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Fact-checking de « l’antisémitisme des banlieues »

Source Paradox FlickrPar Nicolas Lebourg

Pour le plus grand malheur de l’intelligence des débats en France, le 11 septembre 2001 vint à l’approche de la campagne des élections présidentielles de 2002. Il donna donc lieu à une concurrence dans son usage politique, enclenchant un combat de représentations qui perdure. A été et demeure affirmé que se produirait en France une conjonction entre islamisme, banlieues et gauchisme, faisant déferler une fusion de l’antisémitisme et de l’anti-impérialisme menant à des troubles à l’ordre public depuis le déclenchement de la Seconde Intifada en 2000, et même à des atrocités telles que celles du « gang des barbares » en 2006.

Cette représentation est particulièrement répétée par diverses organisations et médias communautaires pro-israéliens. En revanche, elle est rejetée par diverses organisations et médias pro-palestiniens, au motif qu’elle ne serait que « néo-conservatisme » visant à empêcher toute critique du gouvernement israélien. Puisque « le réel c’est quand on se cogne », on s’évertuera ci-dessous non pas à donner un énième point de vue sur cette question, mais à présenter les éléments factuels permettant de faire le point rationnellement (la source essentielle étant la Commission nationale consultative des droits de l’homme, CNCDH, qui fournit des données des services de maintien de l’ordre, des sondages etc., et les travaux de la politiste Nonna Mayer, référence incontestée sur ces sujets).

Ce que parler veut dire

Avant que de se soucier de facteurs statistiques, rappelons ce que les mots du débat veulent dire.

Le mot « antisémitisme » a émergé en Allemagne de la publication de La Victoire du judaïsme sur le germanisme, publié à Berlin en 1879 par Wilhem Marr (année où il fonde la Ligue Antisémite). La pensée s’inspire des découvertes sur la parenté des langues indo-européennes qui ont donné naissance au mythe de la race aryenne : ici ce sont les langues du Moyen-Orient qui sont regroupées en un ensemble sémitique dont est dérivé le terme « sémite » pour dégager et ensuite fustiger une « race juive ». L’intention de Marr était d’offrir un nouveau cadre au signe antijuif, voulant le sortir du contexte religieux, de l’antijudaïsme (péjoration religieuse), pour en faire un élément objectif, scientifique, reposant sur des données historiques.

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