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Cyber-propagande et subculture : le cas Librad

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Par Stéphane François       

Librad est la plus grande plateforme de vente en ligne émanant de la droite radicale française par son ampleur et la diversité de son catalogue (1000 titres et une cinquantaine d’éditeurs). Elle a été créée en 2007 par le pôle diffusion des éditions Avatar, un éditeur de la tendance nationale-révolutionnaire française. Ce site se décompose en 3 sous-sites : un français, un italien et un allemand, renvoyant ainsi à trois pays ayant un courant nationaliste-révolutionnaire structuré, surtout les deux derniers.

Cette maison d’édition publie principalement des ouvrages de cinq types, que nous retrouverons sur le site : des ouvrages sur l’ésotérisme/paganisme ; des textes révolutionnaires-conservateurs ; des textes de la Nouvelle Droite ; et enfin, des textes géopolitiques. Ces grands thèmes se retrouvent sur ce site, qui est ainsi un vecteur important de diffusion de la culture d’extrême droite européenne.

En surfant sur librad, nous nous sommes posés une série de questions. Existe-t-il une culture, en l’occurrence une culture minoritaire, spécifique à l’extrême droite, qui structurerait leur vision-du-monde? Refusant le jeu électoral, reprendrait-elle la perspective gramscienne du combat culturel initiée à l’extrême droite par la Nouvelle Droite ?

Contenu du catalogue

Dans un premier temps, nous allons faire une analyse succincte des différents « rayons » de ce site, assez riche en références proposées nous devons bien le reconnaître. Celle-ci montre, dès le premier abord, les points suivants :

a/ nous trouvons un rayon « histoire des courants d’extrême droite » dans lequel nous trouvons les thèmes suivants : « histoire du fascisme », « national-socialisme » (dont certains faisant l’apologie de ce régime, d’autres traitant de « l’occultisme nazi »), « Révolution conservatrice », « Nouvelle Droite » (en particulier les ouvrages d’Alain de Benoist et de Guillaume Faye), « mouvement national et monarchisme », « mouvements libertaires et anarchisme » ;

b/ un rayon « religion » qui se penche sur les catégories « ésotérisme », « paganisme », « bouddhisme », « islam », « christianisme », « Tradition », « Judaïca » (qui regroupe surtout des textes hostiles), « sociétés secrètes » (avant tout une littérature antimaçonnique), etc., avec une prédilection pour l’ésotérisme dit « traditionnel », c’est-à-dire découlant des spéculations de René Guénon et de Julius Evola. Ce rayon vend principalement le catalogue de Pardès, l’éditeur « nazi-maoïste » (ou « traditionaliste-révolutionnaire ») historique français. Nous pouvons associer à ce rayon un second, « divination »/« médecine parallèle »/« paranormal », qui satisfait l’acheteur en littérature de type New Age, voire en occultisme, le new devant être vu comme une forme moderne entièrement sécularisée de l’occultisme du XIXe siècle ;

c/ un rayon « Revues » qui comprend des revues négationnistes (Akribeia, Tabou, L’autre histoire), de la Nouvelle Droite (Éléments, Krisis, Nouvelle École), de la mouvance nationaliste-révolutionnaire (Résistance, Eurasia), identitaires folkistes (avec le magazine Réfléchir & Agir) ; enfin, de la mouvance nationale (Synthèse nationale, Flash) ; et enfin des publications d’extrême gauche/gauche (Revue du MAUSS, Dissidences, Agone, Savoir/Agir).

