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La SERP, maison de disque d’extrême droite 

Sculpture de David Rinman

Première parution : Jonathan Preda et Jonathan Thomas, « Jean-Marie Le Pen, éditeur de disques à la gloire du IIIe Reich. Le procès contre la SERP et ses conséquences», RevueAlarmer, mis en ligne le 5 avril 2022.

En février 1963, Jean-Marie Le Pen est sans emploi. Ses amis, parmi lesquels l’ancien député d’Alger Philippe Marçais, l’ancien Waffen SS Léon Gaultier, et Pierre Durand, futur trésorier du Front national, tentent de lui trouver un gagne-pain. Ils fondent alors, avec Jean-Marie Le Pen, la Société d’études et de relations publiques (Serp).

Lancée par des partisans de l’Algérie française moins d’un an après les accords d’Évian et dans le sillage des procès de l’OAS, cette entreprise d’études et de relations publiques est un échec. Dans le même temps, Pierre Durand distribue avec succès les disques d’un enregistrement clandestin de la plaidoirie de Jean-Louis Tixier-Vignancour, avocat et ancien membre du gouvernement de Vichy, qu’il avait prononcée pour la défense du fondateur de l’OAS, le général Salan. Voyant là une belle opportunité de gagner de l’argent tout en diffusant ses idées et celles de son entourage politique, Le Pen décide de reconvertir la Serp en maison de disques. Son catalogue est d’abord marqué par la perte de l’Algérie française, proposant notamment une histoire en quatre disques de la Guerre d’Algérie centrée sur sa période gaullienne. Outre des titres antigaullistes, le catalogue façonné par Le Pen accueille rapidement d’autres thématiques d’extrême droite. Les albums discographiques de la Serp montrent et font entendre des documents historiques, souvent accompagnés d’un texte de présentation et de commentaires parlés.

Ces disques sont vendus à la boutique parisienne de la Serp, par correspondance, ou dans des librairies. À l’été 1965, ils le sont également en marge de la campagne électorale, dirigée par Le Pen, de Tixier-Vignancour, premier candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle. Pour profiter de ce contexte commercial favorable, la Serp commence à publier à partir d’août 1965 une série de quatre albums retraçant l’histoire du IIIe Reich. Ils donnent à entendre des discours d’Hitler et de hauts dirigeants nazis, ainsi que des chants de propagande et des ambiances de meetings de masse. Le premier d’entre eux, « Le IIIe Reich 1 – Voix et chants de la révolution allemande », est immédiatement attaqué pour « apologie de crime de guerre » par le procureur de la République, le Réseau du souvenir (une association de déportés) et le Comité d’action de la Résistance animé par Madeleine Fourcade. Le Pen est accusé en tant que gérant de la Serp, ainsi que toutes les personnes ayant conçu et produit ce disque. Perdant ce procès en décembre 1968, il comprend que la ligne éditoriale de son entreprise doit changer afin d’éviter de mettre en danger son activité commerciale, mais aussi son existence politique. Ce disque représente ainsi un point d’inflexion dans l’histoire de la Serp et de celle de l’engagement politique de Le Pen. 

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