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De la militance antifasciste à la violence politique contre le Front national

Source inconnue.

Première parution : Guillaume Origoni, « Les Francs-Tireurs Partisans, de la militance antifasciste à la violence politique contre le Front National », Nicolas Lebourg et Isabelle Sommier dir., La Violence des marges politiques des années 1980 à nos jours, Paris, Riveneuve, 2017, pp. 53-68.

Les Francs-Tireurs Partisans (FTP) sont un groupuscule anarcho-libertaire basé à Marseille qui a eu recours à la violence entre 1991 et 1998. Se définissant comme antifascistes, ils ont concentré l’essentiel de leurs actions – 12 attentats – contre les représentations du Front National (FN) dans la région. Ils étaient structurés autour d’Yves Peirat, du reste seul membre officiel de l’organisation.

Toutefois, suite à une série d’attentats à l’explosif perpétrés principalement au cours de l’année 1998, deux autres individus ont été placés en garde à vue. La structure réelle des FTP reste donc à déterminer. Mais au vu des enquêtes et de l’instruction du dossier par la justice, il ne peut être mis en doute que les actions du groupe sont la résultante de la volonté d’Yves Peirat. Il semble en outre, sans que cela ait pu être démontré ni par les enquêtes policières, ni par le dossier d’instruction, qu’il existait au sein des FTP ce que nous nous proposons de qualifier des “conseillers”. En effet, lors de la recherche réalisée sur ce groupe, il est apparu que trois personnes, à ce jour non identifiées, ont fait office à la fois de caution morale et idéologique, en incarnant une continuité du combat antifasciste, quant à la conduite et la nature des actions des FTP. La garde à vue faisant suite à l’arrestation d’Yves Peirat, de William Ferrari et d’Albert Peirat aboutit le 15 octobre 1999 à la détention provisoire des deux premiers et à la remise en liberté sous contrôle judiciaire du troisième homme, l’instruction n’ayant pas permis de prouver sa participation à une quelconque action des FTP1.

L’enquête porte sur une série de destructions matérielles avec utilisation d’explosifs. L’ensemble des bâtiments visés par ces attaques sont liés au FN, à l’exception des actions contre le consulat d’Italie et la Direction du Travail et de l’Emploi (DDE). Les cibles et les revendications sont à la fois significatives et signifiantes : du 21 février 1996 au 9 juin 1998, des engins explosifs ont détérioré quatre permanences du FN dans les quartiers populaires aussi bien qu’aisés de la cité phocéenne. En octobre 1998, sont visés les locaux de l’association de soutien aux colleurs d’affiches du FN accusés de l’assassinat en 1995 d’Ibrahim Ali, un jeune résident des quartiers nord de la ville, d’origine comorienne , ainsi que la salle de spectacle « Le Stadium » de Vitrolles dans laquelle devait se tenir un concert de « Rock Identitaire Français » – la mairie étant alors tenue par l’épouse de Bruno Mégret, numéro deux frontiste. Au cours de sa garde à vue, Yves Peirat revendique la paternité d’autres actions violentes alors prescrites qui tendent à démontrer une gradation dans l’intensité des attentats commis par le groupe FTP tant dans ses motivations que dans l’amélioration des techniques. Elles sont aussi consubstantielles à l’implantation croissante du FN à Marseille, et plus généralement dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA)2.

Ces attentats ne causent pas de victimes. Ils sont conçus et exécutés dans un contexte national que l’on pourrait estimer « pacifié » au regard des décennies précédentes. La violence politique et les attentats sont en décrue dans la majeure partie des États européens et en France Action Directe est durablement affaiblie avant de disparaître avec l’arrestation le 21 Février 1987 de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Georges Cipriani et Joëlle Aubron. Afin de comprendre quels furent les terrains favorables à l’éclosion de cette violence concentrée dans le Sud-Est de la France, nous allons tenter de croiser les motivations personnelles d’Yves Peirat avec les contextes politiques et culturels tant nationaux qu’internationaux. Ainsi, nous tenterons de comprendre si les actions des FTP sont en rupture avec l’arc de temps proposé par cet ouvrage ou si, a contrario, elles s’inscrivent dans le flux historique des mouvements liés à ce qu’il est courant de nommer « l’ultragauche ».

