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Entre histoire romancée et mémoire héroïque : le Front de l’Est dans les romans à succès de Jean Mabire

Travail photographique de Kyle Thompson

Par Jonathan Preda

Le nom de Jean Mabire, écrivain mort en 2006, est largement tombé dans l’oubli. Ses romans garnissent les étales des bouquinistes et témoignent d’une littérature qui fit florès dans les années 1970 : le récit de guerre consacré aux engagés sur le Front de l’Est sous l’uniforme Waffen SS[1]. Nombre de ces ouvrages furent le fait d’anciens « volontaires » comptant leurs aventures[2]. Tel n’est pas le cas de Jean Mabire qui consacra pas moins de 21 livres à ce sujet en trente ans[3]. Sa carrière ne peut néanmoins être résumée à ces ouvrages de guerre. Né en 1927, cet auteur exerça sa plume dans divers domaines. Il la mit au service du journalisme, notamment pour le quotidien La Presse de la Manche de 1956 à 1963 ou pour Spectacle du monde mais aussi et surtout pour des publications engagées à l’extrême droite, tels l’Esprit public, couverture légale de l’OAS ou encore l’hebdomadaire Minute. Auteur de nombreux livres, il légua de nombreux portraits d’écrivains regroupés sous le titre Que lire ? et contribua à faire connaître des figures « maudites », notamment celle de Drieu la Rochelle à travers un essai très lu dans les milieux radicaux de droite[4]. Mais l’une de ses plus dévorantes passions était sans conteste l’Histoire.

Collaborant à la revue de vulgarisation historique Historia, c’est surtout à travers sa production romanesque qu’il entendait faire revivre un passé avant tout militaire. Son engagement pendant la guerre d’Algérie le marqua à vie. Il consacra par la suite, et ce jusqu’à sa mort, des récits dédiés aux unités d’élite de la guerre d’Algérie, aux samouraïs, aux cosaques mais aussi et surtout aux combattant de la Seconde Guerre Mondiale. Malgré des sujets aussi divers, Mabire connut le succès grand public à travers ses récits consacrés aux Waffen SS. Ses premières productions romanesques sur le sujet, une trilogie consacrée aux volontaires français (La Brigade Frankreich en 1973, La Division Charlemagne en 1974 et Mourir à Berlin en 1975), furent de véritables best-seller, tous édités par la prestigieuse maison d’édition Fayard et réédité peu de temps après en livre de poche[5]. Ils seront le sujet de cette étude.

Ces livres ont soulevé et soulèvent toujours de vifs débats. Au cœur des interrogations, la personnalité même de leur auteur. S’il n’a jamais combattu pour Hitler, Jean Mabire n’en a pas moins été un militant d’extrême droite particulièrement actif. Rédacteur en chef en 1965 de la très raciste et antichrétienne Europe-Action de Dominique Venner, il fut par la suite proche de la Nouvelle Droite dont il partageait l’idée européenne et régionaliste au sens ethnique du terme. A cela s’ajoute un constat, la trilogie mabirienne présente incontestablement la Waffen SS de manière très positive, tout comme l’action des « paras » alliés dans certains récits[6]. Les positions semblent inconciliables entre l’ancien documentaliste de Mabire, Eric Lefèvre, pour qui l’auteur « voulait célébrer la grande aventure, les prouesses guerrières, sous n’importe quel drapeau »[7] et l’ancienne résistante Marie-José Chombart de Lauwe qui en fait un chantre de la réhabilitation du nazisme[8].

Le statut même de ces livres est ambigu. En affirmant avoir forgé ses romans avec « rigueur historique »[9], l’attente dessinée par ce pacte de lecture ne relève pas du vraisemblable comme c’est le cas des romans historique, mais bien du véridique. Et pourtant, ces récits ont selon lui une « couleur romanesque »[10]. De fait, le style développé mêle spectaculaire, héroïsme et érotisme permettant une grande intensité d’évocation, bien davantage que l’histoire universitaire. Comment expliquer que ces romans proposant une relecture aussi positive de la Waffen SS aient pu devenir de tels succès populaires et même apporter leurs pierres à l’édifice de la construction historique [11]? L’étude de ces récits met en lumière des pans des extrêmes droites, milieu d’origine de l’auteur et lectorat privilégié et constant, tout aussi bien que la société de la « mode rétro »..

Au cœur des « rétro satanas »        

Ces romans sont fils d’une époque, les années 1970 [12], qui remit en cause la doxa gaulliste et communiste sur la Seconde Guerre Mondiale qui réduisaient les collaborateurs à une simple « poignée de misérables », les privant largement d’incarnation dans les productions culturelles depuis la Libération[13]. Face à ce silence, Mabire convoque des trajectoires individuelles que ces mémoires dominantes ne peuvent expliquer. C’est par exemple la figure de Jean Bassompierre, « lieutenant (…) réputé « fasciste » [qui] lutte énergiquement contre l’armée italienne »[14]. Si les travaux universitaires sur la collaboration sont encore rares en ce milieu des années 1970[15], le nazisme occupe lui le devant de la scène culturelle grand public de par la mode « retro » à laquelle Jean Mabire participe largement. Il est à l’origine d’un numéro spécial très diffusé d’Historia sur « L’Internationale SS » en 1973, médiatisant sur un autre mode les principales thématiques de ses romans qui seront analysées plus loin[16]. Pascal Ory souligne qu’il y a eu durant ces années une habile commercialisation pour répondre aux demandes d’un public avide de frisson esthétique, sexuel et mortifère[17]. Mabire s’inscrit parfaitement dans cette vision jouant sur l’attraction-répulsion. Un extrait, bien peu vraisemblable, est en cela caractéristique :

