Taïwan : l’Association d’étude sur le national-socialisme

Par Michel Deniau
L’idée de cette série articles a vu le jour une chaude après-midi d’un vendredi d’octobre dans ma ville de Kaohsiung (sud de Taïwan). Arrêté à un feu tricolore, j’ai levé le nez de mon téléphone, tourné la tête vers la gauche et suis tombé face à face avec un homme – probablement 30-40 ans – portant un casque de moto orné d’un sticker de la Waffen SS (photo ci-contre). Après des échanges sur les réseaux sociaux, l’équipe de Fragments sur les Temps Présents m’a proposé de pousser plus loin l’investigation. Qu’elle soit ici remerciée car les fruits de cette étude furent plus abondants que prévu.
Le micro-épisode de ce motard n’est que la dernière écume locale d’un phénomène planétaire, la persistance de la figure d’Adolf
Hitler, des avatars du régime nazi et/ou de ses crimes dans nos imaginaires. Si cette irruption est un phénomène bien documenté pour l’Occident, l’Asie semble – à ma connaissance – moins étudiée. Elle n’est pourtant pas épargnée. De nombreux incidents ont été rapportés par la presse[1]. Même le cinéma pornographique japonais semble être touché par la « nazisploitation » et autre « stalag porn ». Politiquement, plusieurs partis groupusculaires se réclamant ouvertement du national-socialisme existent en Asie orientale, notamment le National Socialist Japanese Workers Party et le Tsagaan Khass en Mongolie.
Le sujet est donc vaste et je ne saurais donc que l’effleurer à travers le territoire de ma nouvelle résidence, Taïwan. Même ramené à cette échelle, le sujet reste d’une certaine ampleur. Je me bornerai donc à présenter les acteurs et diverses réflexions sur la présence de l’imaginaire « nazifiant » dans le contexte taïwanais. Le cas de Taïwan peut permettre d’exemplifier une clé de compréhension globale, celle d’une réinterprétation de symboles ou de thématiques nazies appliquée aux problématiques locales. Outre l’aspect proprement politique, il s’agira également de questionner la place de l’imaginaire « nazifiant » dans la société taïwanaise ainsi que la question du jugement moral à appliquer à un cas non-occidental. Pour cela il va nous falloir séparer ce qui relève du champ politique propre – au sens des partis et du combat partisan – puis étudier les poches d’imagerie nazie et ce que cela permet de dire de la représentation du nazisme dans l’imagerie historique du Taïwanais moyen.
Le national-socialisme, refuge devant un monde qui change : le cas de la 國家社會主義學會
Il est difficile de glaner des informations sur le groupe, ses origines et son histoire. En effet, la large majorité des informations disponibles concernent l’année 2007. La NSA semble avoir été sous les projecteurs médiatiques pendant un court laps de temps avant de retomber dans une complète obscurité et, très probablement, un état de mort associative. De plus, hormis un site internet (twnazi.org) désormais fermé[4], leur présence en ligne semble être nulle.


Le premier groupe « nazifiant » se nomme 國家社會主義學會 (guojia shehui zhuyi xuehui), l’Association d’étude sur le national-socialisme[2] (ci-après NSA). Outre le caractère explicite du nom, le logo (image à gauche) – sous toutes les formes que l’on puisse lui connaître[3] – ne laisse pas non plus beaucoup de place à l’ambiguïté. On y retrouve sans exception deux runes sowilo mises face à face ainsi que – dans la majorité des cas – les couleurs du drapeau à croix gammée, le rouge, blanc et noir (image à droite).
