Récents

La Terre creuse, entre caverne originelle aryenne et mythologie politique transnationale

Première parution : Nicolas Lebourg, « La Terre creuse, entre caverne originelle aryenne et mythologie politique transnationale », Julien d’Huy, Frédérique Duquesnoy, Patrice Lajoye dir. Le Gai sçavoir. Mélanges offerts à Jean-Loïc Le Quellec, Oxford, Archaeopress, 2023, pp. 147–154.

En 2022, Jean-Loïc Le Quellec a publié un ouvrage anthropologique majeur, où, sur la base de l’art pariétal, il traite des 749 occurrences qu’il a trouvé à travers le monde du mythe d’une « émergence primordiale » faisant qu’une partie de la Création passe de la « caverne originelle » à la surface[1].  Un tel sujet interpelle l’historien des extrêmes droites qui, sans avoir de culture préhistorique sérieuse, croit entendre l’écho d’une vague idée croisée de temps à autre, depuis une enfance illuminée par Jules Verne : le thème de la Terre creuse. C’est certes un mythe littéraire, mais aussi un mythe politique, spirituel, et même pop-culturel. Il est vrai que les frontières peuvent être fines. Après un tour d’horizon des sens donnés au mot « mythe », Jean-Loïc Le Quellec a proposé cette lapidaire définition des mythes : « ils décrivent un ordre ancien du monde et racontent un bouleversement qui y survint ; ce qui explique l’état actuel des choses »[2]. C’est exactement là la structure des histoires de la Terre creuse, qu’elles s’ébrouent dans la littérature, l’ésoterisme politique, ou entre les marges politiques et le mainstream pop-culturel.

Si le travail de Jean-Loïc Le Quellec éclaire une préhistoire du mythe de la caverne originelle, les tenants de la croyance en la Terre creuse citent allègrement divers mythes antiques, tels que celui de Perséphone, pour arguer que leurs usages des mythes serait un mode d’accès à des connaissances enfouies. De prime abord, ces rapprochements ne sont pas faux : il fut effectivement produit durant des siècles des récits quant à l’habitat interne de la planète. Néanmoins, on ne peut raisonnablement suivre cette piste très souvent évoquée, même par ceux qui veulent être les observateurs rationalistes d’une pensée fantastique. En effet, les Grecs ou Dante considéraient cette intra-Terre sur un plan cosmogonique, ce qui diffère Au XVIIIè siècle, la réflexion se détache de la cosmogonie avec l’expression « théorie de la Terre » qui fait fortune – et nuit ainsi au timide premiers usages de « géologie ». Nombre d’auteurs européens l’utilisent pour désigner leur production d’une proposition d’explications de la structure et de l’histoire tant de l’intérieur de la planète que de ses reliefs. L’ingénieur français des Ponts et Chaussées Henri Gautier ou l’astronome britannique Edmond Halley fournissent ainsi des hypothèses de Terres creuses dans le cadre de leurs démarches scientifiques[3]. La parution en 1741 du roman fantastique Voyages souterrains de Niels Klim du Danois Ludvig Holberg souligne combien le thème est avantageux pour les façonneurs d’imaginaire.

Les premières réelles thèses de Terre creuse se voulant à rebours du paradigme scientifique en vigueur remontent au XIXè siècle. Il s’agit peut-être, au bout de l’extension coloniale de l’Europe, une fois le monde fini, de perpétuer le rêve de découvertes. En tous cas, la science se fait fiction, sans que l’horizon soit réduit à l’avenir. C’est d’ailleurs le citoyen d’une ancienne colonie, l’Américain John Cleves Symmes, qui se fait le premier activiste d’une véritable révélation. A partir de 1818, il échafaude un système où la planète est en fait composée de cinq sphères concentriques – à compter de 1824, il ne propose plus qu’une seule sphère creuse. Il tente de mettre en place des expéditions aux pôles, rares espaces encore inexplorés et dont il pense qu’ils constituent les entrées à l’intérieur du monde. S’il va à l’encontre des acquis scientifiques, Symmes participe néanmoins, à sa façon, à un goût américain de son époque pour une science géographique exploratoire. C’est ce qui fait de lui l’unique théoricien de la Terre creuse ayant connu un moment de relative popularité, tandis que son idée d’accès polaire au centre de la planète devait connaître une importante postérité romanesque[4]. Parmi celle-ci, se détache bien sûr Jules Verne au premier chef.

La descente physique peut ici valoir remontée du temps : quand le Nautilus de Verne s’aventure au fond des mers, il y trouve l’Atlantide ; quand ses personnages visitent le centre de la Terre, ils y retrouvent des dinosaures. Cette valeur d’anamnèse de passés mythifiés se lie au mythe lui-même, qui devient ainsi plus historique que géologique. Ici aussi pèse peut-être le cadre colonial : comme l’a analysé Jean-Loïc Le Quellec un bon millier de « romans scientifiques » sont produits à cette époque qui expliquent telle ou telle présence archéologique remarquable en Afrique par la venue jadis de civilisateurs blancs, diverses fois dits en provenance de l’Atlantide[5]. L’exploration de l’espace extra-européen ramène aux passés de l’homme blanc, et ces derniers se fixent dans les mondes souterrains et les continents engloutis. Cette tendance a le mérite de placer la fin du monde avant le lecteur de l’eschatologie.