« Chabert voit bien que les Russes arrivent et songe qu’il va falloir rapidement donner l’ordre de repli. La fille se colle de plus en plus contre lui. C’est une invitation que l’aspirant n’a jamais repoussée. Les isbas flambent, les bombes tombent, les balles miaulent. Mais l’oberjunker Chabert embrasse à pleine bouche une jolie fille. De la main droite, il ne lâche pas sa mitraillette russe à chargeur circulaire. De la main gauche, il déboutonne le corsage, puis plonge sous la jupe. La fille se glisse sous l’officier français qui commence à lui faire l’amour tout en surveillant « Ivan » par les fentes du grenier »[18].

Le passé actuel

Cette expérience des volontaires du Front de l’Est est présentée comme double. Irréductible à toute autre, ses protagonistes évoluent dans « un monde à part », un univers où règne « une toute autre dimension du bien et du mal »[19]. Pourtant, Mabire joue à la fois sur la mémoire littérale qui construit l’évènement comme unique pour ne pas dévaluer l’objet mémoriel et la mémoire exemplaire qui reconnaît des traits communs avec la situation contemporaine des lecteurs[20]. Les Waffen SS français défendant Berlin face aux Soviétiques deviennent les descendants des émigrés huguenots français qui avaient contribué à construire la capitale allemande. Ce sont également des « « soldats perdus » », référence aux combattants des guerres d’Indochine et d’Algérie que le lecteur de culture « droitière » ne peut manquer de comprendre[21]. Dans un contexte de rébellion contre la société de consommation, quelques années seulement après les évènements du printemps 1968, ils sont même dépeints en révolutionnaires,   « contestataires (qui) refusèrent en bloc le monde que leurs cadets veulent détruire aujourd’hui »[22]. Les Français de la Waffen SS sont intronisés lointains parents des Daniel Cohn-Bendit et autres Serge July ou est-ce plutôt de la jeunesse de droite radicale luttant contre le matérialisme capitaliste et communiste ? L’auteur s’empresse de rajouter que « toute similitude apparaît vite trompeuse (et qu’) il y a loin de Marcuse à Nietzsche »[23].

Il n’empêche, Mabire joue sur l’ambiguïté, laissant le plus largement ouvert le champ des identifications des lecteurs tout en assurant une certaine légitimité à ses personnages. Enfin, en pleine Guerre Froide, ils sont tout autant ancêtres de la lutte contre l’URSS. Leur combat est réduit à sa teneur anticommuniste. De traîtres à la patrie tels qu’ils avaient été condamnés par les tribunaux de la Libération, ils deviennent pionniers du « Monde Libre » face au communisme. Ils le sont même doublement. Dans un contexte de construction européenne, Jean Mabire en fait les meilleurs militants de cette cause honorable. Eux ont même versé leur sang pour elle. Himmler devient le « chef du million de combattants européens »[24] que représente l’ensemble des Waffen SS. L’auteur a su jouer avec les ambiguïtés de l’idée européiste qui possède cette capacité à se situer potentiellement au-delà des idéologies[25].

Des figures archétypales

Ces thèmes s’inscrivent dans des figures culturelles collectives prégnantes de la société française des années 1970. L’idée européenne se couple ici avec le mythe de la croisade, transfigurant le Front de l’Est. C’est l’Europe en armes contre l’ennemi de toujours, un Orient fantasmé et craint face auquel l’Européen forge son identité. « Cette nuit, Berlin change de continent »[26] apprend-on tandis que l’Allemagne hitlérienne est proche de la défaite finale. L’opposition se décline également entre civilisation et barbarie. Les combattants sont les symboles même de cette dichotomie fondatrice. Nulle trace des actes de cruauté commis par l’armée allemande[27]. Au contraire, comme en témoigne cette scène : les Français trouvent dans la capitale allemande en flamme un recueil de photographies consacrées à l’Espagne et sa culture. « Fernet pense qu’il se bat aussi pour défendre ces livres. Lui qui fut naguère khâgneux avant de devenir officier trouve cette situation hautement symbolique. « Demain, les Mongols brûleront tous ces bouquins, dit Douraux » »[28]. Mabire joue là avec la représentation collective laissée par les autodafés nazis qu’il retourne. Si la vision racialisante affleurant ici et là doit beaucoup à l’engagement de l’auteur au sein d’Europe-Action puis de la Nouvelle Droite encore très marquée à cette époque par les références à la biologie[29], ces topoï ne manquent pas de renvoyer à des stéréotypes présents dans les romans coloniaux d’aventure. Ces media avaient joué un rôle décisif dans la diffusion de la « culture coloniale » encore très présente dans la décennie 1970. Le lecteur voyage jusqu’aux confins, hier des colonies française, aujourd’hui vers les marches de l’Europe, en tout cas vers les frontières de la civilisation[30].