d/ un rayon musique/dvd proposant quelques références symptomatiques de la culture jeune (et moins jeune) de l’extrême droite. Nous trouvons les registres « indus », « black metal », « gothic », « pagan/neo folk » et « electro/synthpop », mais aussi des références plus « classiques » comme des chants militaires, des chants religieux (catholiques traditionalistes), chouans, monarchistes, etc., les musicales indépendantes précitées sont en effet un vecteur important dans la diffusion des idées chez les jeunes militants. Quant au rayon « dvd », il se divise en trois catégories, l’une traitant de la question israélo-palestinienne ; la seconde proposant des documentaires hagiographiques sur des figures de ce milieu (Pierre Vial – le fondateur de Terre & Peuple –, Pierre Sidos – le fondateur de L’œuvre française –, Céline, Sébastien Deyzieu, Jean-Marie Le Pen) ; la dernière traitant de sujets plutôt de « gauche », en fait gauchistes/alternatifs/altermondialiste/anti-américain.

Une thématique pourtant importante pour l’extrême droite est minorée sur ce site : il s’agit de la question coloniale. En effet, s’il existe bien une catégorie du catalogue consacrée à cette question, celle-ci surprend au premier abord : premier point, elle s’intitule « (dé)Colonisation ». Deuxième point, son étude montre la présence de deux types précis d’ouvrages : un premier, plutôt minoritaire, faisant la promotion de la colonisation ; et un second, à l’opposé, insistant sur les ravages, sur la face noire, du colonialisme et du néocolonialisme… Le premier type promeut aussi, et ce n’est pas anodin, l’OAS et ses héros, dont Jean Bastien-Thiry. La « geste » de l’OAS est en effet une figure obligée de la presse et de l’édition de l’extrême droite française. Le second n’est pas anodin non plus : les textes des grands acteurs de la libération nationale des différentes colonies sont très représentés car, à notre avis, ils renvoient à la fois à des exemples locaux de libération nationaliste (Ben Barka, Ho Chi Minh, Malcom X, etc.) et offrent aux nationalistes-révolutionnaires des éléments argumentatifs quant à leur propre discours de libération nationale (vis-à-vis, au choix, des États-Unis, du sionisme, du mondialisme, etc.).

Ce désintérêt pour la question coloniale est lié selon nous au changement de génération, la nouvelle n’ayant pas connu les guerres coloniales, au contraire des anciennes générations de militants d’extrême droite, qui y ont d’ailleurs parfois participé. En outre, comme l’a montré Sylvain Crépon, les nouvelles générations de militants ont intégré le discours différentialiste de la Nouvelle Droite : elles reconnaissent le droit des peuples à se préserver1.

Nous pouvons penser que ce site suit les évolutions, et les recompositions pourrions-nous même dire, des droites radicales européennes. En effet, une étude sur une longue période montre l’apparition/disparition de certaines publications ou thèmes sur ce site. Elle montre aussi, toutefois, depuis que nous le suivons, nous devons le reconnaître, qu’il est particulièrement stable dans sa diversité. Comme beaucoup de sites de vente en ligne, il vend des ouvrages d’éditeurs/tendances amies, ce qui est logique, mais il vend aussi des ouvrages et des revues de tendances ennemies, comme le magazine Réfléchir & Agir. Progressivement, les invectives avec des représentants de la mouvance nationaliste-révolutionnaire, tel Christian Bouchet, oy nt fait place à une collaboration : le même Bouchet y tenant depuis 2010 environ la rubrique « Politique étrangère ».

Cette diversité montre à la fois une volonté de toucher un public large, la mouvance nationaliste-révolutionnaires ne comprenant en France qu’environ 150 personnes. Enfin, l’ensemble du catalogue correspond, grosso modo, aux stocks présents dans la défunte librairie Primatice, sise dans la rue éponyme, dans le 13ème arrondissement parisien, que nous avons pu y voir. D’ailleurs les catalogues de Dualpha/Déterna/L’Aencre, les maisons d’édition de Philippe Randa, sont copieusement représentés sur Librad.