Une lutte antifasciste et autonome

Les FTP sont essentiellement (mais non exclusivement) l’affaire d’un homme : Yves Peirat dont la radicalisation résulte de plusieurs facteurs. Il s’agit en premier lieu de l’héritage culturel et politique familial essentiellement antifranquiste, mais également de la rencontre avec une doctrine, l’anarchisme, et une pratique, l’autonomie. Cet ensemble était catalysé par un fort sentiment d’appartenance à la communauté anarchiste puis autonome. Né en avril 1959 à Marseille, Yves Peirat est le petit-fils d’un militant espagnol anarchiste puis socialiste actif dans la lutte antifranquiste au sein du Parti Ouvrier d’Unification Marxiste (POUM)3. Les récits de la guerre d’Espagne et la dictature du Général Franco structurent ses représentations politiques :

« Lorsque mon grand-père m’emmenait avec lui aux réunions qui se tenaient à la bourse du travail dans le quartier de Noailles à Marseille, (…) il y avait des communistes, des socialistes, des anarchistes. Je ne comprenais pas vraiment le fond de leurs divergences, mais je savais par contre que les crispations au sein de la gauche étaient toutes centrées autour du rôle joué par les uns et les autres pendant la guerre d’Espagne. C’est ma matrice, j’ai été élevé dans la guerre d’Espagne, les FTP que je créerai ne sont que la suite logique de cette route. Je savais à 15 ans qu’un jour, je passerais à l’acte ».

Adolescent, Yves Peirat adhère à la Fédération Anarchiste (FA). Les ouvrages lus sur la guerre d’Espagne – Hommage à la Catalogne de Georges Orwell, les livres d’Emile Témime4 ou les publications du CIRA5 – le confortent dans l’idée que les véritables combattants antifascistes étaient les anarchistes. Il n’envisage la lutte politique qu’en dehors des dogmes et des carcans imposés selon lui par la rigidité du Parti Communiste (PC) mais aussi des anarchistes de la FA (Fédération Anarchiste) qu’il qualifie de « Khmers noirs » :

« Nous nous revendiquions communistes libertaires. C’est cela qui nous différenciait d’une vision et de pratiques trop doctrinales, purement théoriques. Il était très important pour nous d’exprimer le militantisme au travers de nos référents culturels, le punk, les Clash, la bande dessinée américaine ».

Quant au rejet des partis communistes, il résulte de deux facteurs : la « trahison stalinienne » des Républicains durant la guerre d’Espagne, ressentie comme une blessure familiale ainsi que leur incompatibilité avec la culture libertaire qu’Yves Peyrat découvre avec les autonomes italiens. Ces derniers ont développé à partir de la fin des années 1960 des formes de luttes alternatives à celles du Parti Communiste Italien, dans un contexte de contestation élargie au-delà de l’usine, aux problématiques sociétales, urbaines aussi bien qu’intimes qui ont commencé à être importées en France au tournant des années 1970.

C’est toutefois l’entrée à la Faculté d’Économie d’Aix-Marseille qui active sa dynamique de radicalisation. L’espace connaît une implantation structurelle de l’extrême droite radicale et des violences significatives pour une personne dont la socialisation politique s’est faite par la mémoire anti-franquiste : en septembre 1977 une manifestation marseillaise de soutien à un militant basque est attaquée à la barre de fer et aux cocktails Molotov par un commando néo-fasciste6.

Dès son inscription en 1978, Yves Peirat décide, avec d’autres étudiants, de créer un groupe anarchiste afin d’acquérir une autonomie vis-à-vis des Jeunesses Communistes qui sont la voix contestataire dominante sur le campus. Les années 1978 à 1981 sont décrites comme déterminantes. Les conflits sociaux sont réguliers et donnent lieux à de violents affrontements avec les forces de l’ordre et les adversaires politiques. La volonté de Peirat et ses camarades est toutefois de se rapprocher de l’épicentre des luttes, principalement Paris, impressionnés qu’ils sont par la détermination et le passage à l’acte des autonomes actifs en Île-de-France.

L’année 1979 est en effet celle où les groupes autonomes incendient le château de Longwy pour protester contre le démantèlement de la filière de l’acier français, mettent à sac la Gare Saint Lazare, ou affrontent la police lors de la manifestation de soutien à l’avocat de la Fraction Armée rouge (RAF), Klaus Croissant. L’action directe est analysée comme la seule forme de lutte efficace, et la violence perçue comme un instrument de libération impossible à atteindre par les luttes institutionnelles. L’autonomie pose également des questions en rapport avec le quotidien et apporte les réponses concrètes par l’action directe comme en témoignent les slogans : «  Le logement est trop cher? On ouvre des Squats! »; « Le transport ? On ne paye pas! »; « La police ? On attaque! »7.

Le mitraillage du siège du patronat français par Action Directe (AD) le premier mai 1979 a accéléré la radicalisation du groupe marseillais. AD devient l’exemple à suivre. Certains membres des Groupes antifranquistes d’Action Révolutionnaire Internationaliste (GARI) sont présents dans la première génération d’AD, lui octroyant l’aura de l’antifascisme historique. En outre, le PCF et la CGT condamnent l’attentat du premier Mai 1979, en qualifiant les membres d’AD « d’irresponsables et d’aventuristes ». Ces réactions affermissent d’autant plus encore les convictions d’Yves Peirat quant à la nécessité de l’action violente alors que la majorité du milieu libertaire français se désolidarisera également d’AD sous la bannière « anarchistes mais pas terroristes ! ». Néanmoins, il ne choisit pas quant à lui de cibler le patronat, mais l’extrême droite.