La désignation de l’ennemi le rend « exotique », autre. « Les Rouges sont souvent des Jaunes, avec des faces plates et rondes de Mongols »[31]. L’héroïsme, les valeurs chevaleresques sont consubstantielles à l’Européen au sens ethnique du terme, lié au sang et le sol. Le Waffen SS français, parangon de cette « européanité », ne peut agir bassement et inversement, l’Asiatique soviétique ne peut agir avec honneur et noblesse à moins d’imiter servilement ses adversaires. S’agit-il même d’une seule et même humanité ? On peut en douter devant le processus d’animalisation des Soviétiques. Il ne s’agit que de soldats qui « se multiplient comme des fourmis »[32] et « grouillent dans les marais et les forêts »[33]. Rien d’étonnant à ce que Mabire ait consacré des ouvrages élogieux aux « paras » alliés mais aucun à l’Armée rouge. La ligne de partage ne recoupe pas les deux camps de la Seconde Guerre Mondiale mais plutôt l’ « Europe » au sens ethnique du terme et ses meilleurs représentants face aux non Européens. Tous ces stéréotypes ne sont pas étrangers au succès rencontré par cette trilogie. A la fin de la guerre d’Algérie, la mémoire coloniale entre dans un véritable trou de mémoire[34]. Se présentant comme des romans d’aventure accessibles au plus grand nombre, ces livres de Mabire remplissent un vide laissé tout en s’adaptant aux codes et au contexte de cette décennie 1970.

Le courage des braves

Pour rendre « compréhensibles » au lecteur ces Waffen SS fançais, Mabire a donc dû susciter une « empathie » au sens grec du terme, un sentiment d’appartenance à une même humanité, alors même qu’il se livre à une déshumanisation des Soviétiques. Nous entrons dans leur vision du monde via l’emploi de termes spécifiques à cette « communauté ». Les ennemis deviennent des « partoches » ou « Ivan » au singulier. Impossible d’ailleurs d’avoir une quelconque connivence avec ces derniers. Aucune figure individuelle soviétique n’est présentée au lecteur, ce ne sont que des masses.

L’identification avec les « héros » se fait par le biais de la bravoure. Ce sont avant tout des soldats d’élite. Mabire avertit le lecteur que depuis son engagement dans la guerre d’Algérie, « il a (…) gardé l’habitude de laisser seulement le guerriers juger les soldats »[35]. D’ailleurs, il ne « s’agit pas de donner aux SS français raison ou tort »[36]. Avis aux lecteurs qui doivent se dépouiller de leurs lunettes idéologiques. Une attention toute particulière est portée à une décoration qui devient le symbole par excellence de la bravoure : la croix de fer. Ces récits proposent un concentré d’héroïsme. Alors même que se multiplient les épisodes mettant aux prises un faible nombre de « résistants » Waffen SS avec une multitude de Russes, on pense aux guerriers des Thermopyles. C’est là une thématique récurrente du thème littéraire de l’épopée que l’on retrouve dans d’autres récits du front de l’Est[37] .

L’épopée est affaire de courages individuels. Outre quelques considérations de géopolitique militaire, l’auteur nous invite à suivre cette expérience guerrière au ras du front, à la manière des journalistes-soldats de la Waffen SS. De très nombreuses conversations sont rapportées. Les héros mabiriens sont présentés par de courtes descriptions qui les singularisent, à la manière de croquis pris sur le vif. Cette attention portée aux hommes est consubstantielle à la manière même dont l’auteur a travaillé. Mabire s’est essentiellement appuyé sur la parole des soldats de l’Axe provenant de récits autobiographiques ainsi que de nombreux entretiens comme en témoigne la longue liste à la fin des ouvrages. Le travail du romancier s’apparente à une entreprise de médiatisation des souvenirs, à la production d’un récit catalysant les divers témoignages individuels, publiés ou pas. La principale source d’influence mabirienne se trouve sans conteste dans une trilogie publiée par un ancien Waffen SS une décennie plus tôt comptant l’histoire des engagés français sur le Front de l’Est et utilisant déjà des témoignages d’anciens acteurs : Marc Augier alias Saint-Loup. Présent également à Europe-Action, il fut lui aussi acquis à l’Europe des patries charnelles et au régionalisme[38]. Pour ces deux auteurs, la Waffen SS est sans aucun doute « européenne », brave et révolutionnaire.

Plus encore que ce dernier marqué par son passé sous l’uniforme aux deux runes, Mabire va s’employer à rendre acceptable ces souvenirs, les dissociant de la mémoire du national-socialisme et singulièrement de celle du génocide juif de plus en plus prégnante en ces années 1970. Les Français du Front de l’Est deviennent des « ingénus au cœur d’un système totalitaire » qui « ne furent jamais mêlés à des tâches policières » et « ne participèrent pas au monde des camps de concentration »[39]. Tous les motifs d’adhésion évoqués peuvent sembler respectables, que ce soit l’ « idéal politique, le « goût de l’aventure et du risque », l’ « attrait du métier de militaire quel que soit l’uniforme », s’imaginer que « les Allemands vont gagner la guerre » ou encore croire « à la croisade contre le bolchevisme et la naissance d’une Europe nouvelle »[40]. Cette manière de présenter les « vaincus » comme des idéalistes s’ancre dans des lieux communs forgés dans les prisons de la Libération[41]. Les intentions pures dédouanent des conséquences considérées comme malheureuses.

