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Violences de fin de guerre. Les massacres des harkis après l’indépendance algérienne [1962 – 1965]

david hoPar Abderahmen Moumen

La signature des Accords d’Évian le 18 mars 1962 et la proclamation du cessez-le-feu le lendemain constituent l’acte final de la guerre d’indépendance qui opposa l’État français au Front de Libération nationale (FLN). C’est aussi une nouvelle étape avec l’accélération du mouvement de départ en masse de ceux que l’on nomme désormais par l’expression « repliés d’Algérie ». Après quelques départs anticipés non négligeables entre 1958 et 1961, l’année 1962 voit déferler l’essentiel de populations hétérogènes en provenance d’Algérie sur le territoire métropolitain. La violence des derniers mois de l’Algérie française constitue un des facteurs non moins déterminant de cette migration politique sous contrainte.

En particulier, les anciens supplétifs de l’armée française désignés par le terme générique de harkis sont l’objet de diverses violences et actes de représailles. Cette question demeure encore de nos jours un sujet sensible pour certains et objet d’une exploitation partisane macabre pour d’autres. C’est une question qui s’insère dans les conflits de mémoire qui ressurgissent de manières récurrentes en France comme en Algérie.

Le thème des violences à l’encontre des harkis au sortir de la guerre d’Algérie constitue encore aujourd’hui une querelle historiographique pour les chercheurs spécialistes de cette période, d’autant plus que l’impétrant peut aussi se trouver découragé par des sources lacunaires à l’accès souvent restreint. La chronologie des faits a souvent souffert de cette insuffisance de données, qui se répercute encore de nos jours sur la question du bilan des violences.  

Une querelle historiographique et des sources lacunaires

Cette question des violences contre les anciens supplétifs a été évoquée par des spécialistes de la guerre d’Algérie comme Benjamin Stora[1], Mohammed Harbi[2], Gilbert Meynier[3], Jean-Jacques Jordi[4], Gilles Manceron[5] et Hassan Remaoun[6]. Suite à la thèse de Mohand Hamoumou et à la publication d’articles de cet auteur[7], un débat virulent l’a opposé à Charles-Robert Ageron, à travers la revue historique Vingtième Siècle, essentiellement sur deux points : le bilan et les responsabilités[8]. Le général Maurice Faivre y contribua aussi par l’apport, dans ses ouvrages et articles, de documents souvent inédits[9] et l’historien Guy Pervillé, notamment dans une série d’articles dans la revue L’Histoire, essaya aussi d’apporter des éléments de compréhension sur les points les plus litigieux de l’année 1962[10]. Enfin, l’historienne Sylvie Thénault a aussi effectué en 2006 une synthèse qui remet en cause la notion d’un « massacre des harkis », préférant en cela la notion de « massacres ». Elle souligne ainsi particulièrement les points sur lesquels les chercheurs n’ont encore aucune certitude[11].

Cette question est d’autant plus sensible que la communauté scientifique et les spécialistes de la guerre d’Algérie n’ont eu que très peu de documents sur cette période, en dehors des nombreux témoignages, tant de la part d’anciens supplétifs que de militaires de l’armée française. Les premiers écrits — non scientifiques cependant – furent tout d’abord produits par des partisans de l’Algérie française ou d’anciens officiers ou sous-officiers de l’armée française ayant commandé des supplétifs. Les détails macabres y abondent, il s’agit d’une source qu’il faut prendre avec précaution tant le contexte anarchique de l’Algérie après les Accords d’Évian a abouti à des surestimations.

Le seul document d’importance sur lequel la majorité des chercheurs s’est longtemps appuyée est la « Note sur les massacres de harkis dans l’arrondissement d’Akbou en 1962 » rédigée en mai 1963 à l’attention d’Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d’État, par Jean-Marie Robert, ancien sous-préfet de l’arrondissement d’Akbou au moment de ces événements et alors sous-préfet de Sarlat en Dordogne, qui décrit avec précision le déroulement des massacres dans son arrondissement[12]. Un document essentiel, mais qui porte sur un seul arrondissement algérien, alors qu’il apparaît que les situations locales ont été extrêmement diverses. Mais certaines archives ont commencé à s’ouvrir et des dérogations ont été consenties à quelques chercheurs, ce qui nous permet d’avancer dans la connaissance de cette période trouble.

Ainsi, en premier lieu, les archives de l’armée conservées au Service historique de la Défense (SHD/Armée de Terre) au Château de Vincennes contiennent divers rapports, fiches et synthèses établis par des militaires français appartenant aux unités françaises stationnées en Algérie jusqu’en 1964 dans le cadre des dispositions des Accords d’Évian[13]. En effet, ordre avait été donné aux diverses unités françaises de rédiger des fiches et des notes de synthèse sur les exactions commises à l’encontre des « Musulmans » qui avaient été supplétifs aux côtés de l’armée française. Ces rapports, qui sont à manier aussi avec précaution car certains s’appuient seulement sur quelques témoignages de rescapés, nous permettent de mieux comprendre la succession des événements en établissant leurs phases et leurs chronologie. Ils mettent en évidence une extrême diversité de situations locales et régionales.

Parallèlement, d’autres sources annexes permettent de croiser ces données comme, entre autres, les archives du Comité national des musulmans français (CNMF), celles du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les correspondances du secrétaire d’État chargé des Affaires algériennes Jean De Broglie et de l’ambassadeur de France en Algérie à partir de 1963 Georges Gorse, celles de l’œuvre de secours qu’est la Cimade avec ses équipiers de la région de Sidi Naamane. Ces différentes sources, croisées avec la presse française et algérienne et les témoignages recueillis depuis, permettent de préciser sensiblement certaines situations locales.