Le 10 juin 1979, ont lieu les premières élections européennes au cours desquelles l’extrême droite se présente sous l’étiquette de l’Union Française pour l’Eurodroite, cette dernière agrégeant les partis de l’extrême droite française, italienne, belge, espagnole, portugaise, italienne et grecque. De nombreuses contre-manifestations sont organisées par la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et les anarchistes lors des meetings et des réunions de campagne de l’Eurodroite à Marseille et Aix-en-Provence8. C’est lors de l’une d’entre elles que la première rencontre avec William Ferrari a lieu. C’est leur baptême du feu. Les affrontements avec la police qui protège le meeting de l’Eurodroite sont extrêmement violents : plus de 150 cocktails molotov sont lancés9.

Les techniques de guérilla, utilisées depuis le début de la décennie, sont expérimentées, souvent avec succès. Certains dénoncent la porosité entre la droite et l’extrême droite locale et les résidus de l’Organisation de l’Armée secrète (OAS). Le Parti des Forces Nouvelles et le Groupe Union Défense (GUD) sont les ennemis principaux des anarcho-libertaires locaux car le FN est alors en voie de structuration. C’est autour de cet ennemi commun qu’Yves Peirat et William Ferrari partagent leurs premières expériences. William Ferrari est également militant libertaire, mais il est peu influencé par AD. Ses préoccupations sont plus orientées vers l’écologie et l’antimilitarisme. Il milite dans un groupe d’objecteurs de conscience.

En 1984, Yves Peirat s’engage dans les Brigades Internationales par l’intermédiaire de la LCR et part au Nicaragua où il restera 14 mois. À son retour en 1986, il assiste à l’alliance au conseil régional entre le FN et l’Union pour la Démocratie Française (UDF), conduite localement par Jean-Claude Gaudin. Face à cette montée en puissance du FN et à la normalisation entretenue par la droite locale, c’est le Groupe d’Action anti-Fasciste (GAF) qui fait office de tête de pont dans la mouvance de l’ultragauche marseillaise en organisant contre-manifestations, harcèlements des élus ayant fait alliance avec le FN, et affrontements avec la police. Devenu l’un de ses activistes, William Ferrari propose à Yves Peirat d’y prendre une part active. Pour le GAF, le Parti Socialiste (PS) de François Mitterrand est impuissant voire complaisant face à la montée du FN lors des scrutins successifs. Les communistes ne sont plus au gouvernement, la cohabitation se met en place, la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », devenue médiatiquement « la marche des Beurs », est récupérée par SOS-Racisme, et le virage libéral s’affirme.

« Dans les manifestations contre le FN nous nous retrouvons uniquement entre militants associatifs. Les gens ont accepté la lutte institutionnalisée au travers de SOS-Racisme. C’est une façon pour Mitterrand d’asseoir une respectabilité de gauche… Le problème n’était pas tant que nous soyons tous potes, mais que nous ayons tous les mêmes droits ! Nous comprenons qu’il faut passer un cap! ».

Yves Peirat et William Ferrari considèrent alors que le terrain d’affrontement idéologique devient caduc, car il accompagnerait la stratégie de normalisation du FN.

La Création des Francs-Tireurs Partisans

En 1986, lorsque l’adhésion d’Yves Peirat au GAF est actée par l’intermédiaire de William Ferrari, le FN voit 35 de ses candidats élus lors des élections législatives. Durant les années qui suivent, la mobilisation contre l’installation du FN dans le paysage politique national s’opère par le regroupement des forces locales qui refusent le cadre institutionnel de la lutte contre le parti de Jean-Marie Le Pen. Les associations d’immigrés issues de la « marche des Beurs » de 1983 présentes dans la cité phocéenne, les anciens militants de l’Organisation Communiste des Travailleurs (OCT), regroupés autour de la radio libertaire marseillaise Radio Galère, et les sections étudiantes anarchistes étaient de toutes les manifestations et de tous les affrontements. Leur capacité organisationnelle est alors réelle, puisqu’ils sont en mesure de mobiliser 700 à 800 personnes dans les rues dont un grand nombre déterminé à affronter directement le service d’ordre du FN ou les forces de l’ordre. En 1987, lors d’une manifestation violente à la veille d’un meeting du FN, la gauche locale représentée par le PS s’oppose publiquement aux militants libertaires en estimant que ceux-ci «font le jeu du Front National »10.