Et pourtant, ces romans véhiculent des éléments de propagande nazie. La vaillance au combat de la Waffen SS est une image construite dans les officines du docteur Goebbels, reprise et souvent présentée comme vérité historique après 1945 au regard du nombre impressionnant de croix de fer récoltées par ces unités. Cette distribution était en fait volontairement extrêmement généreuse dans le but de « fabriquer des héros »[42]. Il en va de même du mythe de la Waffen SS en tant qu’ « armée européenne », fabriqué par l’Allemagne nazie à partir de 1942. Il s’agit ici finalement moins de propagande nazie en tant que telle que des croyances assimilées par ces « volontaires », ces hommes qui ont affirmé pour beaucoup s’être battus pour la place de la France dans l’Ordre Nouveau hitlérien, pour la sauver de la décadence en participant au plus grand corps d’élite existant, pour défendre la civilisation face à la barbarie soviétique. Ce sont autant de thèmes qui abondent dans les écrits du collaborationnisme européiste. Ces récits mabiriens ne sont donc pas mensongers au sens plein et entier du terme mais confondent histoire et mémoire, une mémoire sensible aux déformations et aux manipulations. « Pour eux, l’Europe national-socialiste n’est plus un argument de propagande mais une réalité vécue »[43]. L’auteur fait rejouer le mécanisme d’attraction qui avait fasciné les futurs engagés au point de les mener jusqu’à la collaboration casquée.

Le mythe Waffen SS actif durant la Seconde Guerre mondiale quitte les journaux et autres supports de propagande du IIIe Reich pour investir un nouveau médium apte à l’accueillir au cœur de ces « rétro satanas », lui donner une seconde vie et jouer de l’ambiguïté du genre romanesque, entre histoire et fiction. 

Vers l’homme nouveau

De ce que la propagande nazie annonçait comme possible, ces romans en font une réalité livresque. Jean Mabire reprend la création d’un homme nouveau, ce thème central de la rhétorique collaborationniste, pour le mettre en scène tel un fil rouge qu’il dévide tout au long d’un récit initiatique. Le point zéro de ce parcours moral est la défaite de 1940, trauma originel des futurs volontaires, symbole de la décadence française. L’aventure, elle, « commence le 22 juin 1941, à l’aube »[44] avec l’invasion de l’URSS. Il s’ensuit une progression partant du Français lâche de 1940, indiscipliné et porté sur l’alcool vers l’héroïsme et l’ascétisme du Waffen SS « européen ». Plus largement court une opposition entre les soldats de la Wehrmacht associés à ceux de la LVF, réactionnaires, nationalistes chauvins, chrétiens et plus âgés face à la jeunesse européiste, révolutionnaire et idéaliste des « vrais » Waffen SS. Ce sont eux que l’on retrouve à l’acte final pour défendre le bunker d’Hitler.

Toute une série d’épreuves rythment ce passage vers une nouvelle humanité, épreuves qui sont comme autant de sélections. Les rites de passage symboliques jalonnent ce cheminement, les prestations de serment mais aussi et surtout le déplacement symbolique par excellence : la montée vers le front/frontière. « La route n’est plus qu’une piste de boue où ils s’enfoncent jusqu’aux genoux. La vision de ce cloaque cingle les Waffen SS français mieux que n’importe quel discours. Ici, commence un autre monde »[45]. La guerre est promue accoucheuse de cette nouvelle humanité. Le nazisme, quant à lui, est la mystique globale qui va déterminer cet homme nouveau dont le symbole est l’attribution de la croix de fer.

A une autre échelle se joue le passage d’une France malade de la politique vers une Europe qui en serait purgée. Le national-socialisme est élevé au rang de foi, de religion face à la IIIème République parlementaire ou aux guerres intestines déchirant collaborateurs et collaborationnistes entre eux. Mabire fait sienne la thématique collaborationniste pour qui l’adoption d’une religion politique européenne est le seul moyen de contenir la poussée de l’Est derrière l’étendard rouge[46]. Le mythe de la croisade transforme le conflit en une guerre de religion planétaire, lui conférant un caractère eschatologique par la rencontre des entités primordiales Orient/Occident[47].

Un lieu de mémoire des extrêmes droites

Lue très largement dans la société de la décennie 1970, cette trilogie n’en est pas moins un lieu de mémoire constitutif d’une certaine contreculture radicale de droite qui perdure jusqu’à nos jours. Les critiques dans la presse d’extrême droite de l’époque ont été largement positives. On sait surtout gré à Mabire d’avoir rédigé dans un style flamboyant et épique. Jean-Paul Rondeau loue dans la revue néofasciste Défense de l’Occident la force d’évocation des récits[48] tandis que l’organe du Front National, Le National, parle d’apothéose tragique[49]. L’accueil le plus marqué et le plus chaleureux se trouve dans les colonnes du Rivarol, hebdomadaire lu dans de larges cercles d’extrême droite. Les comptes-rendus dithyrambiques d’un certain André Doutart avalisent les principales thématiques mabiriennes. Les volontaires Waffen SS luttaient bien pour une Europe unie et socialiste, pour une mystique lumineuse dans une armée internationale. Bien mieux que les pâles révolutionnaires d’aujourd’hui, eux étaient de vrais « contestataires de la société plouto-démocratique de leur époque ». Sans oublier la transformation vers l’homme nouveau : « Insensiblement s’opérait la métamorphose ». La conclusion est sans surprise : « ce récit de Jean Mabire devrait avoir pour suite logique la réhabilitation de ces combattants, qui, jusqu’au bout, restèrent fidèles à leur serment »[50]. Le promoteur de la trilogie en direction d’un vaste public droitier est d’autant plus qualifié dans cette situation de passeur qu’il s’agit certainement là d’un ancien de la division Charlemagne, avalisant les croyances devenues réalité sous la plume de Mabire[51].

