituer un horizon permettant de sauver l’héritage impérial – il est d’ailleurs à noter qu’en 1967, le suisse Gaston Amaudruz, alors devenu l’animateur du NOE mais qui fut durant la Seconde guerre mondiale le fondateur d’un Mouvement Eurafrique qui prônait une confédération des États d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient, rencontra Nasser, le nazi suisse cherchant son soutien au nom de ce qu’il disait être leur lutte commune contre la « juiverie internationale »[6].

François Duprat, disciple et proche de Bardèche, reprit à son compte ces conceptions et leur donna une traduction militante. En effet, dans la perspective historiographique du fascisme générique, il argue que « le Nationalisme-Révolutionnaire représente une valeur universelle que chaque peuple découvre selon ses modalités propres, tout en se rattachant à un front commun »[7]. Dès lors, les différents exemples historiques de par le monde deviennent autant de sources d’inspiration, autant de modèles moins stigmatisants que ceux des régimes fascistes avérés, autant de démonstrations que l’on appartient à un courant politique dynamique et non disparu. L’accord euro-arabe revêt une grande importance aux yeux de l’ancien partisan de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS, organisation terroriste pro-Algérie française) qu’est Duprat, car, selon lui, c’est au Moyen Orient que se situerait la résurrection du fascisme. Il y a une raison centrale à ce raisonnement : Duprat est un antisémite obsessionnel. Il est celui qui en 1967 fait passer la nazification d’Israël, conçue en Union soviétique et reprise et diffusée par les nationalistes arabes, dans l’extrême droite française. Il est le premier à connecter cet antisionisme radical avec l’antisémitisme et le négationnisme. En outre, comme Bardèche, qui voyait dans les partis Baas une forme de fascisme, Duprat est fasciné, dès le Mouvement Occident (1964-1968), par le parti Baas syrien. Au contraire d’une bonne part de la presse, il ne voit pas le régime s’aligner sur l’URSS mais au contraire être pris en main par des nationalistes pour en faire un « socialisme fasciste »[8].

Ce choix est aussi stratégique : le nationalisme-révolutionnaire français se construit en observant constamment l’attitude des trotskystes. Duprat note la façon dont ceux-ci investissent l’image du Che pour donner une nouvelle jeunesse à leurs conceptions. Les partis Baas joueront le même rôle pour les NR. Lorsqu’il est le stratège d’Ordre Nouveau (1969-1973), le plus important mouvement d’extrême droite de l’après-guerre, Duprat se soucie de cette question « internationaliste » dès la première conférence de presse du mouvement : il y déclare, pour tenter de démontrer la modernité de ses propres thèses, que « les solutions pratiquées dans les pays du tiers-monde sont des solutions néo-fascistes si on les débarrasse des oripeaux marxistes dont elles se couvrent »[9].

Avec le cas syrien, il tient donc un fascisme-régime qui aurait conservé le potentiel social et révolutionnaire du fascisme-mouvement. En effet, il ne fait alors que lire la situation syrienne à l’aune des acquis de l’historiographie du fascisme, ainsi que de certaines grandes idées-forces de la Révolution Conservatrice allemande, comme l’union des peuples de la Périphérie contre ceux du Centre, c’est-à-dire la coalition des « nations prolétaires » (selon la terminologie fasciste italienne) contre les « nations bourgeoises » de l’Occident libéral. Dans le contexte de l’extrême droite française de ces années-ci, cet apport est essentiel, puisque ce camp peine à dépasser la rancune de la perte de l’Algérie et à penser au-delà de la maurrassienne «  France seule » que moquait déjà le fasciste Robert Brasillach. Devenu le numéro 2 du FN, Duprat se spécialise dans des articles sur la politique étrangère dans la presse du parti. Plusieurs cadres du courant formés par Duprat estiment que, sans son apport, jamais Jean-Marie Le Pen ne se serait opposé à la première guerre d’Irak (1991) au nom du multipolarisme, prenant là à contre-courant à la fois son électorat et toute une part de son entourage ; ce qu’il a fait en reprenant, et ensuite sans discontinuer, le slogan lancé par Duprat jadis : « nationalistes de tous les pays : unissez-vous ! »[10].

Le parallèle entre néofascisme et baasisme n’est pas saugrenu. Un très grand nombre des conceptions baasistes recoupent celles des néofascistes (idée de la grande nation, du combat contre sa propre classe dominante à la solde de l’impérialisme, etc.)[11]. Le terme « baas » signifie « renaissance », ce que tout lecteur des travaux de Roger Griffin sur le coeur palingénésique du fascisme générique ne peut que relever. L’utopie de la renaissance européenne et celle de la nation arabe peuvent donc cohabiter séparément dans une idéologie des grands espaces qui peut offrir une stylistique tiers-mondiste et révolutionnaire, tout en assurant un cloisonnement inter-ethnique. Les solidaristes des Groupes Action Jeunesse réclament ainsi l’instauration de « pôles autonomes régionaux (nation arabe, unité africaine, confédération méditerranéenne…) », avec une Europe des Nations souveraines décentralisées et politiquement nationalistes,[12] Marginalisée idéologiquement et moralement, l’extrême droite européenne a eu un besoin impérieux de ce type de procédé rénovateur. On ne saurait donc confondre inspirations, usages et assimilation idéologique. En somme, les référents de politique étrangère sont toujours un matériau de légitimation de ses positions propres, correspondant principalement à ce que l’émetteur du discours veut trouver dans le pays ou mouvement qu’il cite.