Naissance de l’association
D’après la notice Wikipédia en chinois mandarin[5], l’association serait née en septembre 1997. En 2002, l’édition d’un petit journal bi-hebdomadaire en ligne, 國家社會主義雙週刊 (le bi-hebdomadaire du national-socialisme), essentiellement constitué de courts articles et de passages traduits de Mein Kampf, aurait commencé. Toutefois, de nombreux doutes planent. En effet, dans une interview de mars 2007, Zhao Wei, un des leaders, a affirmé que l’organisation était âgée de dix-neuf mois, ce qui ramènerait sa naissance officielle à la fin de l’été 2005[6]. Le seul moyen de réconcilier ces données serait de supputer l’existence d’une organisation antérieure à la NSA, mais, en l’état actuel des données, tout cela ne serait que pure conjecture. Autre conjecture serait de supposer l’adoption du slogan « 一個民族 ; 一個國家 ; 一個領袖 » (un peuple, un pays, un chef) ; élément présent sur les notices Wikipédia en plusieurs langues, mais dont la confirmation a été impossible. Le slogan était-il présent sur feu le forum de l’association ? Rien ne permet de l’affirmer franchement.
Sociologie et statistiques des sympathisants de la NSA
Quoiqu’il en soit, au moment de sa notoriété, les deux principaux chefs étaient deux étudiants, 許娜琦 (Xu Na Qi) et 趙威 (Zhao Wei, également connu en tant que Chao Lahn)[7], respectivement âgés de 22[8] et 24 ans (en 2007) et étudiants en sciences politiques. A cette époque l’organisation demeurait assez petite. Le chiffre d’environ 800 membres revient à plusieurs reprises dans les sources d’époque[9]. Dans une interview, un responsable parlait quant à lui de 1000 membres[10]. Certains journaux taïwanais et étrangers rapportent également le chiffre de 1400 membres, ce qui serait une conséquence de l’exposition médiatique[11]. Toutefois, la majorité des journaux semble considérer chaque utilisateur enregistré sur le forum comme un membre de plein exercice de la NSA. Or, dans une interview pour Deutsche Welle, Zhao Wei fait la différence entre membres effectifs – au nombre de 20 – et « personnes souhaitant intégrer [la NSA] »[12].
En outre, les difficultés d’obtention d’un statut officiel du fait d’un nombre insuffisant de membres légalement majeurs plaident pour l’hypothèse d’un rassemblement d’élèves du secondaire cornaqués par un noyau de jeunes adultes, essentiellement étudiants[13]. Quoiqu’il en soit, un apogée à environ 1000 personnes gravitant autour de l’organisation, entre les membres effectifs et les sympathisants, semble tout sauf déraisonnable.
Un groupuscule à la structuration évanescente
En ce qui concerne l’organisation interne, la NSA aurait été structurée similairement à un parti politique avec un département politique (政治部, en charge de l’orientation idéologique), un département de la propagande (宣傳部, en charge de la communication et de l’édition du bi-hebdomadaire), un département des affaires extérieures (外務部, en charge des contacts avec les autres partis et organisations), un département des finances (財務部, en charge des comptes et des cotisations), un département des affaires internes (內務部, en charge de la collecte des informations des membres et du respect de la charte du parti[14]) et un dernier, tenu secret, « en charge de plusieurs affaires importantes » (負責機要事宜). Chaque département serait composé d’un(e) dirigeant(e) assisté(e) de 2 ou 3 personnes, membres effectifs de la NSA. Par ailleurs, en 2007 elle aurait disposé de sections locales dans les trois plus importantes villes de Taïwan, Taïpei, Taïchung et Kaohsiung. Lesdites sections locales auraient été formées sur le modèle des gau allemands et auraient pouvoir sur tous les départements à l’échelon local, hormis les finances qui resteraient la chasse gardée de l’organe central. De tout cela il n’est possible d’en confirmer qu’une infime partie. De fait, certains articles de journaux rapportent qu’un des membres de l’organisation, Yue Shu Ya, s’identifie comme « 委員長兼宣傳部長 », président/secrétaire général et directeur du département de la propagande[15], ce qui confirmerait au moins l’existence du bureau de la propagande et donc, par extension, une certaine structuration interne. Il demeure que, malgré les appellations grandiloquentes et une potentielle organisation interne, il ne faut pas perdre de vue la réalité numérique : la NSA fut un groupuscule lilliputien.