Un paradoxe est installé : le roman est un objet historique agissant, et non un simple bien culturel. Les adeptes de la Terre creuse n’auront de cesse de considérer que le travail de Verne n’est pas tout à fait de fiction et offre des clefs, tout comme d’autres romans à la suite seront faits matériaux d’une histoire mystérieuse. Un deuxième paradoxe émerge : nombre de ceux qui écrivent sur la Terre creuse y voient une folie, mais élaborent également des allers-retours entre fictions et histoire réinventée. Ainsi le journaliste américain William Bell écrit-il que les membres de la Société Thulé avaient « certainement » lu Jules Verne et ainsi transmis la mythologie de la Terre creuse aux nazis, jusqu’à ce qu’Hitler et Himmler soient des adeptes de la thèse de la Terre creuse concave[6]. Celle-ci a été imaginée par Cyrus Reed. Cet Américain a connu une illumination en 1869. Prenant le nom de Koresh, il se fait le prophète d’une « cosmologie cellulaire » : la surface de la Terre est vide, les continents sont fixés sur sa surface interne, le soleil et la lune flottent en son centre. Si la thèse peut sembler claustrophobique, Reed y voit une libération : si l’univers est fini, la paix sociale serait à portée de main – la secte qu’il fonde entreprend la construction d’une Nouvelle Jérusalem reprenant les formes de cette Terre creuse concave. Si cette représentation a bien été introduite dans l’Allemagne de Weimar, l’idée qu’elle ait pénétrée les cercles dirigeants nazis relève des fantasmagories popularisées par le succès mondial du Matin des magiciens des Français Louis Pauwels et Jacques Bergier publié en 1960[7].  Moins qu’avec les racines du nazisme, la cosmologie cellulaire a à voir avec le fourmillement évangélique américain de son époque.

Par ailleurs, la fin du XIXè est riche de littérature grosse de prospérité. L’écrivain britannique Edward Bulwer-Lytton apporte en 1871 une dimension moderniste dans un roman où il conte qu’une race souterraine d’hommes détient une immense énergie mystique, le « Vril ». Le français Louis Jacolliot reprend le thème en situant le royaume souterrain en Inde et en le baptisant « Agartha » (1873), de même qu’il s’intéresse aux continents engloutis. On a là quelques-uns des mythèmes destinés à nourrir l’œuvre d’Helena Petrovna Blavatsky.

En 1875, cette mystique russe fonde à New York la Société théosophique, censée diffuser les enseignements que lui auraient confiés, dans la cité souterraine de Shambhala (un nom emprunté à la mythologie bouddhique) dans le désert de Gobi, les Mahatma, des Maîtres cachés issus de l’effondrement du continent de la Lémurie – tandis que d’autres auraient migré vers l’Atlantide, et les derniers dans les cavernes – dont l’enseignement pourrait sauver la dernière humanité en date, celle des Aryens (la cosmogonie théosophique reprenant les cycles humains de l’hindouisme). A partir de 1905, les théosophes américains ramènent le mystère souterrain à domicile. Ils forgent une identité secrète au mont Shasta (Californie, l’ultime frontière de la « Destinée manifeste » se faisant sas entre les mondes), dont les entrailles seraient les refuges des Maîtres Ascensionnés. Si les rosicruciens font ensuite du mont le seul vestige de la Lémurie ayant survécu au Déluge, certains songent que les cités lémures y vivent encore. Tous s’accordent pour surnommer le mont Shasta « la nouvelle Shambhala ». Après qu’en 1934, Guy Ballard ait affirmé avoir rencontré sur ses flancs le comte de Saint-Germain, s’y développe la mouvance ésotériste « I AM », puis d’autres mouvances comme la new age Église universelle et triomphante d’Élisabeth Clare Prophet. Il y a une dizaine d’années, il était estimé que sur les 25 000 touristes annuels visitant le site, un tiers étaient des pèlerins ésotéristes[8].

Fort souvent, Shambhala se voit toutefois préférer le nom d’Agharttha avec la parution en 1910 d’un ouvrage posthume de l’ésotériste français Alexandre Saint Yves d’Alveydre qui en fait un vaste royaume de vingt millions d’âmes vivant sous une utopie synarchique réalisée. Connu d’un demi-milliard d’Asiatiques, protégé par un « bouclier » de quarante millions d’hommes, le sanctuaire s’étendait jadis de l’Inde jusqu’aux sous-sols de l’Amérique, puis s’installa sous l’Himalaya au-dessus d’un Océan de feu[9]. Le XIXè s’est achevé en creusant même la Lune : en 1901, HG Wells publie The First Men in the Moon, où les explorateurs humains découvrent une civilisation lunaire souterraine.Une fois l’Europe couverte de tranchées, le mythe remet les pieds sur Terre. 

 L’entre-deux-guerres élabore d’abord des continuités des récits mis en place avant 1914, puis les surinvestit, entre autres politiquement. A l’heure où il s’agit de dépasser les nations pour forger de nouveaux empires, le propos est moins celui d’une Terre totalement creuse à habiter, que la découverte de territoires souterrains pouvant fournir l’énergie à la construction des projets géopolitiques. Approfondissant la dimension ésotérique du mythe, il faut y descendre, s’y transformer, revenir changer le monde.