La difficulté provient cependant d’une insuffisance des sources algériennes. Les archives nationales algériennes sur cette période et ce sujet demeurent fermées, et nombre d’entre elles ne sont tout simplement pas classées. Néanmoins, les archives personnelles de Mohamed Harbi, ancien responsable du FLN, conseiller du président Ben Bella (1963-1965) et historien, ont permis d’obtenir quelques données supplémentaires[14]. Il apporte d’ailleurs son témoignage suite à son emprisonnement après le coup d’État du Colonel Houari Boumédiène de juin 1965 : « Quand j’ai été arrêté en Algérie en 1965, après le coup d’État de Houari Boumédienne, je me suis retrouvé interné au pénitencier de Lambèze avec de nombreux harkis qui étaient emprisonnés eux aussi depuis plusieurs années. Et j’ai longuement discuté avec un certain nombre d’entre eux. Une bonne partie avait figuré parmi les premiers guerilleros algériens, et ensuite, soit ils avaient été faits prisonniers et « retournés », soit ils avaient cherché  à sauver leur vie à la suite des crises qui avaient éclaté dans telle ou telle wilaya, notamment dans celle des Aurès »[15].

Gilbert Meynier a pu aussi avoir accès à des archives algériennes concernant cette période de l’indépendance et traitant des harkis[16]. Enfin, de manière certes encore assez sporadique, les acteurs de la « révolution algérienne » s’appuyant sur leurs archives personnelles fournissent nombre d’éléments complémentaires à l’instar de Rédha Malek, négociateur lors des Accords d’Évian. Quelques pistes permettent d’ores et déjà, et en attendant l’ouverture des archives algériennes sur ce sujet, de consulter, certes de manière encore partielle, des sources de cette violence post-indépendance : les archives locales à l’échelon de la « wilaya » (département), et surtout, les archives privées d’anciens supplétifs installés en France ou demeurés en Algérie, et qui renseignent sur ces violences, en particulier sur l’emprisonnement ou l’internement entre 1962 et 1970. Parmi ces sources, des documents précisent les conditions des détention : les « attestation de présence », les « certificats d’existence », les « permis de communiquer », où les motifs sont clairement mentionnés : « harki ». Néanmoins, les enquêtes monographiques sur le terrain algérien concernant ce sujet restent encore difficiles à promouvoir, la question étant encore considérée comme très – voire trop ? – sensible.  

Prodromes aux violences contre les harkis

Les victimes des violences à partir des Accords d’Évian sont souvent et à tort englobées sous le vocable de « harkis ». Terme générique, ils sont considérés, pour les uns, comme l’archétype du traître à sa patrie et pour les autres, d’une manière emblématique, comme d’héroïques partisans de la patrie française[17].

Néanmoins, il faut souligner et préciser la diversité de cette catégorie, objet de violences du fait de son engagement en faveur, ou tout au moins, aux côtés de la France durant la guerre d’Algérie.

Constituant le plus grand groupe, nous trouvons les Français de souche nord-africaine (dits les FSNA) –ou musulmans ou Algériens-, selon que l’on décide de s’arrêter sur la terminologie d’ordre juridique, coloniale ou territoriale, qui avaient le statut de supplétifs.

Cinq catégories de formations supplétives civiles ont ainsi été progressivement constituées pour contribuer au « maintien de l’ordre » durant ce que l’on nomme pudiquement « les événements » : les goumiers des Groupes mobiles de police rurale (GMPR) transformés ensuite en Groupes mobiles de sécurité (GMS), les mokhaznis chargés de la protection des Sections Administratives Spécialisés (SAS), les ‘assas (gardiens) des Unités territoriales (UT), les groupes d’autodéfense (GAD), et enfin, les plus connus,  les harkis, composant les harkas – de l’arabe mouvement-, salariés embauchés localement, au départ journaliers puis sous contrat d’un mois renouvelable, dont les blessures sont considérées comme des « accidents du travail ».

Dans la continuité d’une longue tradition coloniale d’emploi d’auxiliaires ou de réguliers autochtones de l’expansion coloniale du XIXe siècle à la guerre d’Indochine, dans la situation d’une dégradation des conditions de vie de la paysannerie algérienne, dans le contexte de violence des acteurs de la guerre d’Algérie prenant comme enjeu une population rurale à conquérir de gré ou de force, avec des raisons multiples d’engagement ou d’enrôlement, les supplétifs –dont l’objectif politique surpasse l’utilité militaire- sont devenus à la fois un instrument et un enjeu durant ce conflit.

Les harkis ne sont finalement qu’une composante dans l’ensemble des formations supplétives mises sur pied pour relayer l’Armée française durant ce conflit. Ce terme s’étend par la suite à l’ensemble des supplétifs du fait de l’importance numérique des harkis au regard des autres unités (63.000 en janvier 1961). À l’indépendance, le terme « harkis » amalgame tous ces hommes qui se sont placés du côté de l’armée ou du gouvernement français durant la guerre d’Algérie (environ 250.000 personnes en février 1961), formant pour certains idéologues du FLN, le « hezb franca » ou « parti de la France ». Qu’ils soient militaires engagés, ou appelés soumis à la conscription, auxiliaires administratifs vestiges d’un certain ordre colonial (bachaga, agha, caïd), fonctionnaires ou élus, nombre d’entre eux sont ainsi qualifiés à tort de « harkis ».