Rejet de la démocratie et pureté raciale, les idées politiques de la NSA
En l’absence d’un accès direct au corpus doctrinaire de la NSA, il faut s’en remettre aux récits journalistiques. Tout d’abord, même si sur feu le site internet, les donateurs étaient appelés « les bons enfants d’Hitler »[16] et que figurait « Si vous détestez Hitler, ne rentrez pas » sur la page d’accueil du forum, on note rapidement un rejet du nazisme en tant que doctrine[17] dans leurs prises de parole publiques. En tout cas, ils entendent faire un tri entre « bon nazisme » (prétendue politique sociale, unité de la nation, sentiment de puissance)[18] et « mauvais nazisme » (guerre et politique génocidaire). Cela est d’autant plus prégnant que plusieurs articles de l’époque ont noté la fascination pour la personne d’Adolf Hitler et non pour le régime politique qu’il a institué. Si la promotion d’un Etat national-socialiste les intéressait, le modèle ne semblait pas être l’Allemagne hitlérienne, hormis pour la politique sociale avec l’exemple de Volkswagen. En outre, si plusieurs membres se sont déclarés proches[19] de la pensée tridémiste de Sun Yat-Sen (三民主義 : 民族, 民選, 民生 ; les trois principes du peuple : nationalisme, démocratie et justice sociale)[20], il y avait un rejet très fort de la pratique institutionnelle démocratique multipartite, notamment dans sa dichotomie « camp bleu » (KMT et affiliés) versus « camp vert » (PDP et affiliés), celle-ci étant vue comme cause de troubles et d’affaiblissement du pays[21]. Lee Teng-Hui – premier président démocratiquement élu du pays – était même nommément rendu responsable de ce déclin et cette désunion[22]. De fait, publiquement la NSA affirme prendre pour modèle des dirigeants forts tels que Bismarck, le fils de Chiang Kai-Shek et ancien dictateur de Taïwan Chiang Ching-Kuo ou encore l’ancien premier ministre de Singapour Lee Kuan Yew[23]. L’objectif avoué est d’orientation nationaliste, vu qu’il s’agit de « rendre le pays riche et l’armée puissante », quitte à perdre certaines libertés dans le processus[24].
Sur la question des relations inter-détroits, la NSA semblait plutôt en faveur d’une unification[25] , en raison de la nécessité d’union de la nation chinoise (au sens large). Toutefois, cela ne pouvait se faire par un accord avec le pouvoir communiste de Pékin, la NSA étant fermement anti-communiste. Par exemple, Xu Na Qi présentait le communisme en général comme l’ennemi du national-socialisme[26].
Enfin, le dernier élément de cet appareil idéologique était une quête de « pureté raciale », alors que la société taïwanaise est démographiquement fondée sur le mélange entre migrants Han et populations locales austronésiennes. De fait, même s’ils se professaient comme « non antisémites »[27], de nombreux membres de la NSA voyaient d’un mauvais œil le recrutement de plus en plus important d’une main d’œuvre à bas salaires en provenance d’Asie du Sud-est, accusant ceux-ci de corrompre le corpus génétique de la population locale. Xu Na Qi professait même des thèses eugénistes, notamment autour de « l’extermination » des enfants de ces immigrés[28].
Vie et mort de la NSA
Malgré l’absence de données probantes en appui de cette hypothèse, on peut raisonnablement supposer que la NSA est désormais chose morte et enterrée, ou du moins en état végétatif. L’absence de données récentes ainsi que les difficultés d’obtention d’un statut officiel plaident en ce sens. Surtout, cet épisode semble fortement lié à la situation conjoncturelle de son époque. En effet, les soubresauts des premières années de la démocratisation taïwanaise – notamment suite à la première alternance avec l’élection à la présidence du candidat PDP Chen Shui-Bian, mais la mise en minorité de son parti au Yuan législatif – et les difficultés économiques du début des années 2000, ont pu pousser certaines personnes dans une demande autoritaire. Avait cours la volonté d’un certain retour à l’ordre ancien du temps des dictateurs Chiang, vu nostalgiquement comme une période de félicité économique et d’ordre. Une des matérialisations de cette demande autoritaire a donc été, pour quelques-uns, l’apparat idéologique nazi. La démocratie étant désormais une réalité profondément ancrée dans la société taïwanaise et la situation économique favorable, cette demande autoritaire a donc diminué.