L’attrait russe pour l’Agartha se comprend par le développement fin XIXè de thèses poussant la Russie à s’agrandir vers son Sud-Est pour compenser le poids de l’Occident, en particulier vers le Tibet (Lhassa étant perçue telle la Rome de l’Asie), dont les prophéties liant Shambala à un royaume sacré eschatologique au Nord préfigureraient l’attente de l’impérialisme russe. Pour le prince Esper Uxtomskij, précepteur de Nicolas II, l’attente du « Tsar blanc » par les peuples tibétains ne fait pas de doute, d’autant que les deux peuples seraient de la même ascendance aryenne[10]. L’invention de l’Agartha est reprise avec succès en 1924 par Ferdynand Ossendowski, séparatiste sibérien devenu Russe blanc qui fait de l’Agartha le sanctuaire du « Roi du Monde » – thème et terme adoptés par René Guénon à sa suite. La même année, le rosicrucien polonais, et adepte de la Terre creuse, Włodzimierz Tarlo-Maziński fonde une Union Synarchique qui cherche à réaliser hic et nunc les préceptes politiques régentant l’Agartha[11].

Artistes, penseurs ésotéristes et russes blancs, Nicolas et Helena Roerich cherchent à partir de 1925 une Shambhala dont la description qu’ils font est directement inspirée de l’Agartha de Saint Yves d’Alveydre, mais avec un fort contexte bouddhiste et mongol, et dont les tunnels et caves s’étendraient de l’Altaï à l’Himalaya. Les Mahatma (Galilée, Confucius, Léonard de Vinci, etc.) s’y seraient installés après la chute de l’Atlantide et y auraient constitué le « Gouvernement Invisible et International ». Le couple en a déduit un projet : l’édification d’une « Union sacrée de l’Est » devant réunir les peuples mongols, tibétains et sibériens dans une théocratie mêlant leurs conceptions du bouddhisme et de la théosophie. Ils sollicitèrent l’appui de la Russie bolchevique, puis du ministre de l’Agriculture des États-Unis Henry Wallace (lui-même marqué par la théosophie), pour réaliser cette utopie qui n’était pas que géographique mais participait des projets intégralistes de l’entre-deux-guerres. Après avoir proposé à Moscou de transformer le monde par une quasi-fusion du bouddhisme et du communisme, ils purent présenter leur projet au président Roosevelt en 1935. Ils tentèrent de le convaincre qu’une Mandchourie et une Mongolie investies par des coopératives américaines feraient contrepoids au Japon[12].

Parti de maîtres occultes guidant l’humanité vers l’ascension spirituelle pour aboutir à des projets concrets de transformation politique, le mythe est ainsi devenu un objectif donnant une orientation idéologique, c’est-à-dire qu’il était passé de la science-fiction à ce que Georges Sorel considérait dans ses Réflexions sur la violence (1908) être le mythe politique : une représentation mobilisatrice, vérité absolue et indivisible organisant l’action collective. Parmi les projets de réorganisation de l’Asie, on ne s’étonnera donc pas de retrouver l’Agartha dans le néo-eurasisme du russe Alexandre Douguine. Elle y apparaît doublement. D’abord, en tant que justification de la mission eurasiste de la Russie située entre l’Hyperborée et l’Agartha : sa réalisation a une visée eschatologique, devant signifier la fin du Kali-Yuga et l’avènement du Roi du Monde. Ensuite, comme le nom d’un réseau occulte au sein du renseignement militaire de la fin de l’Union soviétique[13].

Eu égard aux imaginaires mobilisés, on ne saurait s’étonner que la fantasmagorie d’Agartha trouve son revers. Comme l’avait déjà noté Raoul Girardet, le souterrain est une figure essentielle de la description des conspirations maléfiques[14]. Du labyrinthe refaçonnant l’initié, la caverne passe donc naturellement à la matrice du complot malfaisant. Le cas est spectaculaire relativement à la Synarchie : l’utopie réalisée en Agartha se meut en projet politique ennemi, la « Fraternité blanche » en conjuration occulte. Sous Vichy, est dénoncé un Mouvement synarchique d’Empire, complot technocratique servant le capitalisme juif, mais également instrument du fascisme de « droite » : le Service des sociétés secrètes considère ainsi que la Synarchie, infiltrée dans le nazisme, a bloqué les mesures sociales du Troisième Reich[15].

L’après-guerre voit la presse communiste dénoncer le complot synarque, patronal et réactionnaire, tandis que celle d’extrême droite le pourfend en tant qu’initiative mondialiste, bien souvent judéo-maçonnique. La Cité idéale du monde souterrain est réduite au totalitarisme d’en-face, et le thème de l’Agartha défait de ses vertus pour n’être qu’un élément de son folklore. La Synarchie n’est plus qu’une injure, transatlantique désormais. Le péronisme argentin trouve là un mot pour nourrir son interclassisme, qu’il veut populaire. Le mouvement de Lyndon LaRouche dénonce dans la Synarchie le complot ayant donné jour aussi bien au jacobinisme qu’au bolchevisme en passant par le nazisme[16]. En France, le terme demeura dans le discours nationaliste jusqu’à la fin du XXe siècle, qu’il s’agisse pour la Fédération des étudiants nationalistes de prétendre que la Synarchie s’est reformée grâce à la fondation en 1945 de l’École nationale d’administration, pour le Mouvement Occident d’arguer qu’elle est un des instruments de la « judéo-maçonnerie », pour les néo-nazis français de la World Union of National-Socialists d’user de la « Synarchie » comme un masque transparent de ce qui eût été antérieurement nommé le « judaïsme international », pour les « socialistes européens » (partisans d’une Europe blanche des ethnies) d’y voir le point de rencontre de la technocratie mondialiste et du « sionisme », quand d’autres néofascistes ont pu la concevoir comme l’instrument technocratique de la domination universelle « américano-sioniste », etc.[17].