Cette opposition scelle la rupture définitive du dialogue résiduel avec les représentations locales des partis. Lors des manifestations suivantes, les heurts avec la police et les groupes de défense d’extrême droite (GUD et le Service d’ordre du FN, le DPS – Département Protection et Sécurité) s’accroissent en fréquence et en intensité. Cette escalade est également stimulée par le sentiment d’isolement : les cortèges n’étant plus unitaires, les rangs des contestataires violents sont plus clairsemés. En 1988, lors des élections présidentielles, 100 000 Marseillais donnent leur voix à Jean-Marie Le Pen qui obtient ainsi 28 % au premier tour. Ce score exceptionnel, qui ne sera plus jamais atteint par le président du FN, est perçu comme un signal fort : l’achèvement de la normalisation serait en cours, les jeunes d’origine immigrée et les nouveaux militants se mobiliseraient moins. En 1994, Yves Peirat et William Ferrari publient dans le journal antifasciste Reflex(e)s un texte dans lequel ils annoncent que les communes de Toulon, Marignane, Vitrolles et Nice seront gouvernées par le FN.

À l’exception de Nice, cette prévision était juste et ces victoires municipales frontistes enclenchent le processus de création des FTP. C’est aussi durant cette période que les premiers coups de feu sont échangés lors des campagnes de collage d’affiches, entre ceux qui deviendront les FTP et les militants du FN. Yves Peirat et William Ferrari se dotent en armes et en explosifs. Le 21 février 1995 le jeune Comorien Ibrahim Ali est tué par des colleurs d’affiches frontistes. Le passage à l’acte est décidé, les FTP sont créés. Ils vont attenter aux intérêts du FN et des organisations d’extrême droite locales pendant quatre ans.

La première action des FTP faisant suite au meurtre d’Ibrahim Ali est accomplie le 3 avril 1995 par une attaque à l’explosif contre la villa du secrétaire départemental du Front National Maurice Gros. Il est important de noter qu’Yves Peirat revendiquera seul la paternité d’autres attentats commis entre le 14 juillet 1991 et 16 décembre 1994 (6 au total)11. Il est difficile d’estimer s’il a bénéficié de la complicité de William Ferrari, voire d’autres sympathisants, pour l’organisation et l’exécution de ces actions. Il apparaît, en revanche, que la pratique de la violence politique est courante dans les groupes les plus radicaux de la mouvance anarcho-libertaire, aux frontières poreuses, constituant de la sorte un ensemble à la fois informel dans son fonctionnement et formel dans ses pratiques.

C’est par volonté de convergence de la lutte contre le FN que déjà en 1986-1987 fut créée la Coordination Nationale Antifasciste (CNAF) où sont regroupés le SCALP (Section carrément Anti Le Pen)12 de Toulouse et de Lille, le CLAF (Comité de Lutte Antifasciste) de Marseille (ex-GAF), REFLEX de Paris et URGENCE de Lyon. Les associations constituantes du CNAF se sont développées dans les métropoles urbaines à forte concentration étudiante suite notamment aux mobilisations de très grande ampleur contre le projet de loi Devaquet de 1986 qui ont favorisé la politisation en milieu estudiantin.

Le lien entre le GAF (puis le CLAF)13 et la section toulousaine du SCALP a été rendu possible par les anciens militants de l’OCT présents dans les deux groupes. L’acte fondateur du SCALP Toulouse réside dans le dynamitage au cours du printemps 1984 d’une salle dans laquelle devait se tenir un meeting de Jean-Marie Le Pen. Certains de ses activistes seront arrêtés la même année pour la destruction par explosion d’un transformateur électrique afin d’empêcher la tenue d’un meeting du FN dans la ville rose.

Les actions antifascistes se multiplient parallèlement à l’enracinement du FN dans le biotope électoral français. La réponse activiste est donc d’autant plus légitimée pour ceux qui fonderont par la suite les FTP qu’elle semble faire partie d’un cadre de référence commun. Cette communauté de destin s’illustre par l’appartenance de membres fondateurs du SCALP Toulouse aux GARI14 et au MIL15, où Jean-Marc Rouillan opérait avant d’être l’un des fondateurs d’Action Directe.

D’autres groupes ont exécuté des attentats en France dans les années 1980 tels que « Les Hooligans Internationalistes : Groupe Bakounine, Gdansk, Paris, Guatemala, Salvador» – 10 attentats à l’explosif ciblant les représentations publiques ou les intérêts privés des États autoritaires dans la capitale ou encore Black War16 qui a revendiqué 8 attentats n’ayant causé que des dégâts matériels entre décembre 1985 et avril 1988. Black War cesse son activité après une série d’arrestations qui n’a donné lieu à aucune peine de prison. C’est dans ce contexte national, où l’intensité de l’activisme reste modérée mais réelle, que les futurs membres fondateurs des FTP ressentent cette activité soutenue de la violence. Le premier et le 4 mai 1994, les FTP et d’ex-membres d’Action Directe combinent une attaque commune sur deux édifices sans que la police ne fasse le rapprochement : à Paris, contre le Ministère des Affaires Sociales ; à Marseille, contre le siège de la DDTE (Direction Départementale du Travail et l’Emploi).