La dématérialisation d’une librairie offre plusieurs avantages, en particulier trois : 1/elle permet de toucher un plus grand nombre de personnes, tant en France qu’à l’étranger ; 2/elle réduit les coûts car il n’y plus de local commercial, ce qui offre la possibilité de stocker un plus grand nombre de références ; 3/cela permet de proposer des livres peu ou mal distribués et donc difficilement disponibles pour celui qui n’habite pas dans une grande ville. Néanmoins, elle a aussi des inconvénients : 1/les personnes d’un certain âge ne surfent pas et achètent peu sur Internet ; 2/le client ne peut pas feuilleter les ouvrages et, de ce fait, peut différer son achat, voire s’en passer.

Cette stratégie est aussi la conséquence de la crise des librairies d’extrême droite, touchées comme les autres, par la baisse de la lecture et la concurrence des sites de vente en ligne. En effet, il existait jusqu’en 2010 environ une petite demi-douzaine de librairies d’extrême droite à Paris. En 2012, il n’en reste plus que trois : Facta, la Librairie Notre-Dame de France et la Librairie du savoir, les autres ayant fermées. La librairie Primatice, dont le gérant est Philippe Randa, a aussi fermée malgré le fait qu’elle était aussi un comptoir pour différentes petites maisons d’édition de cette mouvance. Philippe Randa s’est concentré sur la vente en ligne avec son site http://www.francephi.com qui distribue les productions Dualpha/Déterna/L’Aencre. De fait, chaque maison d’édition de ce milieu propose maintenant des sites de vente en ligne de leur production éditoriale. La disparition de ces librairies a entrainé un repli sur la vente en ligne, où la concurrence est âpre. La diversification est donc nécessaire. Les sites se doivent de proposer un échantillon assez large afin de faire des bénéfices. La prise en compte de l’aspect commercial n’est donc pas à négliger lors d’une étude de ces sites.

Une culture particulière

Les différentes catégories présentes sur le site expriment selon nous la cosmologie, c’est-à-dire la vision du monde, des responsables, et des acheteurs, de ce site. Il s’agit aussi d’une forme de culture minoritaire. Au-delà de l’analyse d’un courant radical des plus minoritaires, nous pourrions parler d’underground de l’underground, cette approche s’inscrit dans le cadre de ce que les sociologues et anthropologues anglo-saxons appellent les rejected knowledges, les « savoirs rejetés », c’est-à-dire l’analyse de formes de savoirs, rejetés par les savoirs officiels mais qui n’en sont pas moins des éléments constitutifs de la culture populaire, en l’occurrence des éléments constitutifs de la culture des milieux de la droite radicale.

Ici, le fait politique est inséparable d’une forme d’irrationalisme, de religiosité, l’ésotérisme, comme le montre l’important rayon consacré aux spiritualités, et en particulier à l’ésotérisme, qui occupe quand même près d’un tiers des références proposées.

De fait, il existe des mouvements évoluant aux marges du néofascisme, le « nationalisme-révolutionnaire », et du racialisme völkisch qui mélangent le traditionalisme ésotérique aux corpus doctrinaux de la droite radicale (nationalisme européen, antisémitisme, « occultisme nazi », nordicisme, ethnocentrisme, racialisme, occultisme, etc.), donnant naissance à ce que Pierre-André Taguieff appelle un « nationalisme spirituel-religieux ». Leurs mythologies politiques sont donc fabriquées avec divers héritages relevant à la fois du politique et de cultures religieuses minoritaires. À l’inverse, il existe aussi des occultistes qui ont soutenu, ou qui soutiennent, un discours extrémiste de droite.

Une tentative de subversion ?

La subversion est définie selon Le Petit Larousse comme l’« action visant à saper les valeurs et les institutions établies ». Les subcultures présentes dans le catalogue de Librad (ésotérisme, musique, altermondialisme, négationnisme, nationalisme-révolutionnaire, etc.), par leur mode d’existence et leurs valeurs, participent clairement à cette action. Leurs discours et leurs pratiques sociales vont ouvertement à l’encontre des valeurs établies, le « politiquement correct » tant détesté par ces milieux.