Toutefois, la Synarchie devait être un mot abandonné par l’extrême droite radicale à compter des années 1980. On comprend pourquoi en croisant l’une de ces ultimes occurrences dans le périodique antisémite et négationniste Révision, tenu par un ex-Autonome aux problèmes psychiatriques établis : la Synarchie est dite avoir financé la Cagoule, les ligues et le Front populaire, Vichy et les Alliés, et contribuer à ce que la Seconde guerre mondiale s’achève sur ce qui serait la victoire des juifs. L’antisémitisme a certes encore de beaux jours devant lui, mais un tel passéisme des références est incapacitant[18]. Le thème trouve dès lors refuge à gauche à partir des années 1990, tout d’abord au Réseau Voltaire, détaché des gauches à partir de son conspirationnisme post-11 septembre mais y étant inclus jusque-là. Mais ce sont surtout les ouvrages d’Annie Lacroix-Riz, retrouvant la fibre de la dénonciation de la collusion patronat-fasciste dans le complot synarchiste, qui redonnent un vrai élan au mythe et le relégitime à gauche… Figure atypique mais non asymptomatique, Jean-Pierre Chevènement la cite ainsi en tançant le complot des « organisations d’extrême droite (Synarchie et Cagoule) » qui eussent noyauté l’Etat…[19] N’importe : la question n’est plus que l’intra-monde vienne régénérer les sociétés, mais la création d’un monde “à plat”, transnationalisé par le truchement semi-paradoxal d’un mythe transnational. Le fait qu’il pointe largement ce qu’il considère être le mondialisme technocratique des élites relève bien en revanche d’une continuité de la fantasmagorie anti-synarchie, ainsi passée de l’utopie forgée sur un savoir ancestral au cauchemar en route mais aux origines antédiluviennes. 

 C’est en 1960 que le nazisme se rattache vraiment à la théorie de la Terre creuse, autant dire non exactement à son acmé… Louis Pauwels et Jacques Bergier publient alors Le Matin des magiciens, qui connaît un succès fulgurant et phénoménal : un million d’exemplaires en France et une dizaine d’éditions étrangères[20]. L’ouvrage fabrique une réalité alternative où l’Histoire est le fait de complots ésotériques. Selon son propos, le « nazisme originel » et Hitler croyaient que nous vivons à l’intérieur de la Terre et que le « Roi de la peur », vivant dans une cité encore plus souterraine en Asie, offrait le pouvoir sur les continents à qui pactisait avec lui – le Vril intra-terrestre assurant la puissance. Hitler lui-même eût cru être en contact avec les « Supérieurs Inconnus » de la théosophie, réfugiés sous notre sol. Mais par-delà, assurent les auteurs, « pour l’Allemand de la rue dont l’âme avait été labourée par la défaite et la misère, l’idée de la Terre creuse, aux environs de 1930, n’était pas plus folle, après tout, que l’idée selon laquelle des sources d’énergie illimitée seraient contenues dans un grain de matière »[21]. Le phénomène d’édition lance une vague narrative sur « l’occultisme nazi » touchant dans les décennies suivantes l’ensemble des médias (cinéma, bande dessinée, jeu vidéo etc.) et fait passer la petite secte völkisch qu’était la Société Thulé pour le centre névralgique secret du nazisme[22]. On retrouve également l’ouvrage de Pauwels et Bergier à l’origine du récit faisant des fresques de la Tassili (un plateau que les auteurs transforment… en grotte) des preuves de la visite sur Terre d’extraterrestres géants entourés de leur champ magnétique ; soit une légende assez popularisée pour que des décennies après Jean-Loïc Le Quellec en ait assuré une patiente réfutation[23].  

Le succès se répercute dans la radicalité politique, se refaçonnant dans ses ultimes marges en croyant que le légende est le legs historique – il est vrai que nous sommes au même moment où elles s’emparent des pseudos-runes nordiques de la SS comme emblèmes, et où elles commencent également à redessiner leurs dogmes non selon leurs vues propres mais sous l’angle de nouveaux travaux historiques[24]. Ainsi, le néo-nazi chilien Miguel Serrano procède-t-il à une grande fusion mythologique, avec des Hyperboréens d’origine extradimensionnelle qui auraient choisi après l’engloutissement de leur continent (suite à un péché racial de métissage qui n’est pas sans suggérer un décalque de la mythologie juive des Nephilim) de se répartir entre la galaxie, la Terre creuse, un royaume souterrain de Mongolie, et une vie terrestre donnant souche aux Aryens. En 1945, Hitler aurait utilisé une soucoupe volante pour rejoindre l’une des entrées de la Terre creuse, via une base secrète nazie dans l’Antarctique[25].

Manifestement, on a atteint là un haut degré d’hybridation entre pop-culture, théosophie, néo-nazisme, et tout autre élément croisé que l’on peut désormais hybrider au gré de sa fantaisie. Dès lors, il ne s’agit plus que de pousser toujours plus loin. C’est ainsi ce que fait le Livre Jaune n°6, ouvrage antisémite ésotérique mâtiné de théosophie, d’ufologie et tutti quanti, influencé par Serrano mais plus largement diffusé internationalement. Selon lui, « une chose est évidente : la Terre est creuse », comme toutes les planètes. On peut aller depuis les pôles rejoindre cette Hyperborée interne où « le climat est subtropical (…). Tout fonctionne en harmonie et baigne dans l’amour. La capitale se trouve dans un jardin paradisiaque, qui s’appelle Eden. » Le territoire est peuplé de Géants qui ont parfois guidé l’humanité qui les prit pour des dieux, tel l’hyperboréen Appolon[26].