La question turque est ainsi révélatrice des lignes de fracture qui parsèment ce champ politique. Les « NR » ont toujours une sympathie politique pour le kémalisme. L’un de leurs principaux doctrinaires en Europe, le wallon Jean Thiriart (1922-1992) finit par considérer que l’Eurasie jacobine dont il rêvait devait avoir pour capitale Istanbul. Lui qui fut, moins qu’il en dit, des réseaux de soutien à l’OAS, devint un grand admirateur du baas irakien.  Il est vrai qu’il avait  une aversion absolue pour les religions en général (alors que Duprat est d’un athéisme paisible), mais considérait l’islam comme une religion particulièrement anti-européenne. Il percevait aussi le kémalisme comme un mode de civilisation des musulmans.  Enfin, Fabrice Robert,  leader d’islamophobes Identitaires au début des années 2000, consacra, lorsqu’il était encore un jeune nationaliste-révolutionnaire antisioniste radical, son mémoire de master d’histoire à l’étude du kémalisme

In fine, quelles sont les convergences idéologiques ? Il y a bien sûr le goût pour les régimes faits d’acier. Il y a la recherche de nationalismes autoritaires qui puissent être des références géographiquement lointaines, donc hors des régimes fascistes européens qui constituent le symbole du mal dans les représentations collectives d’après-guerre, et temporellement proches, pour démontrer que l’on n’appartient pas à un passé révolu. Il y a d’autres raisons : le soutien aux régimes anti-américains ; l’adoption de l’anti-impérialisme ; la réflexion sur la réintroduction de religions civiques après 1945 ; la recherche d’un dépassement des États-nations par un autre procédé que l’édification d’Empires racistes ; et enfin, la progression d’une affirmation laïque – or dénationaliser et déchristianiser l’extrême droite, c’est bien poursuivre la rupture avec Maurras, et donc réinventer l’extrême droite française. Le bilan est donc loin d’être négligeable. Cependant, il correspond moins à une greffe qu’à un usage. Il ne s’agit pas d’adoption mais d’adaptation.

 Relativement aux relations entre nationalistes des deux rives de la Méditerranée, la part du mythe est  épaisse, car si, de la part des NR, arguer de liens avec les nationalistes sud-méditerranéens leur permet de capitaliser un légendaire, de se donner un vernis de sérieux révolutionnaire, cela sert leurs détracteurs ou ceux des nationalistes des mondes arabo-musulmans à conspuer un fantasmatique « islamo-fascisme » – « concept » que récusent tous les historiens du fascisme, mais qui a fait montre de la même capacité polémique que l’assimilation des extrêmes entre eux. Chacun a donc intérêt à la légende. De nombreuses plumes, amies ou ennemies de Duprat, ont ainsi glosé sur les liens qu’il aurait entretenus et les financements qu’il aurait obtenus au sein des mondes arabes et musulmans. Sur ce point, celui-ci moquait toujours auprès des journalistes le fantasme de « l’internationale noire » et prétendait que, s’il avait des contacts dans le monde entier, il s’agissait surtout pour lui d’échanger des publications, l’internationale noire n’étant que celle des « boîtes aux lettres »[13].

De fait, s’il pouvait faire l’éloge du Parti d’Action Nationaliste turc dès 1969, il lui fallu attendre 1978 pour envoyer l’un de ses hommes, le néo-nazi Michel Faci, prendre contact de visu avec les Loups gris. Pourtant, il constitue en 1967 un Centre d’Études et de Documentation des Problèmes du Proche Orient et un Rassemblement pour la Libération de la Palestine. Il est ainsi en contact avec le Parti Populaire Syrien (PPS) dont il apprécie le « style fasciste ». Il est vrai que le PPS, issu du Parti National-Socialiste Syrien, est farouchement antisémite, et a, entre autres, un doctrinaire, Fayez Sayegh, qui a réalisé pour l’Organisation de Libération de la Palestine une brochure assimilant sionisme et nazisme[14].

