Nazis dans le rétro : ce que l’attentat de la rue Copernic nous raconte de l’extrême droite française
Le 3 octobre 1980, il y a trente-quatre ans quasiment jour pour jour, un attentat à la bombe visait la synagogue de la rue Copernic à Paris, faisant quatre morts.
Ce jour là, un coup de fil est passé à l’AFP, revendiquant l’attentat au nom d’un groupuscule néonazi déjà associé depuis deux ans à plusieurs attentats non meurtriers, la Fédération d’action nationaliste et européenne (FANE). Alors que l’émoi est vif, le Premier ministre Raymond Barre tient un propos effarant en parlant d’un «attentat odieux qui voulait frapper des Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic». Quant au président de la République Valéry Giscard d’Estaing, il ne réagit pas, il ne se déplace pas, il n’en parle pas pendant cinq jours…
La presse, toutes tendances confondues, est obsédée par le «terrorisme noir» qui, en quelques semaines, a aussi ensanglanté l’Italie (l’attentat de la gare de Bologne, le 2 août) et l’Allemagne (l’attentat de l’Oktoberfest, le 26 septembre). Si ces attentats sont effectivement le fait d’extrémistes de droite, celui de la rue Copernic, bien qu’en fait l’œuvre d’un commando palestinien, est amalgamé à ce contexte. Estimant que les terroristes néonazis jouissent de l’impunité, des activistes juifs attaquent les militants de la FANE. Mais les marges sont complexes: c’est en fait un militant sioniste infiltré à la FANE qui a passé le coup de fil à l’AFP…. FANE qui, après s’être autodissoute en juillet 1980 pour se transformer en Faisceaux nationalistes-européens, est interdite par l’Etat. Pour cause de vices de forme, elle le sera même de nouveau à deux reprises en 1985 et en 1987.
Outre la date commémorative, il est aujourd’hui d’autres raisons de repenser à cet épisode. 34 ans après les faits, le principal suspect, Hassan Diab, devrait être extradé du Canada vers la France. Plusieurs articles de presse ont évoqué récemment Minh Tran Long, l’un des anciens de la FANE, devenu prestataire de service du marinisme triomphant. Après la dissolution des groupuscules nationalistes en 2013 et l’éventualité d’une dissolution de la Ligue de Défense Juive cet été, avec les récurrents débats autour de la violence antisémite en France, c’est aussi l’occasion de comprendre les agissements de marges radicalisées.