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La Papesse, une recette de néo-paganisme… classé X

Source inconnue

Par Marc Gauchée

Le film La Papesse de Mario Mercier sort en avril 1975 dans une ambiance cinématographique marquée par le fantastique de L’Exorciste de William Friedkin (1973) et l’érotisme d’Emmanuelle de Just Jaeckin (1974). Ce dernier squatte les salles des Champs-Élysées et sera vu par près de 9 millions de spectateurs ! D’autres productions sont beaucoup plus explicites si bien que, malgré la promesse de libéralisation faite par Valéry Giscard d’Estaing, nouveau président de la République, la loi de finances pour 1976, datée du 30 décembre 1975, instaure le classement X.

La Papesse est donc classée X en février 1976, moins à cause de ses scènes de sexe d’ailleurs -somme toute assez sages- qu’à cause de sa violence, voire de la mise en scène de rituels très particuliers. Le ministère de la culture demande de couper 190 mètres de film, car le rapport de la censure explique que le film n’est qu’« une succession de scènes de sadisme, de torture et de violence. Un mépris total et permanent de la personne humaine y est affiché de manière tellement grossière et tellement révoltante que la Commission propose l’interdiction totale »1. Il est vrai que différents rituels s’entrecroisent : la Kabbale, Papus, le culte de Gaïa la Terre-Mère… dans « un parcours typiquement sadien », « une spiritualité de magie noire fondée sur la souffrance, le blasphème, la soumission, l’esclavage, l’abdication totale de son identité »2.

Que raconte La Papesse ? Une initiation, celle de Laurent (Jean-François Delacour) qui veut intégrer une secte dirigée par Géziale, la fameuse Papesse (Marie Ange Saint-Clair). Pour cela, il doit subir des épreuves et abandonner sa femme Aline (Lisa Livane) aux membres de la secte. Devenu membre de la secte, il obtient le droit de féconder la Papesse dans un accouplement qui lui est fatal…

L’originalité de la démarche de Mario Mercier réside dans le fait qu’il y croit, qu’il ne fait pas du cinéma commercial, ce que l’on appelait à l’époque le « cinéma d’exploitation » : « Ce qui m’intéresse, c’est l’autre côté des choses, les mystères de l’invisible, le monde entre la réalité et le rêve, cet équilibre »3. Il qualifie d’ailleurs son film de « Witch Cinema » ou de « cinéma sorcier ». Le réalisme revendiqué s’affirme aussi dans le fait que la comédienne qui interprète Géziale serait une des rares initiées, elle n’a tourné que ce film et serait devenue medium aux États-Unis ensuite. Avec le précédent film La Goulve (1972), Mario Mercier confiait : « Je voulais faire un cycle de films des ténèbres à la lumière »4. Mais la censure qui le frappe avec le classement X de La Papesse lui interdit l’accès à d’autres financements et sa carrière cinématographique s’arrête donc là5.

À coups d’effets spéciaux plutôt cheap (lentilles, flous artistiques, filtres, parties filmées en négatif…), La Papesse contient de multiples rites et rituels qui se mélangent comme le montre les objets manipulés par la secte : calice, tablier maçonnique, crâne, hostie noire, couteau, chandelier, étoile, dessin de bouc diabolique… Mario Mercier admet son « bricolage » : « J’ai pris des idées un peu partout et je les ai fait miennes »6 et il rejoint ainsi le néo-paganisme -analysé par Stéphane François7– recréé de toutes pièces avec une recette mêlant discours écolo-panthéiste de nature universaliste et néo-chamanisme.

La Tradition en fond de sauce

Le film commence avec une voix off : « Quelque part dans le monde, et pourtant hors de lui, vit une secte étrange dont les origines se perdent dans la nuit des temps ». La secte est dirigée par une femme nommée « Geziale », intronisée papesse « selon la Tradition ancienne » confirme la voix off.