Par ce biais, Duprat entre en contact avec le bureau parisien de la Ligue Arabe. Sa direction d’alors confirme aujourd’hui que sa mission l’amenait bien à rencontrer des individus de tout l’éventail politique, et que souvent ceux-ci rêvaient de  l’argent du pétrole. Elle explique néanmoins qu’elle ne distribuait pas directement des subsides mais prenait des abonnements en nombre aux publications soutenant la cause arabe. Par ailleurs, si son directeur adjoint reconnaît avoir échangé des points de vue avec Duprat (auquel il vouait une vraie estime intellectuelle) de 1967 à 1972, il récuse de l’avoir financé. De fait, les bulletins antisionistes de Duprat sont d’une extrême modestie et n’évoquent pas l’argent du pétrole… Des séjours au Liban ont été évoqués par des journalistes, mais si les solidaristes français s’y rendirent effectivement pour combattre avec les phalangistes, Duprat considérait ceux-ci comme des agents de « l’impérialisme sioniste » et affirmait aux militants que le sang des nationalistes français devait tomber en France… Certes, il entretint des liens avec le monde arabe, mais démêler la légende est plus forte que le réel. Les journalistes  qui ont affirmé que ses publications négationnistes étaient financées par la Syrie avaient pour source les soutiens néonazis de Duprat, c’est-à-dire des gens issus d’un milieu très ouvert à l’extrapolation, et, en fait, ces publications émanaient des nationalistes britanniques[15]

Le groupe ayant, semble-t-il, entretenu le plus de contacts dans le monde arabe est Jeune Europe, fondé en 1960 sous le nom de Comité d’Action et de Défense des Belges d’Afrique  (et disparu en 1969) par Jean Thiriart. Lui aussi est un ancien des réseaux de soutien de l’OAS. Internationale centralisée en Belgique, Jeune Europe s’est implanté en Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Grande Bretagne, Hollande, Italie, Portugal, Suède, et, hors d’Europe, en Afrique du Sud, au Canada et dans l’espace hispano-américain[16].

L’organisation défend une idéologie d’unification de l’Europe qui entre en consonance avec le nationalisme arabe du Baas. Thiriart tente de promouvoir auprès de ses partenaires nationalistes arabes une collaboration dans le cadre d’une guérilla mondialisée. Il leur propose de former des Brigades Européennes qui apporteraient leur soutien dans la guerre de destruction d’Israël, s’y aguerriraient, et formeraient ainsi le noyau de la future « Armée Populaire de Libération de l’Europe ». La Nation Européenne, organe de presse du mouvement témoigne de ces liens. L’ambassadeur de Syrie à Bruxelles, celui d’Irak à Paris, des dirigeants algériens, s’y sont exprimés. Le journal est diffusé en Algérie par une société d’État et Thiriart rencontre le chef de l’État algérien en juillet 1968. Quelques semaines après, le militant wallon est reçu en Irak, au Liban et en Égypte où il participe au congrès de l’Union socialiste arabe. Le journal est subventionné par la Ligue arabe et l’Organisation de Libération de la Palestine. Il semblerait que ce soit le soutien de celle-ci qui lui ait permis de tenir financièrement. Mais, lorsqu’Ahmed Choukeiry est remplacé par Yasser Arafat à la tête de l’OLP, le journal et le mouvement disparaissent. Malgré tout, les liens avec le monde arabe furent considérés comme si intenses que, dans les archives des services secrets portugais sous Salazar, on peut retrouver des accusations portées contre Jeune Europe décrivant ce groupe comme étant« lié aux services de renseignements de certains pays arabes » – considération dont il n’est pas impossible qu’elle soit due aux talents d’intoxication de Thiriart[17].

Les réseaux tissés autour de Jean Thiriart ont perduré au-delà de lui et se sont hybridés aux autres réseaux transnationaux. Un homme comme Gilles Munier, cadre algérois de Jeune Europe, en est un exemple. On ne cesse de le croiser dans le soutien des divers régimes nationalistes arabes. Agent littéraire de Saddam Hussein, il est le secrétaire général de l’association Amitiés franco-irakiennes qui organise autour de sa cause des rencontres de soutien avec des personnalités issues de l’ensemble du champ politique français, et qui, début 2003, mena une mission de « Volontaires européens pour la paix » à Bagdad. Gilles Munier a été l’un des inculpés en 2005 du scandale « pétrole contre nourriture »[18].

De cette affaire trouble, on retiendra que l’un des otages occidentaux pris par Saddam Hussein avant la seconde guerre du Golfe avait d’ailleurs pour avocat Daniel-Louis Burdeyron, un ancien cadre du NOE. Inspiré par l’Italien traditionaliste-révolutionnaire Claudio Mutti[19], Burdeyron devint un fidèle de Duprat. Dans l’agit-prop pro-syrienne, on retrouve en 2011 des cadres NR, tels que Christian Bouchet. De fait, lors des deux guerres du Golfe, les NR ont soutenu le régime du parti Baas irakien de Saddam Hussein – sans tenir compte de sa délaïcisation entre les deux -, et en ont profité pour fortement souligner que cette guerre était l’œuvre de « l’impérialisme américano-sioniste ». A noter que les nationalistes révolutionnaires français étaient alors dirigés par  Christian Bouchet qui se définit comme un disciple tout à la fois de Duprat et de Thiriart.