Nonobstant, ces textes s’inscrivent encore dans la perspective d’une régénération utopique de la surface par le centre de la Terre. La pensée obsidionale devait bien sûr arpenter la possibilité d’un Enfer interne, où d’antédiluviennes créatures reptiliennes attendent de soumettre l’humanité (les continuités avec des thèmes issues de la prose de Blavatsky ne cachant pas une rupture fondamentale puisque chez elle les figures draconiques et serpentines des diverses religions antiques renvoyaient à une sagesse supérieure[27]). Ici encore certains matériaux émanent probablement de la littérature pop-culturelle, et plus particulièrement de ses grands maîtres pulp de la première moitié du XXe siècle. Le recours qu’ils opèrent à la figure maléfique du serpent renvoie certes à la culture occidentale, mais dans une histoire amplement indomaniaque on ne peut que songer aux Nâgas, peuple de serpents humanoïdes ayant précédé l’homme et vivant dans le monde souterrain selon la mythologie hindoue. Entre 1914 et 1944, Edgar R. Burroughs, le père de Tarzan, développe une série de romans où la Terre creuse abrite diverses populations dont les cruels Mahars, ptérodactyles humanoïdes dont le nom renvoie à une caste hindoue. C’est ensuite Robert E. Howard qui en 1929 déploie une race préhumaine d’hommes à tête de serpents affrontant un roi atlante exilé – son œuvre suivante centrée autour de Conan le barbare se situant à un « Âge hyborien » consécutif de la Chute de la Lémurie et de l’Atlantide. Ces hommes-serpents complotent et manœuvrent le monde, car métamorphes ils peuvent se faire passer pour des humains. Howard participe au magazine Weird Tales, où officie également Howard P. Lovecraft. Les souterrains d’hommes-serpents pré-atlantes viennent ainsi s’intégrer à la cosmogonie longuement dite du « mythe de Cthulhu », cet univers lovecraftien partagé entre divers auteurs (Les Montagnes hallucinées, l’un des plus célèbres romans de Lovecraft, récemment adapté en manga, paraissant d’ailleurs également emprunté au roman de 1914 de Burroughs). L’ensemble de ces traits devait retrouver les marges politiques radicales avec l’œuvre du britannique David Icke, construisant à la fin des années 1990 un méta-complot rassemblant tous les fantasmes de complot préexistants.

Chapeautant les complots des juifs, des Illuminati etc., le Grand Complot serait l’œuvre des extraterrestres reptiliens que la mythologie sumérienne nommait les Annunaki – l’histoire du serpent au jardin d’Eden en étant une métaphore. L’ensemble des dirigeants de la planète seraient les descendants des reptiliens cherchant à soumettre la race humaine, tandis qu’Hitler aurait été « obsédé par la magie noire » et que Jules Verne eût été un « haut initié » livrant un roman à clefs (voire même un peu plus puisque l’auteur embarque dans sa démonstration l’adaptation cinématographique de 1959 qui ajoutait au roman vernien la présence d’une Atlantide aux hôtes reptiliens au centre de la Terre)…[28] David Icke a su intégrer à son intrigue les récits de ses propres émules, en particulier de Branton, un activiste convaincu qu’une guerre intergalactique multi-millénaire connaît sa phase finale dans la Terre creuse sous les États-Unis, opposant la vision collectiviste et mondialiste reptilienne à la liberté individuelle chrétienne[29].

Quoique David Icke se défende de tout racisme, sa construction renvoie au schéma même des thèses racialistes, reposant structurellement sur l’idée que le moteur de l’histoire est l’affrontement racial[30]. Si, certes, le complot reptilien a été formidablement popularisé, son caractère fantasque est trop net pour être hybridé à des offres politiques électorales. Quelques greffes peuvent avoir été produites aux confins des marges : ainsi l’Action européenne, une internationale néonazie fondée en 1971 par l’ancien collaborationniste Pierre Clémenti, a connu brièvement une section dite de l’Ordre odiniste présentant un cycle d’humanités successives (les premiers hommes se réfugièrent dans l’Agartha intra-terrestre après que les eaux aient noyé l’Ultima Thulé) ; ici les Annanuki sont des Aryens extraterrestres qui eussent été la caste dirigeante des Sumériens et qui auraient guidé la Société Thulé jusqu’aux mystères de la Terre creuse, entre autres…[31] En France, il a fallu la pandémie de Covid-19, dénoncé par David Icke comme une arme reptilienne, pour que ces thèses bénéficient du relais d’une sphère internet entre médecine alternative et technophobie. Même le site d’Alain Soral a attendu ce moment pour diffuser sa première vidéo de David Icke[32].