Pourtant, les positions idéologiques exprimées par ces romans divisaient alors les extrêmes droites. La vision européiste exaltée dans les récits mabiriens s’apparente au nationalisme européen défendu par la frange la plus radicale de ce milieu politique. Europe-Action dont faisait partie notre auteur en avait fait l’un de ses principaux axes tout comme son héritier, le GRECE. Plus largement encore, l’européisme est depuis 1942 le bagage récurrent des néofascistes et néonazis[52]. Tout comme l’avait fait une décennie plus tôt Saint-Loup, Mabire contribue à forger un véritable imaginaire européen[53]. Dominique Venner, qui l’a bien connu, n’affirme-t-il pas que « Pour Jean, littérature et politique ne pouvaient être séparées »[54] ? Déjà au sein de la revue pro-OAS L’Esprit public, au lendemain de la perte de l’Algérie française, Mabire a largement contribué à convertir les nationalistes issus de l’OAS et des luttes coloniales à l’Europe des ethnies et au « socialisme » antimarxiste[55]. Il continue là, une décennie plus tard, à jouer le rôle d’« éveilleur » à ces thèmes à travers le médium romanesque.

Il en va de même pour l’opposition au matérialisme synonyme de capitalisme et de communisme, si prégnante dans la « droite révolutionnaire ». Ces romans mettent en scène des Soviétiques usant d’une débauche de moyens techniques et d’artillerie face aux Waffen SS qui se battent avec la seule force de leur héroïsme. Le symbole même de cette lutte est le corps à corps engagé avec les chars soviétiques, Panzerfaust à la main, le courage individuel et la volonté face à l’acier[56]. L’auteur transfigure ses héros en des sortes de moines-soldats tels que Himmler les avaient imaginés. « A la veille de remonter en ligne, il reste encore quelques jours à vivre dans un état de dénuement et de pureté que les SS français n’avaient encore jamais connu et qui leur paraît la raison même de leur engagement »[57].

Les héros mabiriens savent que « leur seul avenir sera de porter témoignage. Non pas tant d’un idéal que d’une attitude »[58]. C’est finalement par ce biais que l’œuvre de Mabire a pu être incorporée dans une culture politique dépassant les cloisonnements entre divers courants d’extrême droite. Cette trilogie vient comme en écho à la critique de ces milieux du phénomène de désoeuvrement de la jeunesse. « A une époque où l’athéisme fait de redoutables progrès, le besoin ressurgit d’un ordre moral avec d’autant plus d’acuité que le relâchement des mœurs est grand. Aujourd’hui, les jeunes veulent des certitudes, non des problèmes. Dans cette optique, le SS, avec son uniforme, c’est un peu le prêtre avec sa soutane. Disparu dans une apocalypse de feu, de bombes et de sang, le soldat de Hitler est devenu un martyr pour ces jeunes à la recherche d’une pureté, même si c’est celle du mal » analyse Jean-Marie Le Pen en 1969[59]. Ces valeurs portées par les héros Waffen SS aux nobles intentions sont faites d’un alliage qui n’est pas neuf à l’extrême droite, mêlant sacrifice, héroïsme et rejet de l’action politicienne qui divise.

Pourtant, c’est bien là encore une marque de ce que sont les néofascistes français. Eux se veulent porteurs d’une vision du monde, de valeurs, d’une Weltanschauung selon la dénomination répandue. C’est là un trait saillant du fascisme français et par là même de ce néofascisme, une position plus esthétique et culturelle que politique, plus élitiste que portée sur les masses, dont l’un des principaux représentant fut l’intellectuel et homme de lettres Robert Brasillach ou encore Drieu la Rochelle. Comme nous l’avons montré plus haut, ces romans sont faits de la somme de courages individuels qui débouchent sur l’homme nouveau. Les masses, pourtant caractéristiques du totalitarisme fasciste, se retrouvent rejetées du seul côté soviétique.

Que ces valeurs soient qualifiées de « fascistes » ou pas chez les militants et sympathisants, la trilogie mabirienne qui les porte contribua et contribue toujours à nourrir une construction identitaire. Au soir de sa vie, Jean Mabire est revenu sur sa carrière d’écrivain et a mis en lumière un thème récurrent dans son oeuvre: ses héros ont en commun d’être des « aventuriers », de vivre dangereusement face à une société bourgeoise conformiste[60]. L’opposition entre une « droite de l’argent » et une droite révolutionnaire, entre ceux qui acceptent le « Système » en faisant mine de le combattre, c’est-à-dire les « nationaux », face aux opposants véritables refusant toute compromission, les « nationalistes », est ici rejouée, amplifiée par la puissance romanesque et les possibilités d’identification lui afférant[61]. Le parallèle est ici saisissant avec un roman alors récemment réédité en livre de poche, les Réprouvés de Von Salomon, proche de la Révolution Conservatrice élitiste et adulée par des générations de néofascistes français[62]. Dans ce roman, on suit de l’intérieur, cette communauté de guerriers luttant pour l’Allemagne synonyme de « lutte, enjeu, vie, sacrifice, devoir », pour un socialisme national et en opposition aux bourgeois qui n’ont pas connu le monde des tranchées et de la camaraderie virile[63].