En 1991, Christian Bouchet est le secrétaire général du mouvement Troisième Voie. Il adresse alors aux militants une note qui précise le sens de l’opposition à la guerre : « Des rapprochements/collaborations avec des cercles arabes ou musulmans anti-impérialistes (a priori les futurs facteurs de déstabilisation du Système) sont probables et souhaitables. Dans ce cas on insistera sur un discours ethnodifférencialiste[20]. » 

À côté de ce rôle de militant, Christian Bouchet a une activité d’éditeur et de passeur d’idées. En effet, sa maison d’édition, Ars Magna, diffuse les traductions françaises d’œuvres de Michel Aflak[21], ainsi que la brochure susdite de Fayez Sayegh. En 2007, dans le cadre de l’association Égalité et Réconciliation[22], il donne une conférence, où il défend la compatibilité de l’islam et du nationalisme[23]. Ayant rejoint le FN de 2008 à 2015, il s’est alors fait discret sur ses références tant historiques que géopolitiques.

L’association Égalité et réconciliation fondée en 2007 est un cas exemplaire. Menée par l’agitateur antisémite Alain Soral, regroupant un temps des cadres convertis à l’islam et se revendiquant de Duprat, en lien avec l’agitateur antisémite noir Dieudonné et sur une ligne très favorable à l’Iran, elle a été lancée dans le but de trouver des candidats « issus de la diversité » pour le FN, afin de contribuer à la stratégie de normalisation médiatique.

On doit au passage d’Alain Soral dans le parti lepéniste,  une fameuse affiche du FN avec une beurette baissant le pouce. Néanmoins, les tentatives de construction de « nouvelles convergences » entre nationalistes-révolutionnaires et populations d’origine immigrée ont été des échecs. Mais, à l’instar de son père, Marine Le Pen a puisé dans le réservoir de cadres et d’idées de l’extrême droite radicale pour doter son parti d’une colonne vertébrale idéologique en matière de politique étrangère. La présidente du FN a conservé de nombreux thèmes de politique étrangère de cette nébuleuse (dénonciation de l’Empire, orientation à l’Est, etc.). Cependant, il est patent que les réseaux NR ne permettent pas de légitimer les régimes, les néofascistes ne constituant pas une porte d’entrée auprès des opinions publiques européennes. L’association européenne de soutien à la Libye de Kadhafi a toujours été gérée par des NR (Christian Bouchet puis le Parti Communautariste national-européen, disciples de Thiriart) et elle n’a servi à rien ni lors du retour en grâce du dictateur ni lors des prémisses de la guerre de 2011 – malgré sa tentative de créer un « buzz » anti-impérialiste sur le net. Par ailleurs, il est parfois délicat de savoir où finit la subversion anti-impérialiste pro-arabe et où commence la barbouzerie occidentale[24].

L’introduction du référent islamique dans l’extrême droite radicale française, ainsi que son retournement islamophobe, sont en fait d’abord dûs à son souci d’imitation de l’étranger. Au début des années 1970, Bardèche puis l’ancien Waffen SS Yves Jeanne, proche du MSE puis du NOE avant de rejoindre la World Union of National-Socialists, ont introduit en France les écrits politiques de Julius Evola. C’est ainsi que la pensée traditionaliste de René Guénon[25], puis l’adoption du référent iranien par les groupes NR italiens à partir de la Révolution islamique de 1979, se sont exportés en France. À la suite du groupe néofasciste italien Terza posizione, les NR français ont commencé à louer en l’Iran un régime anti-impérialiste et anti-matérialiste perçu comme la possible première révolution traditionaliste évolienne de l’Histoire.

Le marqueur n’est donc pas en soi une sympathie particulière pour la religion musulmane mais pour une « vision du monde », et c’est sans contradiction que le Mouvement Nationaliste-Révolutionnaire français en 1979 se flatte de compter dans ses rangs les seuls étudiants français invités à l’Union Nationale des Étudiants Irakiens, organisation baasiste, manifeste avec des associations turques, et exalte la révolution iranienne[26]. La Nouvelle Droite française suit, et bientôt Alain de Benoist (par ailleurs ami de l’islamologue Sigrid Hunke) loue le régime de Khomeyni en le qualifiant de « traditionaliste-révolutionnaire »[27], s’inscrivant ainsi implicitement dans cette dynamique. Il faut noter que, dès sa création quelques années avant, la source d’inspiration essentielle de la Nouvelle Droite fut  la réactualisation de la Révolution conservatrice allemande, qui avait aussi influencé Evola et les NR. Or, Stefan Breuer fait justement remarquer que la postérité de cette Révolution conservatrice est à Téhéran plus que nulle part ailleurs[28].