La pandémie a témoigné que la fantasmagorie n’asséchait plus les possibilités de concentration de capital symbolique : l’ufologue antivax Silvano Trotta, convaincu de la thèse de la Lune creuse, a vu durant l’année 2020 sa chaîne YouTube passer de 15 000 à 170 000 abonnés, tandis que son compte Twitter atteignait deux millions de visites en novembre 2020[33]. Surtout, le complot reptilien a été largement absorbé par la mythologie de la galaxie QAnon. Évolutive, cette dernière proposait dès le départ l’existence de « Deep underground military bases » (soit l’acronyme « DUMB », qui signifie « crétin » en anglais). Parcourant le monde, les DUMB concentreraient des millions d’enfants esclaves, destinés à être violés, torturés, dévorés pour qu’on en extraie l’adrénochrome dont les élites tireraient des propriétés magiques, dont la longévité. Le premier réflexe des classes cultivées a été de mépriser QAnon, et puis il y eut l’attaque du Capitole, et avant, en 2020, à Hanau en Allemagne, ce terroriste d’extrême droite réalisant un massacre contre les étrangers en laissant un manifeste et une vidéo où, entre autres, il évoque les DUMB[34]. En 2022, les milieux QAnon ont souvent interprété l’invasion de l’Ukraine comme une mission camouflant le démantèlement de ces fermes souterraines d’enfants, Vladimir Poutine prenant la suite de Donald Trump en tant que héros de l’humanité.

A ce stade, l’hybridation des thèmes tourne au salmigondis. Le propre de la post-modernité est peut-être que tout revient à la pop-culture, et que tout s’achève dans l’ironie. La popularisation des théories de David Icke a nourri tout un flux de productions artistiques sachant jouer du sarcasme. Si le film germano-belgo-finlandais Iron Sky 2 (2019) proposait un Hitler reptilien chevauchant un dinosaure au centre de la Terre, le rappeur français Vald publiait en 2017 un album intitulé Agartha contenant une chanson Lezarman moquant la mythologie ickienne. Symbole absolu de cette post-modernité tout en références agglutinées, parfois en symbiose, la tétralogie filmique Matrix représente une apogée. La seule ville réelle est Zion, au cœur de la Terre, éternellement détruite et reconstituée sans le savoir (dans la mythologie des trois premiers volets), tandis que l’univers de la surface n’est qu’une réalité illusoire, qui plus est soumise à une stase temporelle : l’homme ne surgit plus de la caverne originelle ; avant et après lui, il n’y a rien que son anéantissement. Matrix achève le thème de la Terre creuse en tant que résidu du passé, comme en tant que voyage initiatique.

 Ce voyage au centre de la Terre tourne sempiternellement à droite. Pourtant, l’œuvre et la vie de Georges Sorel nous ont amplement appris que les mythes politiques transcendent voire font imploser le clivage droite-gauche. En fait, c’est que ce mythe nous raconte peut-être ce qu’est la vision du monde radicalement de droite. Les extrêmes droites estiment que leur mission est de régénérer une communauté disparue, ou en risque de disparition. Cela implique un mythe des origines, ou plutôt des cosmologies puisque la pluralité des courants, formations et sentiments nationaux met en concurrence un grand nombre de mythes fondateurs. Le développement de l’aryanisme s’était fait en sachant bricoler une pluralité de mythes : nul n’était besoin de tout en connaître pour approuver l’écrasement de millions d’êtres humains. Greg Johnson, l’une des figures de l’alt-right américaine, analysait récemment dans le compte-rendu d’un ouvrage nommé Le Foyer hyperboréen :

« Nous avons besoin d’un mythe, c’est-à-dire d’une vision concrète, d’une histoire de qui nous sommes et de qui nous souhaitons devenir. Puisque les mythes sont des histoires, ils peuvent être compris et appréciés par pratiquement n’importe qui. Et les mythes, contrairement aux études scientifiques et politiques, résonnent profondément dans l’âme et atteignent les sources d’action. Les mythes peuvent inspirer une action collective pour changer le monde. »[35]

Est un premier élément ce rapport aux valeurs irrationnelles, au désir de changer le monde sans fatalement théoriser précisément l’après (on connaît la formule lapidaire de Mussolini quand on moquait l’imprécision programmatique du fascisme : « Notre programme est simple. Nous voulons gouverner l’Italie »). En outre, ici, changer le monde consiste à réfuter ce que Julius Evola a estimé être le monde bourgeois matérialiste s’imposant à partir de la Renaissance[36]. Le propre de l’extrême droite radicale, c’est qu’elle est in fine le paradigme occidental qui réfute le paradigme produit par l’Occident depuis cette période. Récuser la science, avoir une « alterscience » selon la formule d’Alexandre Moatti[37], est une condition sine qua non de qui veut balayer en l’homme tout ce qui provient de cette ère des valeurs bourgeoises que seraient la démocratie et la raison critique, au profit d’un nouvel homme prométhéen. Structurellement, le désir de narrer la Terre creuse est ainsi proche de la vision du monde de l’extrême droite radicale.