Les Waffen SS descendants de ces « réprouvés » deviennent des modèles pour une extrême droite se vivant, surtout depuis 1945, comme exclue et repliée sur elle-même. Alors même que ses militants, surtout les plus jeunes, ont tendance à dénoncer le rejet dont ils sont victimes tout en le cultivant, comment ne se reconnaîtraient-ils pas dans ces « maudits » de la Waffen SS[64]? Le stigmate devient une façon de se différencier et ces lectures de se construire une identité dans l’opposition[65]. Mabire participe ainsi de ce « ghetto » qui, encore largement dans les années 1970, a abandonné l’espoir d’arriver au pouvoir pour se replier sur un entre-soi réconfortant aux valeurs et références partagées. Les Waffen SS français sont perçus à la fois comme martyrs et rédempteurs de la France décadente de 1940. Maudits, ils auraient eu le tort d’avoir raison avant tout le monde, vaticinant dans le désert par la geste en faveur de l’« Europe », de l’« anticommunisme » et la « collaboration franco-allemande ». Le radicalisme droitier peut ainsi trouver en eux des grands hommes qui rejoignent un « contre-panthéon » abritant les Drieu la Rochelle, Evola et autres Brasillach.

« Beaucoup de jeunes veulent aujourd’hui savoir ce [que les Waffen SS français] furent vraiment, hors de la passion partisane qui transfigura, dans un sens ou dans un autre, leur histoire »[66]. Derrière cette posture se trouve une antienne d’extrême droite constitutive de cette vision singulière du passé : tout chercheur n’ayant pour seul horizon que la « vérité » se doit de dénoncer l’ « histoire officielle » qui déforme autant qu’elle passe sous silence. Face à l’histoire des vainqueurs se dressent les témoignages de ceux pouvant affirmer : « j’y étais ». « Non-conformisme », « vérité » et réhabilitation tendent à s’imbriquer dans un langage propre aux galaxies droitières. La revue néo-nazie Combat européen souligne ainsi la vision objective et sincère donnée de la Waffen SS[67]. La revue du GRECE Nouvelle Ecole qualifie quant à elle le roman d’ « histoire vraie des volontaires français de la Waffen SS »[68].

Malgré cette prétention à l’exact, au véridique, Jean Mabire ne peut s’empêcher de conclure son premier opus par ces mots emprunts de lyrisme : « Au fond de leur cœur, [ la Waffen SS européenne] s’identifie totalement avec ce premier bataillon de la Sturmbrigade Frankreich, anéanti en Galicie pour entrer dans sa légende »[69]. Sous prétexte de démystification, l’écriture n’en construit pas moins un mythe fondateur, un mythe sur papier, romancé, un mythe autre que ceux sur lesquels se sont reconstruites les sociétés européennes de l’après-1945.

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Conclusion

Cette trilogie à succès est la rencontre entre une culture politique portée par un auteur d’extrême droite avec à la fois les demandes nées du « syndrome de Vichy », dont ces ouvrages sont à la fois signes et acteurs, et des évolutions sociétales plus profondes. Ce vaste lectorat est né de la massification des études supérieures, de la démocratisation de l’accès aux livres et de la vulgarisation des savoirs justement à travers une nouveautés éditoriale de l’après-guerre : le livre de poche[70]. Jean Mabire, dont la plume alliait connaissances et puissance d’évocation en phase avec la « mode rétro », s’est appuyé sur ces attentes, mais pas seulement. Par le choix même du médium romanesque rendant possible l’oscillation entre histoire et mémoire, entre savoir et fiction[71], l’auteur a voulu façonner le souvenir de celui qui venait de réapparaître dans la mémoire dominante et dont l’image restait trouble: le Waffen SS français.

Quelle trace a laissé cette entreprise de réhabilitation de la Waffen SS française ? Rien, à part peut-être cette représentation encore prégnante d’une Waffen SS valeureuse au combat bien que dévoyée. Elle fut largement victime de la diffusion des études universitaires sur la Collaboration entreprises dans le sillage de cette « obsession » pour les années sombres et de la victoire absolue du système de représentation anti-nazie. Une preuve s’il en est : depuis les années 1990, ces romans et plus largement ce type de récits sont édités par des maisons d’édition plus confidentielles ou marquées politiquement[72].

Notes

[1] Le lecteur intéressé par le sujet de cet article pourra se reporter à l’article que nous avons écrit avec Nicolas Lebourg, « Le Front de l’Est et l’extrême droite radicale française : propagande collaborationniste, lieu de mémoire et fabrique idéologique », Olivier Dard dir., Références et thèmes des droites radicales, Peter Lang, 2015, pp. 101-138.

[2] Une récente étude de ces récits autobiographiques a été menée par Philippe Carrard, « Nous avons combattu pour Hitler », Paris, Armand Colin, 2011. Un mémoire de maîtrise a été consacré aux romans de l’ancien LVF et Waffen SS Saint-Loup par Pierrick Deschamps, Une mythologie sous le signe de la croix gammée. L’imaginaire européen des patries charnelles dans les romans de Saint-Loup, mémoire de master 1 sous la direction de Bernard Bruneteau, Université Pierre Mendès-France, Grenoble, 2007.