Il s’agit en effet d’une « contestation radicale de la pensée dominante, de la doxa. Pour les mouvements de l’ultra-droite – mais on trouve aussi ce discours dans l’extrême droite – le “politiquement correct”, l’establishment, la “pensée unique” règnent en maître et étouffent la liberté de pensée. Les clivages politiques ne sont qu’apparents : c’est “la bande des quatre” (RPR, UDF, PS, PC) ou “le parti UMPS” selon les expressions du Front National en France. » Ce rejet des instances officielles de régulation, légitimise, en retour, leur propre système. De ce point de vue, l’étude de Librad est aussi passionnante pour le chercheur car ce site est représentatif d’une forme de subculture, d’une forme de subversion propre à une frange de l’extrême droite révolutionnaire.

En effet, les subcultures, par leurs modes d’existences et leurs valeurs, participent clairement à un désir de subversion des valeurs établies. L’underground peut être défini de la façon suivante : il s’agit d’un mode de vie en marge des valeurs dominantes de la société, le mainstream, qui se manifeste par l’élaboration de ses propres règles à la fois de vie et intellectuelle/culturelle. Il se manifeste aussi par une radicalité politique (engagement ou désengagement radical) et/ou artistique associé à un très bon niveau culturel (autodidacte ou non) et à une volonté de subvertir.

Il comprend enfin l’idée d’interdit, de non autorisé. Il s’agit d’un système déviant, au sens donné à cette expression par Howard Becker. Leurs discours et leurs pratiques sociales vont à l’encontre des normes sociales dominantes. De fait, il s’agit d’une volonté de subversion, d’une volonté de déviance depuis l’intérieur de la société… Ainsi, Howard Becker définit la déviance notamment par l’écart, l’isolement, l’exclusion (dans le cas présent l’auto-exclusion), l’anormalité, l’inadaptation, l’asociabilité, l’anomie, la différence, l’étrangeté, la dissidence, la désobéissance, l’infraction, l’illégalisme, la stigmatisation, l’étiquetage, etc.

Stratégie(s)

À partir de cette analyse, nous avons élaboré deux grandes hypothèses de travail, l’une portant sur une stratégie interne et l’autre sur une stratégie externe qui sont distinctes mais complémentaires.

Premièrement, la stratégie interne : nous avons estimé que l’engagement politique des groupes étudiés est avant tout une vision du monde, que cette dernière s’exprime librement dans leur culture (musique, littérature, spiritualités) et que par un jeu de va et vient culturel et idéologique, elle renforce en retour la cohésion du groupe.

Deuxièmement, la stratégie externe : nous pensons que les milieux étudiés ont dû privilégier cette action culturelle en raison d’une faiblesse numérique manifeste et que cette attitude imposée doit être analysée à la fois comme un moyen de propagande (diffusion des idées) et comme un vecteur de subversion de la société (acceptation de ces idées par des milieux éloignés).

Nous pouvons donc penser que les animateurs de ces sites ont compris le primat de l’action culturelle. Celle-ci constitue en effet pour eux à la fois un choix stratégique, une attitude imposée et surtout une vision du monde. Pour s’en convaincre, il suffit de compulser ce site : il propose, outre les rayons ici analysés, dans son catalogue une quantité non négligeable de CDs, généralement référencés sous l’appellation « bruits blancs » ou « musique européenne », voire des BDs, des films ou de la littérature fantastique ou d’Heroic Fantasy.

Nous avons aussi constaté que le contenu de ce site est un panel représentatif d’un certain nombre d’éléments disparates, qui sont unis par une même protestation contre les savoirs « officiels » ou contre ce qu’ils perçoivent comme un discours « politiquement correct ». En ce sens, les éléments ici présents sont l’expression de subcultures hétérodoxes s’opposant aux valeurs dominantes. Nous sommes clairement en présence d’une structure transgressive, au sens définie par Céline Matuzsak. En outre, avec ce site, nous sommes en présence de la notion de minorité agissante/de minorité active, telle que nous pouvons la trouver chez Pierre Moscovici : la minorité active, distincte de la déviance, peut mettre en place sur un temps plus ou moins long des pratiques sociales largement partagées en imposant son point de vue, de pratiquer en quelque sorte une forme de gramscisme.