Néanmoins, l’activisme antifasciste des FTP n’est pas qu’une réaction au lepénisme. Les mouvements internationaux ont également constitué une stimulation dans leur passage à l’acte. Bien que principalement motivés dans leurs actions par l’implantation de l’extrême droite à Marseille et en PACA, les FTP ont en effet constitué leur corpus idéologique et élaboré leur stratégie avec une attention particulière portée aux groupes armés européens de la décennie précédente comme les Brigades Rouges, Prima Linea ou encore la RAF allemande. Mais comment expliquer que certains groupes, de taille réduite comme les FTP ou Black War en France, décident de passer à l’acte au moment où les organisations de plus grande envergure sont en déclin ou ont clairement renoncé à la lutte armée ? À cette question, il apparaît que l’activisme de ces groupes français s’élabore dans les mythes fondateurs et les représentations que se font ses militants des luttes amorcées par les aînés.

Cependant, contrairement aux mouvements marxiste-léninistes qui les ont précédés, leur activisme politique ne répond plus à une volonté de transformation massive de la société : il n’y a plus d’horizon d’attente révolutionnaire mais l’idée qu’il ne faudrait pas céder de terrain. Il est surtout question de fidélité aux traditions de la lutte armée : l’anti-franquisme des Brigades Internationales, l’antifascisme des partisans, l’anti-capitalisme des Brigades Rouges ou de la RAF, l’internationalisme d’Action Directe, etc., tout cela relève d’une lignée dans laquelle les acteurs marseillais souhaitent s’insérer. Nous pourrions citer René Char pour illustrer le sentiment que génère cette posture plus missionnaire que messianique : « Notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». Cet héritage était présent dans les tracts de revendications des FTP par l’intermédiaire des hommages aux partisans arméniens de l’Affiche Rouge17 ou des anarchistes italiens18 impliqués à tort par les services de sécurité italiens dans l’attentat de Piazza Fontana du 12 décembre 1969.

Cette filiation internationale a cessé d’être avant tout symbolique pour devenir opérationnelle à partir de 1986-1987, lorsqu’Yves Peirat et des sympathisants libertaires de la cause basque fournissent une aide logistique à l’ETA à Marseille. Cette aide n’a nullement consisté à organiser des actions communes, mais elle est significative de la motivation du groupe marseillais dans la rationalisation de sa radicalisation, une rationalisation qui s’applique également au récit que les FTP donnent d’eux-mêmes par-delà ses contradictions patentes. Il semble difficile pour Yves Peirat d’expliciter l’échec des groupes armés italiens et allemands et dans un même temps d’en revendiquer l’héritage voire l’inspiration. Nous assistons à un syncrétisme militant qui tend à la reconstruction d’un récit « favorable » à celui qui le produit sans distance critique. L’illustration qui peut en être faite se niche dans l’acceptation des figures tutélaires telles que la RAF, Prima Linea ou encore les Brigades Rouges, puis il s’agit de s’en affranchir au moment même où le récit devient défavorable : « Nous nous inscrivons dans une continuité, celle de la RAF, des BR ou de PL (…) Lorsque nous passons à l’action, les grands groupes terroristes ont cessé leurs actions (…) cela nous influence peu. Notre référence c’est l’Espagne ». 

Par ailleurs, ce processus de rationalisation a-t-il été nécessaire afin de réduire les doutes inhérents à la pratique du terrorisme par l’ETA ? Il s’agit ici d’une question centrale que les FTP se sont posée : quelles limites s’imposer dans la pratique de la violence, en particulier en ce qui concerne l’atteinte aux individus ?

La question du sang versé et le rôle des cautions morales des FTP

L’acte politique violent pose invariablement une question morale et il est souvent accompagné d’une rhétorique qui a pour but de légitimer et construire une éthique propre aux groupes qui le pratiquent et à leurs soutiens éventuels dans la société civile. Ainsi, la gravité de l’acte est déterminée à la fois par la nature du crime ou délit et la qualité du soutien ou rejet qu’il suscite. L’impact qu’a eu le meurtre d’Ibrahim Ali sur les FTP est partagé par la gauche institutionnelle, l’ultragauche, les militants associatifs et une partie de la société civile. Une marche de protestation est organisée à Marseille (d’autres villes se sont aussi ralliées à cette journée de deuil). Ce meurtre agit sur les FTP tel un révélateur de l’impuissance des politiques successives à endiguer l’installation du FN dans le sud de la France. Ils y voient la preuve de la nécessité du saut qualitatif qu’ils envisageaient. Se pose alors, dans les jours qui suivent le crime, la question de la nature que doivent revêtir les actions de représailles.