La signature des Accords d’Évian, prévoyant une large amnistie et garantissant l’absence de représailles tant pour les partisans du gouvernement et de l’armée française que du FLN et de l’ALN, scelle l’avenir des supplétifs. La question est claire tant pour le gouvernement que pour l’État-major des forces françaises en Algérie. N’étant pas de statut militaire, étant pour la plupart des citoyens de statut de droit local (différent de la majorité des Européens d’Algérie de statut de droit civil), considérés –politiquement parlant- comme de futurs Algériens du nouvel État indépendant, ils doivent être rendus à la vie civile, désarmés et renvoyés dans leur foyer. Seule une minorité, les anciens supplétifs qui souhaitent s’engager dans l’armée française –et considérés comme aptes bien entendu – et ceux – avec certains civils – considérés comme réellement menacés seront transférés en métropole[18]. Les militaires de carrière, les fonctionnaires qui le souhaitent et certaines personnalités politiques, tels que le Bachaga Boualam –vice-président de l’Assemblée nationale- sont, quant à eux, officiellement rapatriés en France.

Ainsi, pour les harkis spécifiquement, le décret du 20 mars 1962 offre trois solutions qui doivent permettre de laisser la grande majorité d’entre eux en Algérie : l’engagement dans l’armée régulière pour une minorité, le retour à la vie civile avec primes de licenciement et de recasement ou la reconduction d’un contrat de six mois pour leur laisser un temps supplémentaire de réflexion. Les mesures financières proposées ont l’avantage pour le Ministre des Armées d’éviter un afflux massif en France : « c’est la meilleure façon d’éviter qu’une masse importante de ces personnels ne décide de venir s’installer en France avec leurs familles, posant ainsi un problème difficile à Monsieur le secrétaire d’État aux Rapatriés, aussi bien qu’à mes collègues de l’Intérieur, des Affaires algériennes et même des Finances »[19]. Dans une note du 23 mai 1962[20], il est précisé que la procédure de transfert des « éléments harkis » vers la métropole ne concerne que les harkis réellement menacés « et cette expression devrait être prise dans un sens très restrictif ».

Cette politique préalable de limitation volontaire du nombre de transférés est liée à plusieurs considérations. Les anciens supplétifs sont considérés par le gouvernement globalement comme un groupe inadaptable à la société française, risquant ainsi de devenir une charge, pouvant même être récupérés par l’OAS qui poursuit sa guerre car opposés aux Accords d’Évian. De plus, leur afflux dans un contexte de probable départ de nombreux Européens d’Algérie était perçu comme un problème supplémentaire encombrant pour le secrétaire d’État chargé des Rapatriés. L’afflux éventuel d’une masse de réfugiés serait aussi l’aveu d’un échec de « l’esprit de coopération » des Accords d’Évian.

L’objectif de ceux-ci était de permettre à tous, anciens supplétifs comme Européens d’Algérie, de demeurer massivement en Algérie, le nombre de départs devait être le fait de quelques cas isolés. Les pouvoirs publics souhaitaient aussi ne pas envenimer les relations avec le futur gouvernement algérien par l’accueil d’anciens supplétifs susceptibles de devenir des opposants potentiels. Enfin, la perspective de représailles à l’encontre de tous ceux qui avaient servi au sein de l’armée française, dans les formations supplétives, ou dans l’administration était minorée par le gouvernement, malgré les nombreux avertissements d’officiers et sous-officiers des forces armées françaises en Algérie. 

Sous le prétexte d’une récupération –tout simplement exceptionnelle en réalité- des anciens supplétifs par l’OAS, des mesures coercitives sont prises par le ministère des Armées, Pierre Messmer, le ministre de l’Intérieur, Roger Frey et le ministre d’État Louis Joxe, en charge des affaires algériennes, pour empêcher leur installation en France par le biais de filières clandestines. Filières mises en place par des responsables de formations supplétives (en activité ou qui ont démissionné pour ne pas contrevenir aux ordres), craignant pour la vie de leurs anciens compagnons d’armes et leurs familles, ils utilisent tous les moyens pour les exfiltrer en France.

Malgré les mesures de limitation des transferts, ce sont, à la fin du mois de juin 1962, plus de 10.000 personnes (harkis, moghaznis, groupes d’autodéfense et leurs familles) qui sont officiellement parvenues en France, plus quelques centaines d’autres qui ont pu s’installer par le biais de filières individuelles.

Les violences concerneront ainsi ceux qui n’auront pu ou voulu quitter l’Algérie entre les Accords d’Évian de mars, la reconnaissance et la proclamation de l’indépendance en juillet 1962. 

De la violence révolutionnaire à la violence d’État

La chronologie des violences a été pendant longtemps mal définie. La plupart des écrits limitaient souvent ces dernières à la période estivale. Elles étaient par là même réduites à la période d’anarchie et de guerre civile au sein du mouvement national algérien pour la prise du pouvoir durant l’été 1962.

Il apparaît que les massacres d’anciens supplétifs se sont déroulés en quatre phases principales, phases d’ailleurs confirmées par le général de corps d’armée de Brébisson, commandant supérieur des forces armées françaises en Algérie à ce moment, dans un rapport détaillé daté du 21 juin 1963 au cabinet du ministre des Armées[21] : des Accords d’Évian le 18 mars 1962 au scrutin d’indépendance le 3 juillet 1962 ; de juillet à septembre 1962, durant la vacance du pouvoir et la guerre civile marquée par l’éclatement du FLN et de l’ALN en deux coalitions rivales ; du mois d’octobre 1962 où s’installe le premier gouvernement algérien jusqu’au premier trimestre 1963 (phase marquée par une violente reprise des massacres) ; et enfin, jusqu’en 1964, une quatrième phase marquée par des massacres sporadiques et circonscrits.

