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Une Réponse au thème du « Grand remplacement »

Par Nicolas Lebourg

Que peut faire un honnête homme face à la répétition permanente d’une contre-vérité? Hervé Le Bras, démographe, a choisi de répondre par la raison et des démonstrations aux torrents de dénonciation d’un «grand remplacement» qui submergerait la France. Son ouvrage Il n’y a pas de grand remplacement (éditions Grasset) n’évite aucun des arguments dont nous sommes noyés depuis des mois. Mais il y répond sur des bases rationnelles.

Certes, l’entreprise ne saurait convaincre celles et ceux qui se sont bunkérisés dans une vision raciale assiégée. Mais on ne saurait désespérer totalement de nos concitoyens, et comme certains d’entre eux sont manifestement titillés par cette idée qu’une rue cosmopolite suffirait à démontrer qu’un peuple et une civilisation se substituent à d’autres, il n’est pas une mauvaise idée de leur proposer de rationaliser les choses. Sans blabla moralisateur, le livre est bien celui d’un chercheur en sciences sociales confrontant des arguments de propagande à des données empiriquement fondées.

Débunker les fausses démonstrations

D’abord, il y a bien sûr le débunkage. Ceux qui avaient entendu en 2006 Philippe de Villiers (aujourd’hui participant de la campagne d’Éric Zemmour) prétendre qu’un «plan secret» de l’Organisation des Nations unies prévoyait l’entrée en France de «800.000 immigrés par an entre 2020 et 2040» pourront se rassurer. Le rapport de l’ONU soi-disant cité exposait en fait qu’il faudrait 23.600 migrants par an, soit 472.000 personnes au total et non 16 millions –voilà qui sera effectivement plus facile à assimiler.

Le démographe le rappelle: Renaud Camus récuse l’usage des statistiques et des sciences sociales, considérant que c’est notre regard porté sur notre environnement qui suffirait à nous démontrer l’africanisation de notre société. Il est vrai que l’affirmation d’un monopole d’une vision du réel est courante chez les militants, l’idéologie étant faite pour se substituer à la réalité. Nonobstant, il arrive à Renaud Camus de vouloir donner une perspective à une donnée statistique. Ainsi, quand il objecte que les migrants représentent 0,05% de la population européenne et que «0,05% constamment renouvelés et s’accumulant font vite des proportions considérables», l’auteur fort à raison répond que les mathématiques indiquent sans conteste que cela représente 1% en vingt ans et 5% en un siècle…

Hervé Le Bras propose aussi de débunker les prophéties d’hier. Il revient sur le fameux dossier publié par le Figaro Magazine en 1985 «Serons-nous encore français dans 30 ans?».

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