La tradition invoquée dans La Papesse s’inscrit dans une filiation, dont le fil a déjà été tiré par Stéphane François8. Depuis le romantisme et le néoromantisme technophobe, refusant l’urbanisation mettant à mal les « communautés naturelles » alors qu’elles n’eussent été bien évidemment qu’entraide, réciprocité et solidarité. En passant par les auteurs dénonçant l’aliénation de la société moderne et développant un discours d’« archaïsme utopique » prônant le retour à la vie saine, inspirée de ce que l’on croit savoir des peuples premiers du Tiers-Monde, de la paysannerie médiévale ou de l’Inde. Jusqu’aux tenants directs de la Tradition : René Guénon ou Joseph de Maistre. Pour eux, la « Tradition » serait la « transmission continue d’un contenu culturel à travers l’histoire depuis un événement fondateur ou un passé immémorial » : elle postule qu’il existe une « Tradition primordiale » antérieure à toutes les traditions locales, une Tradition ultime, universelle et invariable. Dans cette optique, depuis l’oubli de la Tradition primordiale, l’histoire de l’humanité n’est que déclin. Et, pour les tenants de la Tradition, l’âge d’or n’est pas dans l’avenir mais dans le passé dont le souvenir est transmis par les fidèles !

Quelques gouttes d’ésotérisme

L’invocation de la Tradition est donc, dans La Papesse, accompagnée d’un certain ésotérisme. Mais le bricolage de Mario Mercier, explique que son film ne présente que deux caractéristiques secondaires parmi celles énumérées par Antoine Faivre9 : la référence, on l’a vu, à une « tradition primordiale » et l’idée d’une transmission ininterrompue à travers les siècles, d’une filiation régulière ou d’une initiation entre maîtresse et disciples.

Il y a bien ésotérisme parce que Laurent va vivre une expérience de révélation par la rencontre entre son « moi » intérieur et la papesse, véritable déesse, source de l’être avec qui il s’accouplera. Car la papesse ne professe pas la Tradition dans sa filiation la plus réactionnaire, elle renoue plutôt avec la Tradition de la femme-déesse.

Une bonne cuillerée de culte de la déesse

La Papesse est une belle illustration des travaux de Merlin Stone et de son ouvrage Quand Dieu était femme10. Selon cette auteure, « La Grande Déesse –l’Ancêtre divine- a été adorée depuis le début de la période néolithique (7000 ans av. J.-C.) jusqu’à la fermeture de ses derniers temples (environ 500 après J.-C.) ». Et cette religion féminine a été victime de siècles de répression et de persécutions pour imposer des divinités mâles.

C’est ainsi que la papesse explique qu’« en tant que fille de la Ténèbre, j’ai pour mission de préparer la venue du règne des femmes de toutes races qui œuvreront dans l’aire du verseau. Ces femmes que la plupart des religions persécutèrent, reconquerront leurs anciens pouvoirs et redonneront à l’amour sa puissance initiatique et sacrée. Mais avant d’atteindre ce but qui fait partie de l’évolution de l’humanité, je ne vous cache pas que la lutte sera âpre et longue, car les forces du mal ne sont pas prêtes d’être dominées. Et maintenant, chantons afin de rendre hommage à notre maîtresse de clarté qui a sur nous pouvoir de vie et de mort ».

La grande prêtresse de cette religion ancienne était chef d’État également. Il ne s’agit ni d’une femme célibataire, ni d’une femme mariée, mais d’une femme qui choisissait chaque année un prince amant, comme la papesse de Mario Mercier choisit Laurent !

La correspondance avec ce culte ancien se poursuit dans le destin de l’amant choisi : ce dernier, après l’accouplement, était sacrifié et pleuré. Puisque le contact avec le divin s’effectuait par l’intermédiaire de la prêtresse, les hommes ayant couché avec elle ne pouvaient coucher avec d’autres femmes de peur de transmettre les pouvoirs sacrés de la déesse. C’est exactement ce qui arrive à Laurent : dans les scènes finales, la papesse lui annonce que cette nuit il lui fera un bel enfant, « l’enfant de la Ténèbre », et précise que « notre accouplement sera impitoyable, tu m’entends, impitoyable. Toute ton énergie vitale doit passer en moi. Ce sera peut-être ta dernière nuit, mais quelle nuit ! ». La nuit venue, leur sang est recueilli dans un calice, puis du sel est mis sur leur plaie, ils sont ainsi unis « par le lien du sang et le feu du sel ». Pour la cérémonie de l’accouplement, l’union des forces de la terre noire et de la lune rouge, la papesse boit un « breuvage d’extase », met des griffes en fer sur ses doigts, se fait fouetter en guise d’ultime excitation, danse et s’accouple enfin avec Laurent. Mais, après le coït, Laurent ne prend par garde aux griffes laissées libres de la papesse qui l’égorge. Laurent meurt et la papesse a ces mots : « maintenant tu vis en moi, par moi, pour nous tous » et ordonne « qu’on l’enterre avec le respect qu’il mérite ». C’est l’exacte réplique des cérémonies décrites par Merlin Stone dans les vieilles religions de la déesse, la mise à mort de l’amant étant toujours suivi d’un hommage.