Est aussi singulier que dans la partie politique de notre corpus, ce qui peuple la Terre est quasiment toujours ancien et dangereux : en un siècle le rêve de l’Agartha s’est réduit aux DUMB. Moins qu’un désenchantement des imaginaires littéraires ou historiques, on peut y voir l’orientation décliniste et stricto sensu réactionnaire qu’a tendu à prendre un champ politique toujours plus défait de la part révolutionnaire qu’il avait eu. Par-delà, l’espace-temps est un élément central des représentations du monde et des projets utopiques des extrêmes droites radicales. Le récit racial de l’Histoire élaboré par les nazis les plaçait à ce qui serait l’acmé d’un combat pluri-millénaire, pouvant aboutir soit au « Reich de mille ans », aux dimensions intercontinentales et à la capitale rêvée, Germania, aux structures cyclopéennes, mais dont Adolf Hitler rêvait déjà des ruines, soit aboutir non à la défaite mais à l’anéantissement lors d’une nuit de mille ans[38]. Benito Mussolini avait de moindres ambitions cosmogoniques : le calendrier qu’il imposa structura d’ailleurs moins la temporalité quotidienne que celui élaboré par les nazis. De même, ses rêves d’Empire furent plus ceux d’un décloisonnement de l’Italie qu’un remodelage du monde, même si sa conception du futur relevait avant tout d’une géopolitique[39]. Si les fascistes du premier vingtième siècle furent ainsi des inventeurs de calendriers et de cartographies, car, pour eux, leur avènement était le temps d’un redémarrage et d’une palingénésie, il n’en est pas exactement de même dans le néo-fascisme, qui privilégie le concept de l’interrègne[40], et qui, entre autres, parce qu’il découvre le nazisme avec des biais tels que ceux du Matin des magiciens, importe pourtant à son corps presque défendant le caractère cosmogonique du nazisme.

Est-ce à dire que notre histoire de la Terre creuse se limite à cette dynamique idéologique ? On doit à Jean-Loïc Le Quellec l’intuition que ce n’est pas le cas. En effet, quand il traite de « l’archéologie romantique », il conclut : « au fond, il ne s’agit pas d’archéologie, mais d’une vision du monde, d’une cosmologie, d’une anthropogonie, d’une ethnogonie, bref : d’une mythologie intégrant dans ses discours des éléments d’archéologie »[41]. À dire vrai, l’historien des extrêmes droites n’a rien à ajouter, hormis que ce pourrait-là être une belle définition de son propre champ, et qu’il a donc une dette intellectuelle envers Jean-Loïc Le Quellec.


[1] Jean-Loïc Le Quellec, La Caverne originelle. Art, mythes et premières humanités, Paris, La Découverte, 2022.

[2] Jean-Loïc Le Quellec, Après nous le Déluge ! L’Humanité et ses mythes, Bordeaux, Le Détour, 2021, p. 15.

[3] Jacques Roger, « La théorie de la Terre au XVIIe siècle », Revue d’histoire des sciences, vol. 26, n°1, 1973, pp. 23-48 ; François Ellenberger, « Quelques idées anciennes sur la constitution interne du globe terrestre », Travaux du Comité français d’Histoire de la Géologie, Comité français d’Histoire de la Géologie, 1984, vol. 2, pp.1-19.

[4] Duane A. Griffin , « Hollow and Habitable Within: Symmes’s Theory of Earth’s Internal Structure and Polar Geography », Physical Geography, vol. 25, n°5, 2004, pp. 382-397

[5]Jean-Loïc Le Quellec, La Dame Blanche et l’Atlantide. Enquête sur un mythe archéologique, Paris, Errance, 2010.

[6] Bill Yenne, Himmler et l’ordre noir. Les origines occultes de la SS, Rosieres en Haye, Camion noir, 2013, p. 87.

[7] Sarah A. Tarlow, « Representing Utopia: The Case of Cyrus Teed’s Koreshan Unity Settlement », Historical Archaeology, vol. 40, n°1, 2006, pp. 89-99 ; Nicholas Goodrick-Clarke, The Occult Roots of Nazism: Secret Aryan Cults and Their Influence on Nazi Ideology, New York, Tauris Parke Paperbacks, 2004, pp. 174-220.

[8] Madeline Duntley, « Spiritual Tourism and Frontier Esotericism at Mount Shasta, California », International Journal for the Study of New Religions, vol.5, n°2, 2014, pp 123–150.

[9] Alexandre Saint Yves d’Alveydre, Mission de l’Inde en Europe, mission de l’Europe en Asie, Paris, Dorbon, 1910 ; Olivier Dard, La Synarchie. Le Mythe du complot permanent, Paris, Perrin, 2012, pp. 68-80.

[10] Marlène Laruelle, « « The White Tsar » : Romantic Imperialism in Russia’s Legitimizing of Conquering the Far East », Acta Slavica Iaponica, n°25, 2008, pp. 113-134.

[11]  Jarosław Tomasiewicz et  Przemysław Sieradzan, « Włodzimierz Tarło-Maziński – ezoteryczny indywidualista », Rzeczycka Monika et Trzcińska Izabela dir., Polskie tradycje ezoteryczne 1890-1939, 2019, Gdańsk, Wydawnictwo Uniwersytetu Gdańskiego, pp. 206-230.

[12] Dany Savelli dir., Autour de Nicolas Roerich : art, ésotérisme, orientalisme et politique, Slavica Occitania, n°48, 2019.

[13] Alexandre Dougine, Rusia. El mysterio de Eurasia, Madrid, Grupo Libro 88, 1992 ; id., Les Mystères de l’Eurasie, Nantes, Ars Magna, 2018 ; Markus Osterrieder , « From Synarchy to Shambhala: The Role of Political Occultism and Social Messianism in the Activities of Nicholas Roerich », Michael Hagemeister, Birgit Menzel et Bernice Glatzer Rosenthal dir., The New Age of Russia. Occult and Esoteric Dimensions, Berne, Peter Lang, 2012, p114.

[14] Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, Paris, Seuil, 1986.

[15] Haute Cour de justice, ensemble de pièces sur le Mouvement synarchique d’Empire, AN/3W241.