Néanmoins, le jeu de références à l’Iran qui est lancé doit être mis en perspective endogène. Jusque-là, il y avait le « socialisme européen », le « nazi-maoïsme », « le national-bolchevisme », etc. Claudio Mutti, quant à lui, se revendique désormais d’un « chiisme européen ». On est là dans un usage poétique de l’oscillation idéologique. C’est le goût des oxymores politiques, le terme « chiisme » venant ici remplacer le terme « socialisme » avant le qualificatif « européen » de l’époque où les groupes du NOE se disaient « socialistes-européens » : le substrat idéologique ne varie pas, Mutti reste avant tout un aryaniste évolien. Cela reste du domaine de l’esthétique des « réprouvés », si typique du néofascisme. Alors que dans les années 1970, le référent marxiste s’est écroulé, que les partis communistes ne sont plus une issue révolutionnaire et que la financiarisation de l’économie et l’atomisation sociale sonnent le glas de l’ère industrielle, les NR cherchent de nouveaux termes et thèmes clivants. Ce qui porte une charge subversive n’est plus le référent à gauche mais le référent islamique. Autant dire que si depuis la chute de Mussolini, le terme de « Révolution » était chez les fascistes plus une métaphore, un terme poétique, qu’un programme, on assiste ici à un phénomène du même type. L’islam permet en fait de renouer avec la charge subversive du premier fascisme, du fascisme-mouvement, mais dans un contexte géopolitique où l’horizon n’est plus marqué par le socialisme russe mais par l’Iran.

Au sein de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist et Guillaume Faye poussent au soutien à la non-assimilation des immigrés et à leur repli communautaire dans des formes religieuses traditionnelles, de Benoist soutenant d’ailleurs que l’islamisme est un rempart à l’occidentalisation du monde. Cette ligne ethnodifférencialiste radicale est également celle des NR, en particulier de Christian Bouchet, ancien étudiant de l’anthropologue radical Robert Jaulin. C’est ainsi qu’en 1991, lors de l’affaire du port du voile à l’école, sa formation, Nouvelle résistance, qu’il fonde la même année[29],  lance un tract : « Le tchador j’adore ». Un autre tract compare l’exclusion des lycéennes voilées au pogrom de Rostock (1992), ayant pour titre un slogan que l’on retrouve régulièrement dans sa presse : « Halte au racisme antimusulman ! ». Dans les colonnes du bulletin interne de l’association, seul l’islam figure dans la rubrique « Résistance au nouvel ordre mondial » – son responsable étant ensuite, après 2001, passé par diverses formations islamophobes. Christian Bouchet, admirateur des régimes laïcs, est d’ailleurs depuis des années victime de rumeurs qui le présentent comme un contact des réseaux salafistes.

Pour le manifeste idéologique de Nouvelle résistance, qui réunit alors l’essentiel de l’extrême droite extra-parlementaire européenne dans un Front Européen de Libération (FEL), fondé en 1991[30], il faut promouvoir la communautarisation des immigrés : « Le retour de ceux-ci à terme dans leur pays nécessite le respect de leurs langues, de leurs cultures, de leurs coutumes et de leurs croyances. Donc qu’une autonomie religieuse, culturelle et scolaire leur soit accordée[31]. » L’idée que l’islam politique et l’extrême droite européenne représentent conjointement des cellules de résistance au mondialisme et à l’axe américano-sioniste est alors d’ailleurs reprise par Identité, la revue théorique du FN, sous l’influence des cadres issus de la Nouvelle Droite. Cependant, plusieurs éléments vont réorienter les nationalistes. En effet, la thématique ne s’avère guère porteuse en termes d’adhésions. Un rapport interne signé de Christian Bouchet spécifie : « Quant à l’immigration, notre ethno-différentialisme et notre orientation pro-arabe en politique étrangère nous ont largement incapacités et privés d’un thème de recrutement porteur… nous n’avons jamais été capables d’articuler une position théorique cohérente et porteuse, ce qui constitue pour nous une grave lacune[32]. »