Une larme d’anti-modernisme

La religion de la « maîtresse de clarté » a été oubliée parce qu’elle a été combattue par les adeptes des religions monothéistes et masculines, le christianisme en premier lieu. Car ce sont bien les prêtres qui ont renversé la logique avec la Bible : alors que les hommes naissent des femmes, avec Adam et Ève, c’est la femme qui est créée à partir de l’homme et le sexe comme la procréation sont dès lors disqualifiés, n’apportant que honte et péché.

Les néo-païens reprennent le procès du christianisme pour une seconde raison : c’est la religion qui a coupé l’homme de la nature, des cycles de vie ; qui a séparé dieu de ses créatures11. Le christianisme aurait arraisonné la nature, selon le livre de la Genèse où Dieu dit à Eve et Adam : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la Terre et soumettez-là ». En accordant une place centrale à l’homme, il a imposé le dualisme entre l’homme et la nature12.

C’est ce que développe Lynn White dans la revue Science, en 1967 : « L’exploitation de la nature par l’homme, pour satisfaire à ses propres fins, résulte de la volonté de Dieu »13. Dans les années 1970, celles de La Papesse, Mircea Eliade est fasciné par le mouvement hippie dans lequel il croit reconnaître la résurgence d’une religiosité archaïque, cosmique, bref préchrétienne. Dans Fragments d’un journal14, il écrit : « Le christianisme a désacralisé le cosmos ». Refrain repris jusque dans les années 1980 avec Michel Serres : « Le monothéisme a détruit les dieux locaux, nous n’entendons plus les déesses rire parmi les sources, ni ne voyons les génies paraître dans les frondaisons ; Dieu a vidé le monde »15.

Pas étonnant donc que dans La Papesse, les références au christianisme soient blasphématoires. Aline, l’épouse que Laurent livre à la secte de la papesse, est fouettée nue sur une croix par des hommes encagoulés. L’un d’entre eux finit par brandir une hostie noire : « Repends-toi maudite, car maintenant tu vas communier avec la mort ».

Chez les néo-païens, l’aliénation de l’humain vient de la perte d’unité avec le monde16. En ce sens, ils rejettent la vision chrétienne qui place l’homme au-dessus de la nature et peuvent concourir à la pensée antimoderne. Pour eux, il faut retrouver la communion avec la nature décrite comme un être vivant. Et c’est là que la recette de la papesse fait intervenir un nouvel ingrédient : le chamanisme.

Une louche de chamanisme

Dans la perspective non anthropocentrique du néo-paganisme, « la Terre et l’univers sont perçus comme un grand tout harmonieux auquel l’homme est associé par son être même »17. Le temps linéaire doit redevenir cyclique comme les saisons. Car c’est en oubliant ces cycles, le jour, la nuit, les solstices etc, que l’homme a perdu sa place dans l’harmonie avec la Terre. Heureusement, le folklore ou les légendes locales seraient les derniers témoins de cette ancienne harmonie, comme les membres de la secte de la papesse seraient les derniers gardiens de cette « Tradition ancienne ».

La transcendance ne serait plus divine, mais émanerait de la nature et c’est tout le monde qui se retrouve ré-enchanté ! James Lovelock, dans La Terre est un être vivant. L’hypothèse Gaïa18, se livre à cette entreprise de ré-enchantement en entrant en communion avec la nature ou avec la Terre en tant qu’entité spirituelle. De même, le fantastique de Mario Mercier est ancré dans la ruralité, dans la nature, les arbres, les rochers et les villages. Il le dit lui-même, le résultat de ses quêtes et enquêtes est « une sorte de sorcellerie de la France profonde »19, l’expression du fantastique au cœur d’un monde où les êtres humains vivent très près de la nature. La Papesse se déroule entièrement au sein de paysages naturels. En 1975, Mario Mercier entamait là son évolution vers le chamanisme qu’il exprimera plus tard dans des ouvrages tels que L’Esprit de la forêt. Voyages chamaniques au cœur de la nature20 ou L’Enseignement de l’arbre-maître : L’histoire magique d’un homme et d’un arbre21.

Mais cette communion avec la Tradition naturelle et féminine, se fait dans une ambiance de soumission sadienne. Plus que le bazar paganiste, ésotérique et chamaniste, c’est bien cet aspect de La Papesse qui a déclenché les foudres de la censure.