[3] Eric Lefèvre, « L’Internationale SS », Jean Mabire, numéro 29, solstice hiver 2010. Voir également la récente bibliographie établie par Alain de Benoist pour le compte de l’Association des Amis de Jean Mabire, Bibliographie de Jean Mabire, Pont-Authou, Héligoland, 2010.

[4] Drieu parmi nous, Paris, La Table Ronde, 1963.

[5] Tous les numéros de page indiqués feront référence aux éditions suivantes :

La Brigade Frankreich, Paris, Le Livre de Poche, 1976.

La Division Charlemagne, Paris, Le Livre de Poche, 1976.

Mourir à Berlin, Paris, Le Livre de Poche, 1977.

Signe de son succès, un peu plus d’un an et demi après sa parution en novembre 1973, les 31.900 exemplaires de la Brigade Frankreich tirés par Fayard ont été vendus. Lettre de Mademoiselle Wittorski à Bernard de Fallois, le 8 novembre 1974, source IMEC, LGF S13 C79B1.

Aux éditions le Livre de Poche, 13.100 exemplaires avaient été vendus de La Division Charlemagne en février 1978. Source IMEC, LGF S13 C28B3.

[6] Les Paras du jour J : américains, britanniques, canadiens, français, Paris, Presses de la Cité, 1990.

[7]Entretien de Pierre Schang avec Eric Lefèvre, http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2009/09/21/60cbc5678cc4cd59f2bc18cc8d20c4d5.html, consulté le 19 juin 2011.

[8] « Réhabilitation du nazisme : des voies multiples depuis 60 ans. 5ème partie : les moyens de communication et de diffusion », Le Patriote résistant, avril 2006.

[9] La Brigade Frankreich, op. cit., p.5.

[10] Idem., p.5

[11] L’une des rares études sur le sujet, Pierre Giolitto, Volontaires français sous l’uniforme allemand, (1997), Paris, Perrin, 2007, cite abondamment cette trilogie.

[12] Pascal Ory, « Comme de l’an quarante. Dix ans de « rétro satanas », Le Débat, numéro 16, novembre 1981.

[13] Voir Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, Le Seuil, 1997.

[14] La Division Charlemagne, op. cit., p.124.

[15] Les œuvres pionnières de Michèle Cotta sur la Collaboration 1940-1944 puis de Pascal Ory sur Les Collaborateurs datent respectivement de 1973 et 1976.

[16] Hors-série numéro 32, 1973.

[17] Pascal Ory, op. cit.

[18] La Brigade Frankeich, op. cit., p.354.

[19] Idem., p7.

[20] Tzvetan Todorov, Face à l’extrême, Paris, Le Seuil, 1991.

[21] La Brigade Frankeich, op. cit., p.6.

[22] Idem., p.5.

[23] Idem., pp.5-6. Aux lendemains de mai 1968, des anciens d’Europe-Action avaient tenté de fonder des groupes locaux « socialistes européens » devant opérer la jonction avec les anarchistes soixante-huitards. Nicolas Lebourg, « La Dialectique néo-fasciste, de l’entre-deux-guerres à l’entre-soi », Vocabulaire du Politique : Fascisme, néo-fascisme, Cahiers pour l’Analyse concrète, n°57-58, juin 2006, pp. 39-57.

[24] La Division Charlemagneop. cit., p.39.

[25] Julien Prévotaux, Un Européisme nazi. Le groupe Collaboration et l’idéologie européenne dans le Seconde Guerre mondiale, Paris, Guibert, 2010.

[26]La Brigade Frankreich, op. cit., p.16.

[27] Sur ce sujet, se reporter à Omer Bartov, L’Armée d’Hitler: la Wehrmacht, les nazis et la guerre, Paris, Hachette Littératures, 1999.

[28] Mourir à Berlin, op. cit., p.413.

[29] Pierre-André Tagiueff, Sur la Nouvelle Droite, Paris, Descartes and Cie, 1994.

[30] Alain Ruscio, « Littératures, chansons et colonies », in Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire, Culture coloniale. La France conquise par son empire, 1871-1931, Paris, Autrement, 2003.

[31] La Brigade Frankreich, op. cit., p.245.

[32] Idem, p.399.

[33] La Division Charlemagne, op. cit., p.26.

[34] Voir notamment Benjamin Stora, Imaginaires de guerre, Paris, La Découverte, (1997), 2004.

[35] La Brigade Frankreich, op. cit., p.8.

[36] Idem, p.5.

[37] Philippe Carrard, op. cit.

[38] Né en 1908, Marc Augier fut proche de la SFIO durant l’entre-deux guerres. Il fut l’un des principaux animateurs du mouvement des auberges de jeunesses avant d’entamer une « dérive fasciste » suite à la lecture de la Gerbe des forces d’Alphonse de Chateaubriand en 1938. Il fut sous l’Occupation animateur de la branche jeune du groupe Collaboration puis entra dans la LVF en tant que correspondant pour la Gerbe. Blessé, on lui confia la rédaction du journal de la LVF Combattant européen. Rentré en France après l’amnistie de 1953, il continua une carrière de romancier commencée peu après la Libération.