Cette librairie en ligne utilise Internet de manière stratégique : utilisant le Web comme un espace de contestation. En effet, les nationalistes-révolutionnaires, tels le magazine Nouvelle Résistance et le site Voxnr, animé pendant longtemps par Christian Bouchet, avant son passage au Front national, souhaitent créer un véritable réseau nationaliste européen. Librad participe ouvertement à cette stratégie. Selon Céline Matuzsak, « Cette transnationalisation de l’action a bien lieu dans les mouvements nationalistes-révolutionnaires, aidée par l’outil internet. » De fait, la « cyber-propagande » traduit un déplacement de la contestation du niveau national au niveau transnational, cherchant à structurer un réseau international.

Ces organisations refusent le plus souvent de se cantonner aux règles connues du jeu politique traditionnel ou en sont historiquement exclues. De ce fait, elles ont des difficultés à accéder à l’espace public. Devant l’intérêt d’élargir leur audience, elles ont une utilisation innovante de l’Internet tenant bien souvent un rôle de premier plan dans l’organisation. Librad joue ce rôle pour la mouvance nationaliste-révolutionnaire : elle offre la possibilité d’acheter, dans un lieu unique, des publications formatrices au niveau intellectuel, c’est-à-dire de former intellectuellement des cadres, voire de mettre en place un réseau de personnes ayant des centres d’intérêts proches, via la constitution d’un carnet d’adresse, les acheteurs laissant la leur. Dans ce dernier cas, il suffit de recouper les achats de ceux-ci pour connaître leurs centres d’intérêt.

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Ces politiques éditoriales et commerciales ne sont pas propres à ce site : elles se retrouvent un peu partout en Occident, signe de son intérêt pour les milieux concernés. En outre, ces sujets n’ont pas leur pareil pour refléter, condenser, télescoper, l’esprit et le malaise d’une époque. En ce sens, une étude de ceux-ci, telle cette étude, est nécessaire et utile pour la compréhension de notre époque.

Il nous semble nécessaire de s’interroger sur la place qu’occupent dans ces milieux ce genre de thématiques, fabriquées avec des matériaux radicaux comme le négationnisme, le nationalisme-révolutionnaire, l’ésotérisme, etc. Comme l’écrit si bien Jean-Yves Camus, à propos de ses propres réflexions sur le même sujet, « L’ensemble des procédés intellectuels évoqués dans cette communication démontre l’ampleur du travail qui reste à effectuer pour pouvoir étudier les radicalités politiques de droite en s’abstrayant, dans la lignée des travaux de Pierre-André Taguieff, des complaisances comme du mur opaque que demeurent le fascisme et le nazisme. » A contrario, le refus de prendre en compte ces différents aspects de la culture d’extrême droite est intéressant pour l’observateur car il permet de comprendre les propres réticences et a priori des chercheurs institutionnels et des militants antifascistes, de cerner leur « humeur idéologique », pour reprendre une expression de Roland Lardinois, permettant ainsi de comprendre, et donc d’étudier, leurs propres milieux.

Note

1 Sylvain Crépon, « Le différentialisme du Front national : un révélateur des enjeux identitaires contemporains », Illusio, numéro Hors série, 2008, pp. 191-208 ; « Le GRECE et la question ethnique. Du nationalisme au communautarisme », Raison présente, n°174 « Race et sciences sociales », 2010, pp. 77-88.

Ce texte s’inscrit dans le cadre du programme IDREA (en savoir plus en cliquant ici).

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