Yves Peirat propose à William Ferrari l’exécution d’un cadre du FN19. Ce type d’action met les FTP face à deux contradictions majeures. En premier lieu, cela allait à l’encontre de l’éthique du groupuscule qui à l’origine de sa création avait posé comme jalon moral infranchissable : « Pas de sang versé! ». La seconde contradiction relève plus de la tactique politique : ne pas engager d’actions violentes susceptibles d’être politiquement inefficaces et qui détacheraient les FTP de leurs sympathisants et de la partie de l’opinion publique qui soutient leurs campagnes contre le FN.

Il est alors décidé de faire appel aux conseils de personnes qui connaissent les FTP depuis leur création et qui font office de conseillers à la fois moraux, politiques et historiques. À ce jour nous ne savons pas qui furent ces « conseillers ». Les FTP diront que l’engagement historique de ces derniers dans la lutte antifasciste apportait l’expertise qui manquait alors pour évaluer la portée de l’assassinat d’un cadre local du FN. Il semble ressortir de ces entretiens que les conditions objectives pour qu’une telle action soit politiquement profitable n’étaient pas réunies. Les FTP n’ont dès lors jamais été à l’origine d’une atteinte directe à l’intégrité physique d’individus.

Cette partie de l’histoire des FTP est peu connue et révèle l’importance de la parole des « anciens » dans l’héritage sans testament des groupes de l’ultragauche et libertaires français. Pour plus de clarté et pour éviter toute lecture conspirationniste des évènements relatés ci-dessus, il nous semble important de préciser que ce « conseil des sages » n’a jamais eu d’existence régulière. Il n’a pas non plus pris la forme d’un collège avec une quelconque prise de décision commune. Les trois individus consultés par les FTP l’ont été de façon séparée, l’une après l’autre, sans cérémonial ou rite particulier.

Le 3 avril 1995, les FTP déposent un engin explosif dans la villa du secrétaire départemental du FN, Maurice Gros. L’action est revendiquée un an après les faits par l’intermédiaire d’un tract au nom du groupe : Francs-Tireurs Partisans, unité combattante Albéric D’Alessandri (résistant fusillé), en riposte à l’assassinat d’Ibrahim Ali « par les fascistes »20. L’engin n’explose pas, mais pour la première fois les FTP engagent une action au domicile même d’un membre du FN et non plus dans l’une des représentations du parti (permanence, siège, cabinet de conseil légal…). Les conseils de Maurice Gros demandent une requalification pour tentative d’assassinat, mais une ordonnance de non-lieu est promulguée le 21 septembre 2004. L’ambiguïté persistante autour du plasticage avorté du 3 avril 1995 est mise en lumière par l’expertise sur la qualité de l’explosif utilisé. Il serait fastidieux de reproduire ici les désaccords relatifs aux deux parties sur le genre et la nature du matériel utilisé ; il l’est beaucoup moins de tenter une analyse sur l’intentionnalité qu’il peut recouvrir21. L’action contre Maurice Gros est réalisée à la suite de la consultation des « conseillers » au cours de laquelle il a été décidé de ne pas s’attaquer physiquement aux cadres du FN.

Or, la ligne rouge entre l’intimidation et la tentative d’assassinat résulte ici d’un détail portant sur la fiabilité du détonateur. La charge explosive était en effet posée sur le capot de la voiture de Maurice Gros, dans son garage. Les experts se sont interrogés sur la prévisibilité de la défaillance du détonateur et donc sur la volonté réelle d’attenter à la vie de Maurice Gros par l’explosion de cette charge de plastic mortelle dans un rayon de 10 mètres.

L’activité des FTP se développe conjointement à l’ascension du FN et plus celui-ci se normalise, plus ils durcissent leurs actions. Il y a un isolement consubstantiel à l’accroissement de la violence. L’environnement culturel constitué par l’opinion publique, les sympathisants, les groupes et groupuscules « amis », les soutiens de la gauche institutionnelle est de moins en moins envisagé comme balise éthique qui assurait jusqu’ici l’impossibilité d’atteinte à l’intégrité physique d’autrui. C’est cet isolement qui forge un cadre de référence propice à l’accroissement de la radicalité. Le saut qualitatif apparaît alors nécessaire.