Il demeure que les élucubrations de la NSA permettent également de raconter, en creux, une autre histoire de la période de démocratisation à Taïwan. Une histoire faite de peur devant un monde qui change et de désir de retourner à un ordre ancien. Enfin, si la NSA a existé, il faut plutôt y voir une extrême droite[29] déguisée avec des oripeaux extérieurs. Si certains aspects idéologiques (rejet de la démocratie, désir d’un pouvoir fort, peur xénophobique d’une contamination génétique, anticommunisme) sont proches des thèmes nazis, ils ne sont pas spécifiques au nazisme, mais plutôt au fond commun de l’extrême droite occidentale depuis la fin du XIXème siècle. En somme, pour parler en termes occidentaux, la NSA fut une association d’extrême droite « classique », les figures d’Hitler et du nazisme représentant plutôt des figures éthérées que l’intégration dans un cadre idéologique tiré d’une lecture, même dilettante, de Mein Kampf [30].
Notes

[1] Pour rester dans les années 2010, on pourra citer les exemples suivants. Chine : Les Inrocks (28 novembre 2011) ; Hong Kong : South China Morning Post (28 août 2017) ; Thaïlande : The Times of Israel (3 mars 2019) ; Japon : The Guardian (1er novembre 2016) ; ensemble de l’Asie : South China Morning Post (30 janvier 2019) et CNN (27 décembre 2016). Mais ce phénomène n’est pas récent, comme semble l’indiquer un exemple en Corée du Sud au début des années 2000. Cf Time (5 juin 2000) (Tous les liens ont été consultés pour la dernière fois en juin 2021)
[2] Les 學會 (xue hui) sont des sociétés professionnelles ou savantes. On retrouve le terme dans 台灣歷史學會 (Société d’étude sur l’histoire de Taïwan) ou 台灣社會學會 (Association taïwanaise de sociologie). L’usage de ce terme avait pour but de rehausser le prestige de la NSA et marquer sa respectabilité.
[3] Un internaute a fait état de plusieurs designs possibles, dont je ne saurais dire s’il s’agit d’éléments officiels. Les médias taïwanais et étrangers ont rapporté l’iconographie figurant en exergue de ce paragraphe ou une de ses variations. Cf. TVBS news (17 mars 2007) ; BBC 中文 (22 mars 2007) ; Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007)
[4] Site internet qui a eu une activité – au moins en 2007 – comme l’attestent les articles de l’époque. Cf. Taiwan News (11 mars 2007) ; Taipei Times (13 mars 2007). Mais aussi dès mai 2006, des internautes taïwanais en discutant sur un forum à cette date.
[5] Ne renvoyant vers aucun contenu extérieur et certains éléments étant inexacts, il faut la prendre avec prudence. Toutefois, comme nous le verrons, elle avance des éléments d’une trop grande précision sur l’organisation interne pour ne pas mériter examen.
[6] Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007). Citation originale : « 入我们的组织没有预备期。 ‘’[…] 这个组织只存在了19个月 […]’’ » ; « Il n’existe pas de période probatoire afin d’intégrer notre organisation. […] Cette organisation n’existe que depuis 19 mois […]. ». Elément que l’on retrouve également dans 自由時報 (15 mars 2007)
[7] Wikipédia les présente comme « fondateurs », mais ce qui est difficilement vérifiable.
[8] Selon Wikipédia, elle aurait intégré l’association en 2002 et serait – avec Zhao Wei – derrière la publication du journal bi-hebdomadaire depuis 2004. Cela semble pour le moins improbable étant donné son âge, 19 ans.
[9] Fox News (14 mars 2007) ; The Jerusalem Post (14 mars 2007) ; Taiwan News (11 mars 2007) ; 蘋果日報 (18 mars 2007). Ce dernier semble avoir consulté le forum et compte 774 membres.