Un bain de soumission

Aline, l’épouse de Laurent, incarne la résistance à tout ce « bricolage » et elle le paie de sa vie. Comme un héroïne sadienne, elle doit affronter plusieurs épreuves qui sont autant de violences et d’humiliations afin de briser sa personnalité de femme mariée… traditionnelle, mais dans le mauvais sens du terme pour la secte de la papesse. Comme une femme au foyer, elle reproche à son mari d’être rentré « bien tard cette nuit ». Laurent lui fait alors une grande démonstration comme quoi le mariage, c’est « un élastique, pas une chaîne. Faut y faire ma petite. Je ne suis pas un fonctionnaire mais un artiste ». Décidément, trop matérialiste, Aline lui reproche, ses obsessions de magie et de spectres et d’avoir à vivre dans une « bicoque » perdue ! Elle se plaint de n’avoir qu’une bougie pour s’éclairer, elle est terrorisée et ne comprend rien de ce qui lui arrive. Quand il veut se séparer, elle le traite de salaud et de raté et il répond « C’est ça, un raté qui veut réussir ailleurs » et la menace suit : « Ou tu viens dans mon monde ou je t’élimine ». Ce que ne sait pas encore Aline, c’est qu’en allant dans son « monde », elle va mourir. Chez Mario Mercier, la femme mariée perd donc à tous les coups.

C’est la papesse elle-même qui a exigé de Laurent qu’il lui abandonne sa femme : « Tu as une femme refoulée et névrosée. Elle fera un excellent médium. Il me la faut » et Laurent de répondre, soumis : « Tu l’auras ». Suit ce que la commission de censure nomme « succession de scènes de sadisme, de torture et de violence » : Aline est violée par Borg puis par Stéph, disciples relookés en gladiateurs. Puis elle est reléguée nue dans la porcherie parce que son initiation doit « passer complètement par l’état de bestialité ». Comme l’explique la papesse : « Cette femme est ici pour se surpasser, franchir ses principes, briser sa structure mentale et se retrouver enfin digne d’être acceptée par nous ». Concrètement, Aline est alors marquée d’un « P » au fer rouge sur la fesse gauche, car « Nous cassons le fruit pour en extirper l’amande ». Enfin vient « la grande épreuve de cette nuit ». « Aline, je veux faire de toi et malgré toi, une fille de la Ténèbre, car tu es l’épouse de l’un des nôtres. Par les liens du sang, tu vas servir de support à cette cérémonie. J’espère que tu seras digne de notre confiance ».

Aline est allongée dans une fosse sur un lit de paille, un poulet est sacrifié et son sang coule sur elle et dans un calice. Kerg vient sur elle, lèche le sang sur son visage, la pénètre, mais il éjacule dans le calice. La papesse boit le contenu du calice : « Lune, toi qui influe sur la sève du monde, accepte cette offrande symbolique d’extase et d’agonie, prise à la vie et à la mort et que mon corps vieillisse et meurt le temps que je goûterais à cette liqueur que vient d’imprégner ton rayonnement ». Aline refuse de lui accorder le baiser de soumission et parvient à s’enfuir. Mais elle est bientôt rattrapée par Borg et son chien. D’abord réfugiée dans un arbre, Aline tombe et le chien l’égorge. Borg met le corps dans un trou d’eau avec pour seul commentaire d’humour noir : « Quel gâchis ».

Les disciples acceptent tous la soumission à Geziale. L’une explique à propos d’Aline : « Avant j’étais comme elle, une pauvre conne ! Et je me suis pourtant réalisée en retrouvant mon vrai moi grâce à Geziale ». Dans un geste ô combien fétichiste, tous les disciples donnent le baiser d’obéissance sur la bottine de la papesse. Laurent est le plus zélé : il embrasse la bottine, suit scrupuleusement les consignes de la papesse : « Et maintenant, ne me pose plus de questions, tu dois te taire et obéir », « Baisse la tête et ne bouge plus ». Et quand elle lui demande « Acceptes-tu de te soumettre totalement ? D’oublier ta personnalité afin de recevoir ce que je t’enseignerais ? », il répond : « J’accepte ».

Cuir, fer rouge, bottines, la soumission s’incarne dans un univers sado-masochiste et fétichiste. Car, dernier élément du bricolage de Mario Mercier, et signe des années 1970, La Papesse regorge de cet érotisme joyeux, d’une sexualité collective, individuelle… mais bientôt fatale.