Ces difficultés existent au niveau national comme au niveau européen. Le Parti Communautariste national-européen, fondé en 1984 à Bruxelles par Luc Michel, se brouille ainsi avec le FEL et fustige désormais en ses anciens alliés des valets de l’Iran favorisant une islamisation de l’Europe. Plusieurs autres groupuscules se rangent à ses côtés dans cette guerre interne à l’extrême droite radicale où la question de l’islam est avant tout un instrument de différenciation. Or, il s’avère qu’un proche du PCN écrit dans sa presse : Yves Bataille, vieux cadre NR français. Celui-ci est devenu un résident yougoslave, et son épouse est une collègue de Radovan Karadzic, psychiatre devenu par la suite leader de la mouvance ultra-nationaliste des Serbes de Bosnie durant la guerre en ex-Yougoslavie (1991-1995). Au cours de ce conflit, les nationalistes serbes, habitué depuis vingt ans déjà à dénoncer les intentions génocidaires des Musulmans yougoslaves à l’encontre du peuple serbe, arguaient que leur guerre n’était pas impérialiste mais constituait la légitime défense d’un pays européen contre un projet totalitaire d’édification d’un État islamiste[33]. De son côté, Yves Bataille se mua en lobbyiste pro-serbe, enchaînant les articles dans la presse occidentale, liant les thématiques pro-serbes à la dénonciation classique chez les NR de « l’impérialisme américano-sioniste », et affirmant sa volonté d’édification d’une Eurasie alliée à la Nation panarabe[34]. Il introduit ainsi l’argumentaire serbe et affirme que la guerre en ex-Yougoslavie s’expliquerait par la volonté américano-sioniste de perpétuer son hégémonie sur l’Europe en la déstabilisant par la création d’une République islamique[35]. La question de l’interprétation de la place de l’islam en Europe contribue ainsi à la désintégration du FEL.

Après cet échec, Nouvelle résistance s’est transformée en 1998 en Unité radicale, mouvement qui exalte le combat des Palestiniens kamikazes, et cite volontiers Ben Laden en exemple. Il s’agit d’un mouvement antisioniste radical, où, par une esthétique du martyre, la cause palestinienne se conjugue avec les figures de Drieu la Rochelle et de Mishima. Mais cette orientation crée des troubles. En effet, sous l’influence du néo-droitier jadis anti « américano-sioniste » Guillaume Faye, qui exalte désormais le projet de « Reconquista » et affirme que les viols collectifs qui font à ce moment la une de l’actualité française sont des actes d’épuration ethnique qui visent à terme à instaurer une république islamique en France, une part du mouvement évolue vers des slogans identitaires et islamophobes : « islam hors d’Europe », etc.

Le changement des radicaux s’inscrit dans une radicalisation de la norme. Si l’extrême droite groupusculaire est la première à relayer les thèmes de la propagande serbe, elle est rapidement rejointe par des gens d’autres horizons politiques. Unité radicale participe au Mouvement National-Républicain de Bruno Mégret. Celui-ci dès 1999, après avoir scissionné du FN en en emmenant l’essentiel des élus, cadres et militants, reprend les thématiques sur l’islamisation de l’Europe afin de se différencier du FN jugé cosmopolite (chanteuse noire chauffant la salle avant l’entrée de Jean-Marie Le Pen, présence du cadre Farid Smahi, portant un discours d’opposition euro-arabe au « sionisme », etc.). La concurrence entre les deux partis oblige à cette surenchère. A partir de la guerre du Kosovo, l’on assiste au sein de l’extrême droite à un vaste mouvement de nazification de l’islam, qui produit un retournement lexical et idéologique inédit depuis l’ère ouverte par Duprat en 1967.

Si la prépondérance prise par les Identitaires dans l’extrême droite hors FN montre que l’islamophobie est devenue majoritaire, Christian Bouchet a maintenu une ligne NR avant de devenir cadre frontiste, avec un réseau, un site (voxnr.com) et une revue (dont les deux premiers hors-séries furent sur Ben Laden puis sur les rapports entre islam et nationalistes français) qui ne cessaient de soutenir l’Iran. En 2002, il a néanmoins publié une étude sur l’islamisme, manifestement inspirée par Gilles Kepel, allant dans le sens du passage à une orientation post-islamiste : « Aujourd’hui l’Occident tremble devant l’islamisme, alors que celui-ci n’est plus que l’ombre portée de sa grandeur. […] Qu’on nous comprenne bien. L’islamisme […] existe toujours et il est toujours capable de mobiliser des foules. Ses éléments les plus extrémistes sont capables d’organiser des opérations médiatiquement impressionnantes. Soit. Mais les jeunes Iraniens ou les jeunes Pakistanais (voire, à un moindre degré, les jeunes Afghans), ont tous un parent proche ou éloigné à l’étranger et ils regardent tous, ou presque, les chaînes par satellites. Le monde moderne et ses valeurs ne leur sont pas étrangers. […] Dans les pays où il a accédé au pouvoir, l’islamisme n’a pas ‘‘changé la vie’’, il n’a pas apporté une alternative au monde moderne, mais uniquement, revêtu d’une chape de moraline la modernisation de la société. En ce sens, son échec est total et c’est pour cela que, à terme, il est appelé à disparaître[36]. »

Selon Christian Bouchet, la thèse du choc des civilisations a pour but d’empêcher la construction d’un monde multipolaire. La guerre du Liban de 2006 serait une attaque concertée menée par un Occident porteur de « l’idéologie du Même » contre une nation arabe multi-confessionnelle. À l’université d’été d’Égalité et Réconciliation en 2008, il revendique son appartenance à une longue tradition de non-hostilité à l’égard de l’islam de l’extrême droite française. Mais il y abandonne l’ethnodifférencialisme radical, promouvant dorénavant un islam de France de type assimilationniste et républicain. Lors de cette intervention, il considère que le redéploiement des cartes idéologiques autour de la question de l’islam comme éventuel ennemi intérieur commun signifie que le clivage droite/gauche constitué depuis le XIXe siècle a vécu, et que cela vaut pour une extrême droite qui, de fait, selon lui, n’existerait plus. L’occidentalisme aurait redistribué l’ensemble des cartes politiques.