[39] La Brigade Frankreich, op. cit., p.6.

[40] La Division Charlemagne, op. cit., p.20.

[41] Bénédicte Vergez-Chaignon, Vichy en prison. Les épurés à Fresnes après la Libération, Paris, Gallimard, 2006.

[42] Jean-Luc Leleu, La Waffen-SS. Soldats politiques en guerre, Paris, Perrin, 2007, p.721.

[43] La Division Charlemagne, op. cit., p.74.

[44] La Brigade Frankreich, op. cit., p.24.

[45] Idem., p.236.

[46] Voir notamment Julien Prévotaux, op. cit.

[47] Voir Alphonse Dupront, Le Mythe de Croisade tome III, Paris, Gallimard, 1997.

[48] Numéro 114, octobre-novembre 1973.

[49] Juin-juillet 1975.

[50] « Les Templiers du XXe siècle sous les plis du drapeau noir », 21 juin 1973. André Doutart, « Les Français de la division Charlemagne », 12 décembre 1974. L’article sur le troisième tome, « Trente ans après », 22 mai 1975, est certainement du même auteur.

[51] Le site d’information d’extrême droite Métapédia indique bien l’existence d’un certain André Doudart ayant combattu dans la légion Charlemagne puis collaboré à Rivarol. http://fr.metapedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Doudart, consulté le 19 août 2011.

[52] Voir notamment Nicolas Lebourg, « La dialectique néo-fasciste. De l’entre-deux guerres à « l’entre-soi » », art. cit..

[53] Pierrick Deschamps, op. cit.

[54] Dominique Venner, op. cit.

[55] Pierre-André Tagiueff, op. cit., p.141.

[56] Notons que cette opposition, ici inversée, se retrouve dans le célèbre roman antifasciste d’André Malraux, L’Espoir, Paris, Gallimard, 1937.

[57] Mourir à Berlin, op. cit., p.155.

[58] La Brigade Frankreich, op. cit., p.18.

[59] Cité par Jean-Maurice Mercier, « Des attentats contre des cafés nord-africains en souvenir du nazisme », Le Monde, 23-24 novembre 1969.

[60] Entretien de Jean Mabire avec Laurent Schang, « Réflexions sur l’ « Aventurier », mis en ligne sur http://www.voxnr.com/cc/dh_autres/EEFpukElpERgmezSLw.shtml le 27 octobre 2005, consulté le 24 juin 2011

On retrouve ici l’un des ingrédients du succès des romans historiques, à savoir présenter des épopées et évènements glorieux tranchant avec la grisaille et la routine du quotidien. A ce sujet, voir Francine Dugast, « Le XXe siècle : l’exploration infinie du récit », in Colette Becker (dir.), Le Roman, Paris, Bréal, 1996.

[61] Cette distinction entre « nationaux » et « nationalistes » est la pierre angulaire du manifeste de 1962 Pour une critique positive du fondateur d’Europe-Action, Dominique Venner, qui orienta largement la reconstruction des extrêmes droites les plus radicales après la défaite de l’Algérie française.

[62] Mabire reconnut avoir lu avec passion ce livre à l’âge de 15 ans et avoir été séduit par la vision de l’activisme ainsi que par ce vertige « « immense et rouge » dont parlait le poète fusillé » Robert Brasillach : Jean Mabire, « L’exilé déçu et le soldat perdu », Europe-Action, numéro 45, septembre 1966. Pour la place de la Révolution conservatrice dans le courant néofasciste, voir Nicolas Lebourg, « La fonction productrice de l’histoire dans le renouvellement du fascisme à partir des années 1960 », in Sylvain Crépon et Sébastien Mosbah-Natanson, Les Sciences sociales au prisme de l’extrême droite, Paris, L’Harmattan, 2008. Notons également que le distinguo entre « nationaux » et nationalises » est apparu dans l’Allemagne de l’entre-deux guerres et a été promu par des figures de la Révolution Conservatrice.

[63] Paris, Le Livre de poche, 1969, p158. Ce roman, largement autobiographique, raconte l’engagement de Von Salomon dans les Corps Francs allemands au lendemain de la défaite allemande de 1918.

[64] Sylvain Crépon, Les logiques identitaires des militants du Front national de la jeunesse : une perspective socio-anthropologique du nationalisme d’extrême droite des années 1990, thèse sous la direction de Stéphane Courtois, Université de Paris-Nanterre, soutenue en 1999.

[65] Voir notamment Ivan Bruneau, « Un mode d’engagement singulier au Front national. La trajectoire scolaire effective d’un fils de mineur », Politix, Vol. 15, N°57, Premier trimestre 2002, p.200.

[66] La Brigade Frankreich, op. cit., p.6.

[67] « Livres à lire… », numéro 11, septembre à novembre 1974.

[68] « Bibliographie », numéro 24, hiver 1973-4.

[69] La Brigade Frankreich, op. cit., p.492.

[70] Elisabeth Parinet, Une histoire de l’édition à l’époque contemporaine, XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil, 2004.

[71] Voir notamment le numéro de Débat, numéro 165, mai-août 2011 autour de la question du roman face à l’histoire ainsi que le récent numéro de Vingtième siècle, numéro 112, octobre-décembre 2011.

[72] La trilogie de Jean Mabire a été rééditée par les éditions Grancher dans les années 1990 et 2000.

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