Des Accords d’Évian à l’indépendance, des exactions se sont déroulées sur l’ensemble du territoire algérien mais de manière assez éparse. La présence encore massive des unités militaires des forces armées françaises en Algérie (FAFA) a dissuadé nombre de groupes de l’ALN de tenter des représailles sur d’anciens supplétifs. Néanmoins, dans quelques villages, des assassinats ont eu lieu, assassinat ciblé d’un individu ou massacre collectif comme à Saint-Denis du Sig, dans le Sud-Ouest oranais, le 18 mars 1962 au soir. Des informations nous manquent cependant sur les villages et régions que l’armée française avait évacués et où des exactions plus massives ont pu se produire.

Si l’Exécutif provisoire algérien, instance transitoire avant l’accession à l’indépendance, s’efforçait d’éviter, dans le respect des Accord d’Évian, toute action hostile contre les anciens supplétifs, des ordres émis par des responsables politiques du FLN et militaires de l’ALN n’allaient pas dans ce sens[22]. Mais la présence de l’armée française qui empêchait toutes représailles massives et peut-être la crainte de formations de maquis par d’anciens supplétifs encore armés, font que leurs ordres consistent en la surveillance des anciens supplétifs pour éviter qu’ils ne quittent l’Algérie. L’objectif est de pouvoir les « juger » après l’indépendance comme le stipule cette circulaire de la Wilaya 5 du 10 avril 1962 : « Le jugement final des traîtres se déroulera dans une Algérie indépendante devant Dieu et devant le peuple[23] », ou ce rapport d’un militaire français stationné en Oranie qui stipule le 11 juin que « les responsables FLN de Mers-El-Kébir envisagent de procéder à une épuration sanglante, après la proclamation du scrutin du référendum[24] ».

Il ne faut pas sous-estimer cependant la sincérité de certains nationalistes qui déclarent désirer ardemment tourner la page, les promesses de pardon et de réconciliation qui circulent vis-à-vis d’anciens supplétifs, ou de clémence en échange du reversement du pécule attribué par l’armée française pour leur recasement. Reste que les administrations du nouveau pouvoir sont tenues de refuser toutes pièces administratives qui permettraient à des anciens supplétifs de quitter l’Algérie pour la France ; les ports, aéroports et gares sont surveillés, en Algérie comme en France, par l’intermédiaire de la Fédération de France du FLN ; leurs déplacements sont limités à leur retour dans leur village et placés sous surveillance, des listes d’anciens supplétifs sont établies[25].

Les représailles massives commencent à partir de la proclamation de l’indépendance au début du mois de juillet 1962. Avec une intensité variable selon les wilayas, des exactions ont pris pour cible d’anciens supplétifs (harkis, moghaznis, membres des groupes d’autodéfense) mais aussi des militaires FSNA encore sous l’uniforme ou qui avaient quitté l’armée pour rester en Algérie, en même temps que des notables francophiles, caïds, aghas et bachaghas, des anciens combattants, soit tous ceux qui étaient considérés comme ayant été des « serviteurs de la France en Algérie ». Elles ont été l’œuvre de maquisards et de membres du FLN, dont les rangs avaient été grossis récemment par des « résistants de la dernière heure » qui voulaient afficher tardivement un engagement pour la cause de l’indépendance dont ils n’avaient pas toujours fait preuve auparavant, ou parfois par des personnes qui en profitaient pour se livrer à divers larcins ou règlements de compte. L’ancien sous-préfet d’Akbou précise que, dans son arrondissement, « jusqu’au 27 juillet, l’ALN s’employa à rassurer les harkis et élus leur disant que le passé était totalement oublié et que la France dont ils étaient les premières victimes était seule responsable de leur action… Soudain du 27 juillet au 15 septembre 1962 environ, la répression s’abattait sans aucune cause locale particulière[26] ».

Il y avait ainsi recensé une cinquantaine de tués et environ 750 emprisonnés. À ce moment, enlèvements, assassinats, emprisonnements dans des camps d’internement[27] qui avaient souvent l’apparence de mouroirs se sont multipliés. Ceux qui n’ont pas été victimes d’exécutions individuelles ou collectives ont été employés dans le cadre de travaux forcés au déminage des routes et des champs, en particulier dans les zones frontières. Ceux qui étaient considérés comme les plus engagés aux côtés de l’armée française, en particulier les membres des commandos de chasse qui étaient souvent d’anciens maquisards « ralliés », ainsi que des élus ou anciens combattants sont victimes de lynchages et de tortures publiques.

Des tribunaux populaires sont aussi mis en place pour juger les anciens supplétifs. Leurs familles sont aussi touchées par des assassinats ou la mise à l’écart des villages, tandis que l’attitude de la population alternait entre la participation consentante ou forcée aux violences, le mutisme et la compassion. L’anarchie qui règne en raison de la vacance du pouvoir résultant du conflit armé entre le GPRA, incarné par Krim Belkacem et soutenu par les Wilayas 3 et 4, et l’alliance d’Ahmed Ben Bella (bureau politique de Tlemcen) avec l’état-major de l’ALN commandé par Houari Boumédiène, contribue à l’extension des exactions. En France aussi, d’anciens supplétifs réfugiés sont victimes d’enlèvements et d’assassinats.