[10] Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007) (selon les dires de Yue Shu Ya, à la tête du département de la propagande) ; Der Spiegel (14 mars 2007) ; BBC 中文 (22 mars 2007)
[11] 蘋果日報 (18 mars 2007) ; 遠見雜誌 (20 septembre 2018) ; Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007). Ce dernier compte 1370 membres, se fondant sur le nombre d’utilisateurs du forum, tout en émettant l’hypothèse que certains utilisateurs seraient des néo-nazis allemands.
[12] Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007). Citation originale : « 这个组织的建立者之一Chao Lahn对西方记者说:“[…] 这个组织只存在了19个月,有20个人已经是成员,还有800人表示想加入 », « Un des fondateurs de cette organisation Chao Lahn a dit au journaliste occidental : « […] Cette organisation n’existe que depuis 19 mois, 20 personnes sont déjà membres, et 800 personnes ont affirmé vouloir la rejoindre. »
[13] Taipei Times (13 mars 2007). Chao Lahn s’en est d’ailleurs expressément plaint : « We have too many high-school and junior-high students and not enough adults […] We need more adults in order to qualify for NGO […] status. ». A cette époque la majorité légale était à 20 ans.
[14] Ce qui suppose l’existence d’un tel texte, ce qu’il est également impossible de confirmer.
[15] Cela pose la question de la répartition des rôles au sein de la NSA. Existerait-il une sorte de direction collégiale avec plusieurs leaders ? Cela amène aussi à s’interroger sur le degré de connaissance/compréhension de la structure interne de l’organisation par les journalistes.
[16] 蘋果日報 (10 mars 2007). Citation originale : « 希特勒的好孩子 » et Taiwan News (11 mars 2007).
[17] Der Spiegel (14 mars 2007) ; 自由時報 (15 mars 2007). L’original est d’ailleurs tout à fait clair, « 跟納粹主義一個關係都沒有 », « Cela n’a rien à voir avec le nazisme ». Dans une autre interview (TVBS news (17 mars 2007),« 我們非納粹! », « Nous ne sommes pas nazis ! ». En général, ils font une différence entre « 納粹主義 » (le nazisme) et « 國家社會主義 » (le national-socialisme). Cet argumentaire demeure malgré tout assez spécieux, si l’on garde à l’esprit les différents symboles de l’organisation et l’appellation « les bons enfants d’Hitler »
[18] 自由時報 (15 mars 2007) ; Fox News (14 mars 2007) ; Taipei Times (13 mars 2007), BBC 中文 (22 mars 2007)
[19] 蘋果日報 (18 mars 2007) ; Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007)
[20] Je reprends ici la traduction proposée par J. Gernet dans Le monde chinois, tome 3, p. 44. Pour des développements sur la pensée de Sun Yat-Sen, notamment la difficulté d’appréhension du 民生 en langue occidentale, on pourra lire Wells A., The political thought of Sun Yat-Sen. Development and impact, notamment les pages 61 à 101.
[21] 遠見雜誌 (20 septembre 2018) ; Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007)
[22] Taipei Times (13 mars 2007)
[23] BBC 中文 (22 mars 2007). Citation originale : « 她還說,她們嚮往的是像俾斯麥,蔣經國,李光耀一類的人物 » ; « Elle [Xu Na Qi] aussi dit que ce à quoi elles aspirent ressemblent plutôt à des personnalités comme Bismarck, Chiang Ching-Kuo ou Lee Kuan-Yew ». Ce dernier (1923-2015) est l’ancien premier ministre de Singapour.
[24] BBC 中文 (22 mars 2007). Citation originale : « 即使是高壓統治,即使會失去言論自由,只要能富國強兵他們也願意接受。 » ; « Même si c’est une domination de fer, même s’il faut perdre la liberté d’expression, tant que cela peut rendre le pays riche et l’armée puissante, ils sont prêts à l’accepter. »
[25] Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007)
[26] BBC 中文 (22 mars 2007). Citation originale : « 她對這個問題的回答不忘回顧納粹反共歷史說,共產主義是國家社會主義的敵人 » ; « Sa réponse à cette question n’oublie pas de rappeler l’histoire anti-communiste des nazis et affirme que le communisme est l’ennemi du national-socialisme ».