Fondamentalement, l’extrême droite radicale française n’est pas plus pro-islam qu’anti-islam, il s’agit d’affaires d’opportunités et de situations. Chez les NR, l’affaire algérienne est passée de longue date, alors qu’elle continue à peser mémoriellement sur une part notable des nationaux-populistes – et participe de la tentation terroriste après les attentats de 2015, vécus comme une troisième mi-temps de la guerre d’Algérie par une partie de l’extrême droite. Pour les NR, l’usage de l’islam ou de la référence au nationalisme arabe relève d’un bricolage idéologique, et doit se comprendre comme un jeu d’hybridations et d’identifications mutuelles avec leurs référents arabo-musulmans, de la même manière que les divers mouvements nationalistes européens ont coutume de se positionner les uns en fonction des aux autres. Certes, il existe des points communs entre les radicaux des deux rives. Il existe quelques points de convergence idéologiques (étapes révolutionnaires de l’édification d’un nouvel ordre international de nature social-nationaliste) et stratégiques (leur premier objectif revendiqué est la destruction de « l’entité sioniste » jugée synonyme d’impérialisme) qui démontrent que l’entente ne saurait se limiter à un vulgaire effet mimétique.

On remarquera par ailleurs la plasticité idéologique dont le mouvement NR a su faire montre : par exemple, on retrouve des strates du raisonnement des divers champs nationalistes dans le propos pourtant violemment occidentaliste d’Anders Breivik. Mais une bonne part du discours autrefois axé sur le complot sioniste s’est désormais glissée dans la dénonciation de l’« Eurabia », théorie du complot quant à la soumission démographique et culturelle de l’Europe par un « Islam » totalisé

Pour autant, dans l’ensemble, ces extrémistes ne proposent pas une conception tellement différente de celle qui prévaut dans le reste du champ politique. Sur la question de l’islam, depuis la guerre du Kosovo, les thèses de l’extrême droite radicale française sont, volens nolens, amplement à l’ombre de celle du pouvoir serbe, de la réaction française, et du néo-conservatisme états-unien – nombre d’anciens antisionistes radicaux ayant même fini par prôner le soutien à Israël. La désignation de la société post-moderne désindustrialisée et atomisée que les cadres NR imputaient au Nouvel ordre mondial américano-sioniste, les mêmes cadres devenus « identitaires » l’ont fait passer sous le manteau d’« Eurabia » et du « Grand remplacement ». Ce thème touchant un public beaucoup plus large, il est donc loisible de se demander si ces militants, qui paraissent représenter un créneau amplement dévalorisé politiquement, ne seraient pas avant tout une avant-garde, préfigurant les interrogations, ou les crispations, de la rive Nord à l’égard de la rive Sud de la Méditerranée.


[1]Central Intelligence Agency, «The fascist international »,  9 janvier 1956, p. 2, FOIA 519a6b28993294098d51133c

[2].Direction générale de la sûreté nationale, « Un nouveau parti politique extrémiste, le Mouvement socialiste d’unité française, se réclame de l’idéologie nationale-socialiste et raciste », 26 novembre 1948, p. 3, AN/4AG/76.

[3]. L’Europe réelle, mai 1976.

[4]. Maurice Bardèche, L’Œuf de Christophe Colomb, Paris, Les Sept Couleurs, 1951.

[5]Maurice Bardèche, Qu’est ce que le fascisme ?, Sassetot-le-Mauconduit, Pythéas, 1995 (première édition : 1961), p. 127.

[6]. Damir Skenderovic et Luc van Donge, « Gaston-Armand Amaudruz, pivot et passeur européen », in Olivier Dard (dir.), Doctrinaires, vulgarisateurs et passeurs des droites radicales au xxe siècle (Europe-Amériques), Berne, Peter Lang, 2012, pp. 211-216

[7]François Duprat, Le Manifeste nationaliste-révolutionnaire, Dossiers Nationalistes, Supplément numéro deux aux Cahiers EuropéensNotre Europe, 1976, p. 1.

[8]François Duprat, Le Néo-fascisme dans le monde arabe et en Amérique latine, Supplément à la Revue d’Histoire du fascisme, 1974, p. 2 et p. 23 ; idem, L’Agression israélienne et ses conséquences, Défense de l’Occident, numéro spécial, juillet-août 1967 p. 3 ; idem, Le Fascisme dans le monde, Défense de l’Occident, numéro spécial, octobre-novembre 1970 pp. 51-52 ; Occident-Université, 26 avril 1966.

[9]Alain Rollat, Les Hommes de l’extrême droite. Le Pen, Marie, Ortiz et les autres, Paris, Calmann-Lévy, 1985, p. 50.

[10] François Duprat, Le Fascisme dans le monde, 1970, p. 28.

[11]Michel Aflak, A propos du mouvement du Ba’th arabe, s.e., Nancy, 1990, pp.6-15 ; idem, Impérialisme et sionisme, Ars, Nantes, s.d., pp.6-8.

[12]Cahiers du solidarisme, n°1 et n°3, 1976 ; Jeune Garde solidariste, octobre-novembre 1975.

[13]Grégory Pons, Les Rats noirs, Paris, Jean-Claude Siméon, 1977, p. 65.

[14]Fayez Sayegh, Le Colonialisme sioniste en Palestine, Nantes, Ars, s. d. ; François Duprat, L’Agression israélienne, 1967, p. 10.

[15] Cf. Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard, François Duprat, l’homme qui inventa le Front National, Paris, Denoël, 2012, pp. 81-89.

[16] DCRG, « Le Mouvement « Jeune Europe » », Bulletin mensuel confidentiel Documentation-Orientation, septembre 1965, p. 17 et p. 20, AN F7 15584.

[17] « Jean Thiriart in Cairo and Bagdad », Patterns of Prejudice, vol. 3, 1969, pp. 22-23 ; Frédéric Laurent, L’Orchestre noir, Paris, Stock, 1978, p. 133 ;  Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France, Lyon, Presses universitaires de Lyon., 1992, pp. 50-51.

[18] Scandale de corruption lié au programme « pétrole contre nourriture » qui permettait à l’Irak de Saddam Hussein de commercialiser une partie de son pétrole en échange de biens de première nécessité.

[19] Voir Stéphane François et Olivier Schmitt, « L’extrême droite et le monde : une vision “alternative” des relations internationales », Interrogation ?, n°21, 2015, http://www.revue-interrogations.org/L-extreme-droite-francaise.

[20] Christian Bouchet, Circulaire SG/91/1, 4 février 1991 (document interne).

[21]  Michel Aflak (Damas 1910-Paris 1989) était un homme politique et un enseignant syrien, fondateur du parti Baas.

[22] À cette époque, Alain Soral, le fondateur d’Égalité et Réconciliation, soutenait encore le FN.

[23] Christian Bouchet, Islam et combat national. Pour une approche pragmatique, Nantes, Ars Magna, 2008.

[24] Cf. Abel Mestre et Caroline Monnot, Le Système Le Pen. Enquête sur les réseaux du Front National, Paris, Denoël, 2011.

[25] René Guénon (Blois 1886-Le Caire 1951) était un ésotériste français, théoricien de la « Tradition », converti à l’islam en 1912. Il développait une philosophie antimoderne fondée sur l’analyse de doctrines de différentes religions « traditionnelles » (islam, hindouisme notamment). Sur Guénon, cf. Jean-Pierre Laurant, René Guénon, les enjeux d’une lecture, Paris, Dervy,‎ 2006.

[26] Jeune Nation solidariste, 29 novembre 1979 ; MNR, Courrier intérieur, 21 janvier 1980 (document interne). Le MNR est fondé en 1979. Il donne naissance à Troisième Voie en 1985.

[27] Le Monde, 25 août 1987.

[28] Stefan Breuer,  Anatomie de la Révolution conservatrice, Paris, Maison des sciences de l’Homme, 1996, p. 237.

[29] Nouvelle Résistance naît de Troisième Voie, et disparaît en 1998, pour laisser la place l’année suivante à Unité Radicale.

[30]  Il fut dissous en 2002, remplacé par le Réseau Géopolitique Européen.

[31]   Pour la Cause du peuple. Manifeste de Nouvelle Résistance, Ars Magna, Nantes, 1997, s.p.

[32]   3° congrès de Nouvelle Résistance Motion présentée par le secrétariat général de l’organisation, p.3  – document interne.

[33] Xavier Bougarel « Travailler sur l’islam dans la Bosnie en guerre », Cultures & Conflits, n°47, 2002, pp. 49-80 ; Jacques Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides, Le Seuil, Paris, 2005, p. 33.

[34]Entretien d’Yves Bataille avec Nicolas Lebourg, 21 juin 2004.

[35]Yves Bataille, « Chronique d’un embrasement annoncé », Nation Europe, janvier-mars 1995.

[36] Chistian Bouchet, L’Islamisme, Puiseaux, Pardès, Collection B.A.-BA, 2002, pp. 109-110.

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