Avec la victoire de Ben Bella et Boumédiène en septembre 1962, une certaine stabilité politique s’installe aboutissant à une accalmie dans les massacres durant le mois de septembre. Néanmoins, ces derniers reprennent à partir du mois d’octobre, et s’étendent de manière systématique après le 1er novembre 1962, date anniversaire du déclenchement de la « Révolution algérienne » en 1954, pour progressivement baisser en intensité durant le premier semestre 1963. Si cette nouvelle phase de massacres ressemble parfois à la situation anarchique de la phase précédente, elle diffère cependant sur un point : la participation active et officielle de la nouvelle armée algérienne (Armée nationale populaire – ANP — issue de l’ancienne armée des frontières) et des forces de police obéissant au nouveau pouvoir dans de véritables rafles, avec des listes de personnes à interpeller, à exécuter ou à emprisonner, ce que confirment les rapports des unités françaises. Ainsi, dans une note du 13 novembre concernant l’Aurès et la Kabylie :

« On pourrait penser qu’il serait mis fin à ces exactions contre les éléments pro-français après l’établissement d’un Gouvernement central algérien. Or, il n’en est rien, et l’on assiste actuellement, notamment sur le territoire des ex-wilayas 1, 3 et 6, à une nette recrudescence des représailles contre les ex-supplétifs. Ces exactions sont commises par l’ANP, et les forces de police algériennes, avec participation fréquente de la population, et sont souvent couvertes par les membres des administrations locales (ex. exécutions ordonnées dans la région d’Aïn-M’Lila)[28]

Cette phase diffère de la précédente par l’aspect systématique de la répression étatique, qui touche autant ceux qui n’avaient pas été inquiétés durant l’été 1962, que ceux qui avaient été emprisonnés alors puis libérés. Les prisons et les centres pénitentiaires comme Lambèse ou Maison-Carrée regorgeaient d’anciens supplétifs incarcérés avec des prisonniers de droit commun, tandis que d’autres étaient internés dans des centres spéciaux pour les exécutions ou dans des camps de rééducation avec cours psychologiques et travaux forcés[29]. L’ampleur des violences selon les régions entraîne un flot de réfugiés auprès des casernements militaires français encore présents, la montée de groupes d’anciens supplétifs dans des maquis pour se protéger et se défendre, certains s’y cachant de quelques jours à plusieurs mois dans l’attente d’une accalmie, d’autres enfin étant protégés par des membres de leurs familles, des amis, ou des connaissances au sein de l’ANP qui les préviennent en cas de menaces.

De 1963 à 1965, des exactions sporadiques se déroulent encore. Si les rafles collectives d’anciens supplétifs se font plus rares, elles sont encore signalées dans certaines régions comme à Souk-Ahras en janvier 1964[30]. Les violences laissent place à une mise à l’écart de tous ceux qui avaient été de près ou de loin en rapport avec l’armée française : interdiction de certains emplois, dont la carrière militaire, licenciement des administrations, exclusion de la priorité au logement et à l’emploi donnée à ceux qui ont « participé à la Révolution »… 

Un bilan des violences impossible à établir

La question du bilan chiffré des massacres fait aujourd’hui polémique. Si nombre d’associations de « harkis » et de rapatriés, avancent le chiffre de 150 000 personnes assassinées dans un massacre prémédité (voire jusqu’à 200 000) ; d’autres restreignent leurs évaluations à quelques milliers de personnes tuées durant l’été 1962 dans des règlements de compte populaires, entretenant la comparaison avec la phase non judiciaire de l’épuration française de la fin de la Seconde guerre mondiale.

Du 19 mars au 1er juin 1962, les pouvoirs publics dénombrent officiellement 487 « français musulmans » déclarés enlevés, dont plus de 40 dont les cadavres ont été retrouvés, 84 qui ont été relâchés par le FLN et 31 libérés par des unités de l’armée française[31]. Un des premiers chiffres cités, celui de plusieurs centaines de personnes assassinées, provient du rapport du général de Brébisson daté du 16 août 1962, soit un mois et demi après le début des premiers massacres d’importance. Il précise cependant les limites d’un bilan chiffré : « Le chiffre exact des anciens harkis exécutés est difficile à évaluer, d’une part parce que le FLN cache ces assassinats, d’autre part parce que le stationnement actuel de nos troupes ne permet pas de connaître tout ce qui se passe dans le bled. D’après les renseignements recueillis, on peut cependant estimer à plusieurs centaines le nombre d’anciens supplétifs massacrés[32]

Ce n’est qu’en novembre qu’une première estimation globale est avancée. Jean Lacouture, dans Le Monde du 13 novembre 1962, dénonçant ces massacres et l’inaction des pouvoirs publics français et s’appuyant sur des sources militaires, estime à plus de 10 000 personnes le nombre de massacrés du 19 mars au 1er novembre 1962. Cette même estimation est par ailleurs citée, au même moment, dans deux documents : dans une fiche du secrétariat d’État aux Affaires algériennes datée du 20 novembre 1962 et dans une note du ministre Louis Joxe du 27 novembre 1962[33].

Néanmoins, le chiffre le plus fréquemment cité provient d’une péréquation à partir des chiffres du  rapport de 1963 de l’ancien sous-préfet d’Akbou qui estimait que le bilan des massacres dans son ancien arrondissement était situé entre 1 000 et 2 000 victimes : en multipliant ces chiffres par le nombre des 72 arrondissements de l’Algérie, on a abouti aux chiffres de 72 000 morts, selon la version basse, ou 144 000 morts selon la version haute, chiffre aussitôt arrondi à 150 000[34]. Ce chiffre ainsi construit de 150 000 morts qui est le plus fréquemment repris depuis près d’un demi-siècle dans les discours cherchant à attirer l’attention sur le sort des harkis  est devenu une sorte de repère et de stéréotype mémoriel[35]. L’historien Guy Pervillé écrit que cette évaluation « a été retenue comme un dogme par ce secteur de l’opinion publique[36] ».