[16] Humberto Cucchetti, « Droites radicales et péronisme : un mélange de traditions anticapitalistes ? », Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales au XXe siècle (Europe-Amériques), Berne, Peter Lang, 2015, pp. 169-189 ; Executive Intelligence Review, Global Showdown : the Russian Imperial Plan for 1988, Washington, EIR Research, 1985.

[17] L’Action nationaliste, 26 janvier 1970 ; Jean-Gilles Malliarakis, Yalta et la naissance des blocs, Albatros, Paris, 1982 ; Direction centrale des renseignements généraux, « Tentative de relance du national-socialisme », Bulletin hebdomadaire. Notes et études, 20 mai 1964, 5 p., AN/19820599/65.

[18] Révision, mai 1990 ; SDRG 92, « L’Aigle noir défenseur des théories révisionnistes se manifeste à nouveau à Issy-les-Moulineaux » 21 novembre 1988, 4 p.

[19] https://www.chevenement.fr/Jean-Pierre-Chevenement-invite-du-colloque-Le-general-de-Gaulle-et-les-elites_a489.html (consulté le 21 décembre 2022).

[20] Pierre Lagrange, « L’occultisme, une étrange passion française. L’histoire du Matin des magiciens, bestseller des années 1960 », Revue du Crieur, vol. 5, n°3, 2016, pp. 120-131.

[21] Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des magiciens, introduction au réalisme fantastique, Paris, Folio, 1972, pp. 390-404.

[22] Stéphane François, Les Mystères du nazisme. Aux sources d’un fantasme contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 2015.

[23] Jean-Loïc Le Quellec, « Les Martiens du Sahara. Naissance et postérité d’une légende » Ovni-Présence, n° 51, août 1993, pp. 4-18.

[24] Nicolas Lebourg et Jonathan Preda, « Le Front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », dans Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales, Bern, Peter Lang, 2015, pp. 101-138 ; Nicolas Lebourg, « La fonction productrice de l’histoire dans le renouvellement du fascisme à partir des années 1960 », Sylvain Crépon et Sébastien Mosbah-Natanson dir., Les Sciences sociales au prisme de l’extrême droite. Enjeux et usages d’une récupération idéologique, Paris, L’Harmattan, 2008, pp. 213-243.

[25] Stéphane François, L’Occultisme nazi, entre la SS et l’ésotérisme, Paris, CNRS éditions, 2020, pp. 150-155.

[26]Livre jaune n°6, Port Louis, Félix,  2001, pp. 241-276.

[27] Sa Doctrine secrète contient 313 fois le mot « dragon » et compte 456 occurrences du mot « serpent » ; le texte est disponible en ligne : https://ia600608.us.archive.org/21/items/DoctrineSecrteBlavatsky/doctrine%20secr%C3%A8te%20blavatsky.pdf (consulté le 9 janvier 2023).

[28] David Icke, Le plus grand secret, Saint-Zénon, Louise Courteau, 2001, pp. 363-387.

[29]Michael Barkun, A Culture of Conspiracy. Apocalyptic Visions in Contemporary America, Berkeley, University of California Press, 2003, pp. 122-123.

[30] Stéphane François, Au-delà des Vents du Nord. L’extrême droite française, le pôle Nord et les Indo-Européens, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2014, p.15.

[31] Nicolas Lebourg, Les Nazis ont-ils survécu ?, Paris, Seuil, 2019 ; http://ordre-odiniste.blogspot.com/ (consulté le 14 décembre 2022).

[32] Maxime Courtin, Epistémologie du méta-complotisme de l’extrême droite française et internet, master 2, université de Nice Sophia Antipolis, 2020, pp. 105-107 ; Aurélien Montagner, Le Nationalisme conspirationniste soralien: Une idéologie radicale et marginale de l’extrême droite française contemporaine, thèse de doctorat, université de Bordeaux, 2020, pp. 567-568

[33] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/12/09/silvano-trotta-figure-montante-d-un-complotisme-decomplexe_6062751_4355770.html (consulté le 30 janvier 2023)

[34] Wu Ming 1, Q comme Qomplot. Comment les fantasmes de complot défendent le système, Montréal, Lux, 2021, pp. 11-19.

[35] Cité dans https://hopenothate.org.uk/2018/03/27/hindu-mysticism-alt-right/ (consulté le 12 décembre 2022)

[36] Julius Evola, Révolte contre le mon moderne, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1991 (première édition:1934).

[37] Alexandre Moatti, Alterscience. Postures, dogmes, idéologies, Paris, Odile Jacob, 2013.

[38]Johann Chapoutot,.« Comment meurt un Empire : le nazisme, l’Antiquité et le mythe », Revue historique, vol. 647, n° 3, 2008, pp. 657-676.

[39]Pierre Milza, « Le fascisme italien et la vision du futur », Vingtième Siècle, revue d’histoire, n°1, janvier 1984, pp. 47-56.

[40]Roger Griffin, « “I am no longer human. I am a Titan. A god !” The fascist quest to regenerate time », Electronic seminars in History, novembre 1998 (working paper).

[41] Jean-Loïc Le Quellec, « Une archéologie irrationnelle ? L’archéologie romantique », Stéphane François dir., Un XXIe siècle irrationnel ? Analyses pluridisciplinaires des pensées « alternatives ». Paris, CNRS Éditions, 2018, p. 101.

En savoir plus sur Fragments sur les Temps Présents

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture