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Où en est le Front National après le Congrès de Tours ?

Le congrès du Front National de janvier 2011 a adoubé Marine Le Pen comme présidente du parti et lance sa campagne pour les présidentielles de 2012. D'un Le Pen l'autre, l'évènement a donné l'occasion à une large couverture media. Sur quels critères les militants frontistes ont-ils choisi leur leader ? Quels sont les ressorts d'une éventuelle dynamique mariniste ? Le logiciel déologique et/ou la stratégie du Front National sont-ils en train de se transformer ? La vague "Marine Le Pen" que prédisent certains s'inscrit-elle dans une dynamique européenne des populismes ? Jean-Yves Camus, Sylvain Crépon et Nicolas Lebourg ont, chacun de leur côté, eu l’occasion de répondre à ces questions. Chacun pourra trouver ici leurs trois apports rassemblés afin de produire sa propre analyse.

Les tenants et aboutissants du congrès ont été posés par Jean-Yves Camus  pour France2. Pour Slate, avec Sylvain Crépon, ils ont dressé un portrait de ces militants appelés à élire pour la première fois leur président.

Invité de France Info, Sylvain Crépon resitue la campagne dans le cadre des affrontements internes déjà connus au sein du parti lepéniste:

L’enjeu de la relation à la radicalité, soulevé ici, est d’autant plus important qu’il s’agit de savoir si la « lepénisation des esprits » n’est pas à son « année zéro » de par la stratégie de dédiabolisation, tel qu’en débat Sylvain Crépon à « Libé Labo », chronique vidéo de Libération. La ligne suivie par Marine Le Pen n’a jamais fonctionnée électoralement en France rappelait Nicolas Lebourg lors du journal de R.F.I., mais celle-ci peut l’allier avec la force de son patronyme.

Est d’importance également ce nouveau contexte en Europe  vis-à-vis de l’islam et de l’islamisme (entretien de Sylvain Crépon avec France 24). Cette vogue populiste européenne était au cœur des interventions de Jean-Yves Camus et Nicolas Lebourg au cours d’une session de l’émission de France Inter « Le Téléphone sonne » [1]

C’est là l’enjeu central mis à jour par Jean-Yves Camus en un article  dans Le Monde, la mutation des droites radicales autour d’un duopole islam-identité. Marine Le Pen avait, il est vrai, abordé le congrès par une provocation sur l’assimilation entre islam et Occupation. Elle faisait ainsi suite à l’événementiel du Bloc Identitaire et de Riposte Laïque immédiatement précédent, dont la genèse discursive avait été traitée par Nicolas Lebourg (entretien avec Droite(s) Extrême(s)-LeMonde.fr), avant qu’il n’en évoque son histoire européenne et ses conséquences envisageables dans cet article du Monde [2]. Sur le plateau de la Matinale de Canal+, Sylvain Crépon mit au clair les inter-relations et inter-influences entre le Bloc et le nouveau F.N.

Toutefois, d’autres causes exogènes sont en jeu, au sein du système politique concurrentiel, telles que décrites à l’hebdomadaire Marianne par Jean-Yves Camus.

L’enjeu du Congrès n’était donc guère la question de la personne qui serait désignée – d’autant qu’avant même son ouverture Abel Mestre et Caroline Monnot du Monde avaient révélé les scores. Il s’agissait plus d’adouber une chef et une ligne en évitant des dynamiques centrifuges et scissionnistes.

Entre autres, comme l’exposaient Jean-Yves Camus sur I-Télé, et Sylvain Crépon à La Voix du Nord et à L’Express car le parti avait à vivre le délicat virage du passage de témoin après le règne de Jean-Marie Le Pen, et dans le cade d’une mutation des droites l’obligeant à des renouvellements.

Ces changements devaient pourtant s’inscrire dans le même temps dans des continuités quant à l’histoire nationale et européenne des droites, objet de débat entre l’historien Enzo Traverso et Jean-Yves Camus

Deux enjeux de clientèle électorale se détachent donc pour Marine Le Pen selon Nicolas Lebourg. Après un reportage de Ludovic Piedtenu sur les électeurs marinistes en Nord-Pas-de-Calais, dans un débat avec Anne Tristan, l’interrogation porte avant tout sur les classes populaires (en cette livraison du Magazine de la Rédaction de France Culture). A la matinale de Sud Radio ce fut plus de la recomposition d’un électorat interclassiste qu’il fut question.

Le débat sur ce que peut être l’avenir du Front National fut organisé par RFI entre Jean-Yves Camus et Wallerand de Saint-Just, vice-président du Front National.

Enfin, Jean-Yves Camus tire pour Resistances le bilan de  ces semaines passées et dessine les possibilités s’offrant au F.N. « nouveau » en une prospective dépassant amplement 2012.

Notes

[1] Le format de France Inter se lie avec Real Player ou VLC, en passant par le presse papier.

[2] On pourra s’étonner que les propos de Nicolas Lebourg tels que rapportés sur saphirnews soient très divergents de ceux qu’il tient dans les divers media ci-dessus linkés, et dans un ton assez différent à celui qui lui est coutumier. Il est le premier à s’en étonner.

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