Les historiens qui avancent des chiffres restent prudents et sont obligés de préciser qu’il est bien difficile voire impossible d’avoir une estimation précise. Gilbert Meynier considère que quelques milliers de harkis ont été massacrés en 1962, en précisant que « des évaluations officieuses de militaires français donnèrent 6 000 à 7 000 harkis tués »[37]. Benjamin Stora avance une estimation entre 10 000 et 25 000 morts[38]. Jean-Charles Jauffret parle de 60 000 à 80 000 morts[39], se rapprochant des estimations du général Maurice Faivre d’environ 65 000 morts[40]. Pour Jean-Jacques Jordi, le bilan s’approcherait des 70 000 morts[41]. Guy Pervillé souligne, quant à lui, que le nombre de harkis, supplétifs, soldats ou civils « français musulmans » victimes de représailles après le cessez-le-feu constitue « le plus grand facteur d’incertitude pour un bilan global » des victimes de la guerre d’Algérie. Il se garde d’avancer un chiffre et estime que « la seule méthode susceptible d’approcher peu à peu la vérité serait de confronter systématiquement les témoignages et les documents par une série d’enquêtes monographiques, et d’additionner les résultats en s’interdisant rigoureusement toute multiplication[42] ».

La difficulté à donner une estimation qui soit fiable est liée à plusieurs paramètres : l’incertitude quant au nombre total d’anciens supplétifs[43] et quant au nombre de ceux qui ont réussi à se réfugier en France[44] et de ceux qui sont restés en Algérie (certains anciens supplétifs ont rejoint l’armée algérienne, soit avant les Accords d’Évian, soit après, pour échapper à l’emprisonnement, ou, plus tard, en s’engageant dans la période du conflit entre le Maroc et l’Algérie) ; l’incertitude aussi sur le nombre de prisonniers, qui semble important et permet de relativiser celui des victimes de massacres ; le fait que les victimes de massacres n’ont pas été seulement d’anciens supplétifs, mais aussi des engagés, des appelés, des fonctionnaires, des élus, des auxiliaires de l’administration coloniale (aghas, bachaghas, caïds), des civils ayant eu des liens avec l’État français ou l’armée, et aussi des opposants comme des membres du MNA, les combattants des wilayas 3 et 4 puis des maquisards du FFS… Les situations régionales diffèrent aussi. Ainsi, en novembre 1962, si dans certaines régions, les massacres et arrestations reprennent vigueur, dans d’autres régions, les festivités autour du 1er novembre entraînent des libérations, comme par exemple dans la région d’Oran[45]. En 1965, le CNMF et le colonel Schoen en particulier estiment qu’environ 20 000 anciens harkis sont en liberté en Algérie[46].

Enfin, il nous faut prendre avec prudence les rapports et divers témoignages sur les massacres, sans les écarter pour autant. Dans un rapport du 18 octobre 1962 de l’association des anciens SAS, un ancien supplétif est attesté, témoignages à l’appui, comme décédé en juillet 1962 suite à des exactions dans la région de Palestro, à Boukouchène, commune d’El Isseri. Celui-ci était en réalité bien vivant et avait pu se réfugier en France. Après la découverte du charnier de Khenchela, contenant un millier de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants, exhumés en 1982 à l’emplacement d’un ancien camp militaire français évacué le 1er juillet 1962, le capitaine Pierre Rivière a avancé qu’il s’agissait des harkis du village d’Edgar-Quinet. Hypothèse remise en cause par Guy Pervillé[47] suite au démenti apporté par le lieutenant-colonel Jean Nouzille qui a retrouvé en France ses anciens harkis d’Edgar Quinet. Une note de 1963 atteste d’ailleurs que le village étant constitué majoritairement d’anciens supplétifs, les représailles se sont essentiellement orientées vers leur marginalisation[48]. 

Les violences de la fin de la guerre d’Algérie constituent encore de nos jours un des sujets des plus sensibles pour la communauté scientifique spécialisée sur cette période. Les exactions contre les « harkis » s’insèrent aussi dans ces violences plus générales d’une fin de guerre chaotique (guerre civile GPRA/État-major, violences contre les messalistes, répression des maquisards du Front des Forces Socialistes et l’extrême gauche algérienne ou des « pieds-rouges »…), constitutives par là même des nouvelles orientations que prendra l’État algérien.

Ainsi, la poursuite du dépouillement des fonds d’archives en France, mais aussi l’ouverture attendue des archives algériennes, tout en multipliant les enquêtes monographiques et en accumulant les témoignages qu’il faudra aussi confronter aux documents, demeure la seule réponse pour mieux appréhender ce phénomène. En cela, les travaux pionniers sur le terrain algérien de l’historien Nordine Boulhais pour l’Aurès[49], de l’anthropologue Giulia Fabbiano pour l’Ouarsenis[50] ou de mes propres recherches dans la wilaya de Tlemcen, permettent de mieux cerner ces violences, mettant par ailleurs en avant le rôle des solidarités familiales, claniques et tribales dans la protection des anciens supplétifs.

Ces travaux scientifiques permettront, nous l’espérons, de dépasser les spasmes récurrents des guerres de mémoires qui traversent encore les sociétés française et algérienne.