Une pincée de fesses

Côté sexualité individuelle et fatale, il s’agit de l’accouplement entre Laurent et Geziale. Laurent n’en réchappe pas. Côté sexualité collective et plus joyeuse, La Papesse réinterprète la religion ancienne de la déesse : les femmes qui habitaient l’enceinte sacrée de la déesse prenaient des hommes et faisaient l’amour pour honorer la déesse : « Dans le culte de la divinité féminine, le sexe était considéré comme un don fait par la Déesse à l’humanité »22.

La scène de sabbat, quand « Le feu de la Ténèbre s’incarne en eux et les purifie » est d’abord sexuelle, puis continue avec un « festin ». Elle est tournée en négatif : Géziale s’empare d’une des disciples qui se déhanche nue et se roule par terre et explique alors à Laurent : « Maintenant, tout de suite, prends-moi, il faut que je sorte d’elle ! ». Dans la réalité, la frénésie des comédiens dévêtus s’explique surtout par le fait que le tournage s’est déroulé en hiver, Mario Mercier l’a reconnu : « Qu’est-ce qu’on caillait ! »23.

La papesse rejoint ainsi les nouvelles sorcières de la Wicca, cette religion néo-païenne fondée dans les années 1930 par Gerald Brousseau-Gardner, « une reconstruction totale du passé fondée sur une interprétation féministe de la sorcière »24. Ces nouvelle sorcières propagent un message écologiste et féministe, en entretenant le culte de la déesse, elles ne sont plus des démons mais les héritières de la vieille religion préchrétienne, une religion d’harmonie avec la nature qui ouvre les portes à un monde différent, fait de créativité, de fantaisie et d’érotisme puisque la sexualité devient une méthode d’initiation au contact avec le divin25.

Φ

Alors que la modernité se définit comme l’émancipation des êtres humains de la nature, de dieu et des choses pour fonder les normes et les lois sur sa seule raison et sa volonté, La Papesse en prend le contre-pied en bricolant un mélange de contre-cultures post soixante-huitardes.

Il s’agit bien de bricolage puisqu’à des briques plutôt féministes quand il s’agit de revendiquer un pouvoir enfin féminin, s’ajoutent des briques antimodernes quand l’être humain n’est appréhendé que comme le fruit d’un héritage enfoui, d’une Tradition perdue qu’il faudrait faire ressurgir. Mario Mercier, comme beaucoup de ses contemporains issus de l’ésotérisme, du New Age ou du spiritualisme maçonnique, cherche ainsi, avec sa Papesse, une voie de ré-enchantement en renouant le pacte entre l’homme, le sacré et le monde.

Notes

1 Commission du 4 juillet 1974.

2 DURAND Frédérick, article La Papesse in BIER Christophe, sous la dir., Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques, Serious Publishing, 2011.

3 Entretien avec Olivier ROSSIGNOT et Marion ODDON, 12 octobre 2009, Culturopoing.com,

4 Entretien, 10 mai 2010, 1kult.com.

5 VERCEL Julien, « Mario Mercier et le Witch Cinema», 6 décembre 2016, criticamasonica.over-blog.com.

6 Entretien, 1kult.com, op. cit.

7 Notamment dans Le Néo-paganisme : une vision du monde en plein essor, éditions de La Hutte, 2012.

8 La Modernité en procès. Éléments d’un refus du monde moderne, Presses universitaires de Valenciennes, 2013.

9  L’Ésotérisme, Presses universitaires de France, 1992.

10 Éditions L’Étincelle, 1979.

11 FRANÇOIS Stéphane, Le Néo-paganisme, op. cit.

12 FRANÇOIS Stéphane, « Panthéisme, néopaganisme et antichristianisme dans l’écologie radicale », tempsprésents.com, 24 février 2013.

13 Ibid.

14 Gallimard, 1973.

15 Le Tiers instruit, François Bourin, 1991.

17 FRANÇOIS Stéphane, La Modernité en procès, op. cit.

18 Le Rocher, 1986.

19 Entretien, Culturopoing.com, op. cit.

20 Éditions Accarias L’Originel, 2000.

21 Éditions du Relié, 2009.

22 STONE Merlin, op. cit.

23 Entretien, 1kult.com, op. cit.

24 FRANÇOIS Stéphane, La Modernité en procès, op. cit.

25 FRANÇOIS Stéphane, Le Néo-paganisme, op. cit.

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