Il n’en demeure pas moins que les FTP ne peuvent être définis comme héritiers d’AD, tant la différence quantitative (le nombre de ses membres, le temps d’activité, les moyens financiers et logistiques) et qualitative (nature et portée des actions, rayonnement géographique, reconnaissance internationale) positionne le groupe marseillais plus à un niveau de groupuscule activiste violent. Il serait analytiquement injustifié de considérer les FTP comme un groupe terroriste, bien que le modus operandi utilisé puisse de facto confiner avec une forme de propagation de la terreur – dans son article 421-1 le code pénal définit le terrorisme comme ayant pour « but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur », or les FTP visent plutôt un sous-espace militant et géographique dans le but de l’isoler politiquement. Le comité de soutien aux FTP est révélateur de cette dangerosité relative du groupe : s’y trouvaient Raymond et Lucie Aubrac, Marie-Arlette Carlotti, Pierre Vidal-Naquet ou Emmanuelle Cosse… Le réseau Ras l’Front, alors implanté nationalement, adopta une ligne de « solidarité militante sans soutien politique » permettant de rassembler ses membres par-delà leurs jugements éthiques22, mais qui, extérieurement, signifiait que les FTP étaient considérés comme appartenant à leur communauté politique.

Le soutien est aussi partiellement venu de la gauche institutionnelle pourtant critiquée par le mouvement libertaire en général et les FTP en particulier. Georges Ollitrault, Résistant durant la Seconde guerre mondiale au sein des Francs-Tireurs et Partisans déclarera durant le procès que la référence des activistes marseillais aux FTP de sa génération était ressentie comme un hommage auquel il souscrivait personnellement.

Les peines de prison prononcées à l’encontre d’Yves Peirat (condamné à 5 ans de prison, il en effectue 3 années et 4 mois) et de William Ferrari (5 mois de détention préventive) demeurent faibles et contribuent donc à la représentation d’un groupuscule agissant avec une intensité réduite. Il est fort possible que cette clémence résulte à la fois de l’absence de sang versé et de l’influence du comité de soutien. Toutefois reste la question posée par le soutien moral et l’aide apportée par Yves Peirat à Jean-Marc Rouillan lors de sa mise en liberté en 2012 puisqu’il fut pendant plusieurs mois attentif à sa sécurité. Le même questionnement peut être fait au sujet de la participation, même modeste, des FTP à l’étendue du réseau de protection de l’ETA notamment par la mise à disposition d’éléments logistiques tels que des « planques » ou en aidant à la mise en relation avec d’autres militants.

In fine, les FTP (et il en va de même pour la majorité des groupes subversifs violents) se questionnent peu sur la question de l’aide et du soutien moral apportés aux groupes terroristes plus importants qui avaient fait le choix de l’attaque directe aux individus :

« Nous ne sommes responsables que de ce que nous avons fait ! Nous ne pouvons être responsables des actions conduites par d’autres groupes. À la question en avez-vous aidé certains ? Nous répondons oui ! À la question en avez-vous aidé certains qui ont du sang sur les mains ? Nous répondons oui ! Mais cela ne fait pas de nous des complices car nous soutenions un mouvement, une idée, une famille. Nous ne sommes pas des juges! ».

Nous proposons ainsi de définir les actions des FTP comme relevant d’un activisme « soutenu » ou « élevé » ou d’un terrorisme « de basse intensité » mais possédant dans sa mise en réseau une portée sensiblement supérieure à celle qui a été établie par les enquêtes de police.

Conclusion : « Nous sommes orphelins de la cause révolutionnaire! »23

L’action des FTP s’inscrit dans une filiation, un mouvement installé dans le paysage politique occidental et français depuis plus d’un siècle. L’une des caractéristiques de cette radicalité d’ultragauche se niche dans le rapport qu’elle entretient vis-à-vis de la réalité de ces luttes. En d’autres termes, nous assistons dans les années 1980 au reflux de la centralité des questions politiques dans la société française. Cet espace vacant sera comblé aussi bien par l’obsession de la croissance économique comme projet politique de substitution que par l’appropriation des questions politiques, sociales et culturelles par les franges radicales. Cette dichotomie est toujours présente dans les pays développés : le questionnement politique que les groupes radicaux posent au pouvoir ainsi qu’à notre rapport au pouvoir ne trouve pas ou peu d’écho dans le « public cible » visé par ces groupes : employés, ouvriers, précaires.

Les actions radicales révèlent cet isolement : à quelle stratégie répondent les actions des groupes de l’ultragauche française actuelle et auxquelles répondaient celles des FTP ou d’Action Directe ? Une réponse partielle et non exhaustive s’enracine peut-être dans la crainte de voir une tradition, une filiation disparaître. L’émergence de la violence des FTP résulterait donc de la combinaison de dynamiques diverses : l’héritage familial de leurs membres, l’environnement culturel qui a constitué le terrain favorable à la logique groupusculaire, le modus operandi mis en place par l’offre de la mouvance autonome ainsi que le contexte politique marseillais. À ceci, il nous semble qu’il convient d’ajouter la représentation forte d’un mode de lutte qui relève du romantisme.

Notes

1Yves Peirat, entretiens avec l’auteur, Marseille, 14 et 21 octobre 2016. Sauf indications contraires, l’ensemble des citations ultérieures proviennent de la même source.

2 14 juillet 1991 : attaque au cocktail molotov contre le siège du FNF à Marseille ; 24 octobre 1992 : destruction à l’explosif du restaurant « La Truffe Noire » la veille d’un salon regroupant les dessinateurs de presse d’extrême droite ; 1er mai 1994 : destruction à l’explosif de l’entrée de la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi (DDTE) ; 6 juin 1994 : destruction à l’explosif du siège marseillais du FN ; 16 décembre 1994 : attaque à l’explosif contre le consulat d’Italie le jour de la visite du président du Conseil italien Silvio Berlusconi ; 3 avril 1995 : action à l’explosif contre la villa de Maurice Gros, secrétaire départemental du FN.

3 Les Bouches du Rhône ont accueilli un important flux de réfugiés espagnols, 21 889 Espagnols y résident selon le recensement de la Direction des Renseignements Généraux, “Les Espagnols en France », août 1952, 159 p., ADPO/94W120.

4 Emile Témime et Pierre Broué, La Révolution et la guerre d’Espagne, Paris, Minuit, 1961 ; Emile Témime, Albert Broder et Gérard Chastagnaret, Histoire de l’Espagne Contemporaine, Paris, Aubier, 1979.

5 Le CIRA (Centre International de Recherche sur l’Anarchisme) est une association regroupant ouvrages, brochures et archives sur le mouvement anarchiste dont l’une des antennes se trouve au 61 rue Consolat, dans le premier arrondissement de Marseille.

6 Service départemental des Renseignements Généraux, « Marseille : incidents provoqués par une « phalange française » », 6 septembre 1977, 4 p., AN/20030515/1/DP705.

7 Jean-Marc Rouillan, entretien avec l’auteur, 22 avril 2013.

8 Manifestation contre le meeting de l’Eurodroite à Marseille le 10 novembre 1978 et à Aix en Provence le 1 février 1979.

9 Yves Peirat, entretiens avec l’auteur, Marseille, 14 et 21 octobre 2016.

10 Les militants et cadres socialistes à Yves Peirat au cours de la manifestation anti-FN du 4 avril 1987 à Marseille.

11 Collectif, « Amis entends-tu ?», Tract de revendication, Marseille, Février 1996.

Procureur de la République  près le Tribunal de Grande instance de Marseille, « Réquisitoire de renvoi devant le tribunal correctionnel », Parquet : 98 /100 652, n° d’instruction : G98/00080, 1998 p. 5.

Collectif, Franc Tireur, Un combat antifasciste à Marseille, Paris, Reflex, 2000, p. 45-47.

12 Le SCALP est un groupe antifasciste à l’origine toulousaine dont le nom est susceptible d’être adopté par tout groupe incluant dans sa matrice politique et culturelle la lutte antiraciste et antifasciste ainsi que la volonté d’être actif contre le FN. On verra ainsi la création des Sections Anti Le Pen à Lille ou à Paris (SCALP/REFLEX).

13 Le changement de nom de GAF par CLAF réside dans cette volonté d’ouverture à l’ensemble des groupes qui se reconnaissent dans la lutte antifasciste mais ne provenant pas nécessairement de la sphère anarchiste et libertaire. C’est dans cette logique que «Comité » semblait moins clivant que « Groupe ».

14 Les GARI (Groupes d’Action Révolutionnaires Internationalistes) ont opéré en France et en Espagne principalement en 1974 et 1975.

15 MIL : Mouvement Ibérique de Libération. Il s’agit d’activistes antifranquistes violents opérant en France au cours des années 1970 et en Espagne entre 1960 et 1973.

16 Black War ciblait des sites représentant symboliquement la puissance de l’État. Internationaliste, libertaire et écologiste, Black War pourrait être une émanation du groupe parisien REFLEX. Il est à noter que l’un de ses attentats engendrera des blessures graves à deux individus étrangers à la motivation de l’action (rue Tiquetonne à Paris le premier avril 1988).

17 Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Marseille, « Réquisitoire de renvoi devant le tribunal correctionnel », Parquet : 98 /100 652, n° d’instruction : G98/00080, 1998, p. 4.

18 Ibid., p. 5.

19 Yves Peirat, entretiens avec l’auteur, Marseille, 14 et 21 octobre 2016.

20 Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Marseille, « Réquisitoire de renvoi devant le tribunal correctionnel », Parquet : 98 /100 652, n° d’instruction : G98/00080,1998, p. 4-6.

21 Greffe de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, « Arrêt N°21/05 », Arrêt de la chambre d’instruction du 12 janvier 2005.

22René Monzat, « Ras l’Front, douze années de militantisme atypique », Outre-Terre, vol. n° 3, n° 2, 2003, p. 73-88.

23Jean-Marc Rouillan, entretiens avec l’auteur, 2013.

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