Première parution : Abderahmen Moumen, « Violences de fin de guerre. Les massacres des harkis après l’indépendance algérienne (1962-1965) », in Marie-Claude Marandet (sd), Violence(s) de la Préhistoire à nos jours. Les sources et leur interprétation, Presses Universitaires de Perpignan, 2011, pp. 331-346 (cliquez ici pour en savoir plus sur cet ouvrage).


Notes

[1] Benjamin Stora, La gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, 1991 (en particulier « Le massacre des harkis », p.200-202),  « Les harkis », in Laurent Gervereau, Jean-Pierre Rioux, Benjamin Stora (sd), La France en guerre d’Algérie, BDIC, 1992, p. 289-292.

[2] Mohamed Harbi, Gilbert Meynier, « La dernière frappe du révisionnisme médiatique », in Confluences méditerranée, n°48, Hiver 2003-2004 ; Mohamed Harbi, « Dire enfin que la guerre est finie », Le Monde, 4 mars 2003.

[3] Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN. 1954-1962, Paris, Fayard, 2002.

[4] Jean-Jacques Jordi, Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999.

[5] Gilles Manceron,  Fatima Besnaci-Lancou (sd),  Les harkis dans la colonisation et ses suites, Paris, L’Atelier, 2008.

[6] Gilles Manceron, Hassan Remaoun, D’une rive à l’autre. La guerre d’Algérie, de la mémoire à l’histoire, Paris, Editions Syrons, 1993.

[7] Mohand Hamoumou (sd VALENSI Lucette), Les Français-musulmans rapatriés : archéologie d’un silence, Doctorat en sociologie, EHESS, Paris, 1989 ; paru sous le titre Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, 1993, 364p ; «Les harkis : un trou de mémoire franco-algérien», in Esprit, n°161, mai 1990, p. 25-44.

[8] Charles-Robert Ageron, «Le drame des harkis». XXe siècle, n°42, 1994, p. 3-16 ; «Supplétifs algériens de la guerre d’Algérie». XXe siècle, n°48, 1995, p. 3-20 ; «Le drame des harkis : mémoire ou histoire ? », XXe siècle, n°68, 1995, p. 3-15.

[9] Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L’Harmattan, 1995 ; Les archives inédites de la politique algérienne : 1958-1962, Paris, L’Harmattan, Histoire et perspectives méditerranéennes, 2000.

[10] Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, 356p. ; « L’abandon des harkis « , L’histoire, n°102, 1987, p. 30-34 ; « La France a sacrifié ses soldats musulmans », L’histoire, n°140, 1991, p. 122-123 ; « La tragédie des harkis : qui est responsable ? », L’histoire, n°231, avril 1999, p. 64-67.

[11] Sylvie Thénault, « Massacre des harkis ou massacres de harkis ? Qu’en sait-on ? » in Fatima Besnaci-Lancou, Gilles Manceron (sd), Les harkis dans la colonisation et ses suites, Les Editions de l’Atelier, Paris, 2008, p. 81-91.

[12] Archives du CNMF, « Note sur les massacres de harkis dans l’arrondissement d’Akbou en 1962 », note rédigée par Jean-Marie Robert, ancien sous-préfet d’Akbou, et alors sous-préfet de Sarlat en Dordogne, mai 1963. À l’attention d’Alexandre Parodi, vice-président du Conseil d’État.

[13] Pour rappel, les départs des unités militaires s’effectuent dans le cadre du plan Cigogne : ils sont ainsi encore 450.000 en mars 1962, 350.000 en juillet, 200.000 en octobre, ils sont encore un peu moins de 80.000 en juin 1963.

[14] Mohamed Harbi (en collaboration avec Gilbert Meynier), Le FLN : documents et histoire, 1954-1962, Paris, Fayard, 2004 ; Les archives de la révolution algérienne, 1981 ; Le FLN, mirage et réalité, Jeune Afrique, 1980.

[15] Mohamed Harki, « La comparaison avec la collaboration en France n’est pas pertinente », in Fatima Besnaci-Lancou, Gilles Manceron (sd), Les harkis dans la colonisation et ses suites, Les Editions de l’Atelier, Paris, 2008, p.93.

[16] Gilbert Meynier, op.cit.

[17] Fatima Besnaci-Lancou, Abderahmen Moumen, Les Harkis, Paris, Le Cavalier Bleu, 2008.

[18] Ceci en contradiction avec les déclarations d’avant les Accords d’Évian où la liberté de circulation et de choix du lieu d’installation seraît respectée tant pour les « Européens » que pour les « Musulmans ».

[19] Service historique de l’Armée de terre – SHAT 1 R 336/4. Communication du ministre des Armées sur les dispositions prévues concernant les FSNA servant sous l’uniforme, premier trimestre 1962. 

[20] Centre des archives contemporaines – CAC 19910467/2. Vraisemblablement du ministère de l’Intérieur.

[21] SHD/AT 1 R 337. Ce rapport est d’ailleurs écrit en réaction à la mise en cause et aux accusations contre les autorités militaires des différents échelons du commandement de n’avoir pas assurer la protection des musulmans ayant combattu aux côtés des forces armées françaises.

[22] Pour plus de précisions sur les diverses circulaires et ordres du FLN-ALN durant cette période à partir des archives du SHD/AT, voir notamment : Maurice Faivre, Les combattants musulmans de la guerre d’Algérie, Paris, L’Harmattan, 1998, en particulier le chapitre « Duplicité du FLN et sauvagerie des représailles », p. 152-166.

[23] SHD/AT 1 H 1788/2. Circulaire de la Wilaya 5.

[24] SHD/AT 1 H 3077-2. CA d’Oran, Préfecture de police d’Oran, État-major mixte, BR n°1135/B2/SC du 11 juin 1962. Bulletin de renseignements du corps d’armée d’Oran, chef d’escadron Coadic.

