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From Marseille, with rage

Par Guillaume Origoni

« Marseille, c’est pas la France ! ». Ce manifeste est revendiqué à la fois par les Marseillais qui déclarent ainsi l’amour qu’ils portent à leur ville, et par les détracteurs de la cité phocéenne, pour lesquels elle évoque la délinquance, la saleté et la mixité ethnique. La période historique que traverse notre nation prend une forme singulière à Marseille, car, oui, Marseille ce n’est pas la France. Elle est un concentré de tout ce qui est dysfonctionnel dans le pays.

La ville traverse également une période historique qui lui est propre. Les huit personnes qui ont perdu la vie dans l’effondrement des immeubles vétustes du centre-ville le 5 novembre dernier constituent une blessure profonde et pérenne. Les Marseillais demandent justice et maintiennent une pression permanente sur l’exécutif local qui, à l’image de l’exercice du pouvoir national, se heurte à une détermination trans-classes.

Les manifestations locales, à l’initiative du collectif citoyen du « 5 novembre »,  se télescopent avec le mouvement des Gilets jaunes. Ce point d’impact des colères catalyse l’état de siège dans lequel se trouve le centre-ville depuis un peu plus d’un mois. On les donne à voir dans les photographies ci-dessous, placées ici dans leur ordre chronologique, que j’ai prises au gré des manifestations des premiers et huit décembre.

On trouve donc dans ces images une population émeutière qui prospère en marge des revendications nationales et locales. Sur le terrain, il est très difficile de comprendre quels sont les groupes qui harcèlent les forces de l’ordre, dont on ne peut que souligner le professionnalisme, exception faite de la BAC, objet d’un nombre important de plaintes.

Vous croiserez sur ces clichés les clubs de supporters habitués des affrontements avec la police, des « totos », des antifas, des Gilets jaunes et la jeunesse du centre ville, car, souvenez-vous que « Marseille c’est pas La France ! » et que c’est en son centre que l’on trouve aussi ses quartiers les plus pauvres.

Cette mini-Apocalypse a bien lieu sous nos yeux en ce moment même. Elle fait irrémédiablement penser à une séquence du film de Francis Ford Coppola :  » Voyez-vous Capitaine Willard, dans cette guerre tout n’est que confusion sur le terrain… ». Marseille est à la fois la ville qui a abrité Arthur Rimbaud et qui a vu naître Jul.

 

Marseille, premier décembre 2018 :






















Marseille, le huit décembre 2018 :











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