Sans rémission [plus que dix jours]
Plus que dix jours. Le monde n’a plus que dix jours à vivre et personne ne pourra rien y faire. Phil, lui, est condamné depuis longtemps. Il n’espérait plus que le monde mourrait avant lui. Alors il l’observe s’effondrer, au jour le jour, du haut de l’appartement minable où il est terré.
Deux agonies.
Deux condamnations sans rémission.
J-10
Finalement, moi qui étais prêt à mourir il y a vingt minutes encore, j’avoue que tout compte fait, j’aimerais bien tenir encore ces derniers 9 jours, 11 heures et des poussières, par simple curiosité. Dit comme ça, je sais que ça peut paraître terrible, mais il se peut que ça soit beau, grandiose même : une sorte de jaillissement venu du ventre de la terre, un feu d’artifice en noir et gris, des couleurs sombres seulement, un mélange de terre, de béton, d’eau, de lave en fusion… Je vais peut-être vite déchanter…
J-9
Moi, je continue comme si de rien n’était. Je ne suis qu’un vulgaire spectateur du cataclysme […].
J-8
Rien qui permette de justifier la panique à laquelle on cède. Rien d’ostensible du moins. Des preuves ! Donnez-leur des preuves ! Il reste quelques jours à peine, il serait temps d’abattre ses cartes, de révéler son jeu.
j-7
Rien de changé, je finis de débouler la pente.
J-6
je les envoie au diable, crever en enfer.
Extraits de Justine Jotham, Sans Rémission, Airvey, parution mars 2013.