[25] Listes parfois établies par la négligence des préfectures et diverses administrations qui possédaient les dossiers de nombre de supplétifs et qui ne les ont pas transférés lors de l’indépendance., mais aussi par des enquêtes du FLN dans les villages sur le comportement des anciens supplétifs durant la guerre.

[26] Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, 1993, p. 240.

[27] Comme celui de Souk-El-Had pour la Wilaya 4.

[28] SHD/AT 1 R 336/8. CSFAFA, État-Major interarmées, 2e bureau, Fiche n° 3245/CSFAFA/EMI/2/O.I./S/ du 13 novembre 1962. Description des massacres dans les Aurès, Aïn-M’Lila, Vallée de la Soummam, Bordj-Ménaïel-Tzi-Ouzou.

[29]Charles-Robert Ageron estime à environ 7 000 prisonniers en 1962 (2 000 dans les prisons civiles, 2 000 détenus par l’armée algérienne, et 2 000 à 3 000 détenus par diverses autorités) et sûrement un peu plus par la suite, Charles-Robert Ageron, « Le drame des harkis, mémoire ou histoire », in Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 68, octobre-décembre 2000, p. 3-15 ; le CICR en recensa 2 500 au printemps 1963.

[30] SHD/AT 1 H 1793-2. A Laverdure, les 21 et 22 janvier 1964, des anciens harkis et GMS de retour de France sont arrêtés. Les 20 et 21 février, des opérations de ramassage d’anciens supplétifs recommencent dans la région de Villars avec la participation de la gendarmerie, de l’ANP et de civils armés de la mairie. Certains ont réussi à s’échapper du fait de nombreux protestataires sur la place du marché.

[31] SHD/AT 1 H 1785/3. Etats récapitulatifs des FSE et FSNA enlevés par le FLN entre le 19 mars et le 1er juin 1962, document du 2e bureau de l’état-major interarmées d’Alger.

[32] SHD/AT 1 R 336/8.

[33] SEAA 40 et 117. Cité par Maurice Faivre, Les Archives inédites de la politique algérienne, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 139-140.

[34] Jean-Marie Robert, op. cit., « Le chiffre moyen de 2 000 tués par arrondissement (mais pour la plupart en août) est très fréquemment cité », p. 4.

[35] Pour sa part, Mohand Hamoumou, à partir des mêmes estimations concernant l’arrondissement d’Akbou, en retenant les chiffres de 1 000 à 1 500 morts par arrondissement, aboutissait à une fourchette allant de 72 000 à 108 000 morts, et estimait entre 100 000 et 150 000 le nombre de morts durant ces massacres. Mohand Hamoumou, op. cit., p. 249.

[36] Guy Pervillé, « La guerre d’Algérie : combien de morts ? », in Mohammed Harbi, Benjamin Stora (dir.), La guerre d’Algérie (1954-2004), la fin de l’amnésie, Paris, Laffont, 2004, p. 486.

[37] Gilbert Meynier, op. cit., p. 289.

[38] Benjamin Stora, « 1999-2003, guerre d’Algérie, les accélérations de la mémoire », in Mohammed Harbi, Benjamin Stora (dir.), La guerre d’Algérie (1954-2004), la fin de l’amnésie, Paris, Laffont, 2004, p. 510.

[39] Historiens et géographes, n° 373, janvier-février 2001, p. 490.

[40] Maurice Faivre, op. cit., p. 263.

[41] Josseline Revel-Mouroz (dir.), La réécriture de l’histoire, CEPN, Actes du colloque 1998, p. 39.

[42] Guy Pervillé, « La guerre d’Algérie : combien de morts ? », op. cit., p. 486-487.

[43] Selon François-Xavier Hautreux, entre 200 000 et 400 000 hommes ont pu être supplétifs durant la guerre d’Algérie avec des parcours divers au sortir de la guerre. Françoix-Xavier Hautreux, « Les supplétifs pendant la guerre d’Algérie », in Gilles Manceron, Fatima Besnaci-Lancou (dir.), op. cit., p. 49-50.

[44]Selon le service central des rapatriés, environ une vingtaine de milliers d’anciens supplétifs, ainsi que les membres de leurs familles ont effectué la déclaration recognitive de nationalité française, néanmoins le nombre de réfugiés qui ont conservé la nationalité algérienne est inconnu, ainsi que celui de ceux qui se sont insérés dans les flux d’immigrés algériens.

[45] Midi Libre, 2 novembre 1962 : « Seize anciens supplétifs sont libérés » ; 13 novembre 1962 : « L’ANP libère treize détenus dans la région d’Oran ».

[46] CAC 19920149/5. CNMF, réunion de travail du 13 mars 1965 relative aux détenus et aux familles restées en Algérie, colonel Schoen.

[47] Guy Pervillé, « A propos de l’énigme de Khenchela (1982-…), 2 février 2009. http://guy.perville.free.fr.

[48] SHD/AT 1 H 1793 – 2. Bilan de la visite du ministre algérien de la Justice qui s’est déroulée à Batna le 14 juin 1963.

[49] Nordine Boulhais, Des harkis berbères de l’Aurès au Nord de la France, Presses universitaires du septentrion, 2002.

[50] Giulia Fabbiano, Des générations post algériennes. Discours, Pratiques, recompositions identitaires, Thèse de doctorat en sociologie sous la direction de Luciano Li Causi et Michel Wieviorka, Università degli studi di Siena, École des Hautes Études en Sciences Sociales, mai 2006.

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