[27] Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007)
[28] Der Spiegel (14 mars 2007) ; Taipei Times (13 mars 2007) ; BBC 中文 (22 mars 2007) ; Haaretz (14 mars 2007). Le journaliste de la BBC – qui semble s’être entretenu avec Xu – affirme : « 她說,如果外勞在台灣產下後代,政府應該要消滅他們,為了防止台灣下一代基因進一步劣化 » ; « Elle a dit, si les travailleurs étrangers [en provenance d’Asie du Sud-Est] donnent naissance à une progéniture, le gouvernement doit les éliminer, pour prévenir une dégradation des gènes de la prochaine génération de Taïwanais. »
[29] J’utilise ici une réalité occidentale à des fins de compréhension. Cela ne saurait sous-entendre que la division partisane se déploie similairement à celle de nos contrées. Loin d’une dichotomie liberté/égalité, le jeu politique taïwanais – notamment lors des élections nationales – est centré sur les questions des relations avec la Chine, de l’identité (identité république de Chine vs identité proprement taïwanaise). Néanmoins, si l’on considère que l’une des matrices idéologiques importantes de l’extrême-droite occidentale tourne autour de la nation comme entité organique qu’il faudrait régénérer, alors il est possible que de jeter des ponts entre la NSA et cette tradition. En effet, selon Yue Shu Ya, les lignes directrices de l’organisation étaient : « 1.弥平蓝绿纷争;台湾应该团结拓同一个旗帜之下,不应内斗。2.推行国家社会主义运动,以增强我国总体实力,抵拉他国打压。不必要的军事、外交开支以及贪腐情况都要剪除,把钱花在建设国家上。3.因此,我们要推行经济、农工的改革,将台湾带上富强的道路。我们要比的是谁会建设国家,而不是比谁爱台湾;建有用,爱台无用。爱台湾不过是口号,只会牵手是不行的。» ; « 1. Mettre à plat les disputes bleus/verts ; Taïwan doit s’unir sous le même étendard. Pas de dissensions internes. 2. Mettre en œuvre le national-socialisme, renforcer la puissance du pays, résister à la répression d’un autre pays. Les dépenses militaires et diplomatiques superflues ainsi que les situations de corruption doivent toutes être éradiquées. L’argent doit être dépensé pour l’édification de la nation. 3. Par conséquent, nous voulons mettre en place des réformes économiques, pour les travailleurs et paysans, ce qui conduira Taïwan sur une route prospère et forte. Pour nous, l’important est la personne édifiant la nation, pas celle qui aime Taïwan ; édifier est utile, aimer Taïwan est inutile. Aimer Taïwan n’est qu’un slogan, seulement se tenir par la main n’est pas possible ». Cf Deutsche Welle 中文 (16 mars 2007). Aucun élément n’accrédite l’idée d’une nécessaire régénération morale allant de pair avec la régénération économique et politique nationale.
[30] Ouvrage commandable en ligne sur des sites marchands classiques, dans des versions abrégée éditée à Taïwan en 2005 ou complète éditée à Singapour en 2016. On retrouve une édition en 1972. Les différentes versions seraient sans appareil critique. Cela ne va pas nécessairement dans le sens d’une pénétration de l’idéologie dans l’île. Il est probable que de nombreux Taïwanais y voient un « simple » document historique et que, hormis chez certaines personnes fascinées par Hitler et le nazisme, cela ne (ré)active pas des traditions antisémites. Surtout que la communauté juive de Taïwan est faible et assez récente, ses premiers membres étant des militaires américains dans les années 1950. Cf jewishvirtuallibrary.org (date inconnue). Même si des préjugés antisémites ont pu être exprimés par des starlettes polémiques, il faut en réaffirmer le caractère parfaitement anecdotique. Cela ne saurait être utilisé pour affirmer une appétence des Taïwanais pour le nazisme et l’antisémitisme. Je rejoins l’opinion du Chabad Taipei Jewish Center : “Taiwan is generally accepting of and open to different cultures and religions”. Cf New Bloom mag (15 janvier 2019)