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Andrea Vezza : I Ragazzi di Quai de Bacalan [les Français de la RSI]

musique russolo luigiPar Jean-Yves Camus 

Notes de lecture sur Andrea Vezza : I Ragazzi di Quai de Bacalan. Editions Ritter, Milan. 193 p (photos). 2012.

Dans la veine inépuisable des ouvrages de Militaria destinés plus spécialement aux admirateurs des puissances de l’Axe, les éditions italiennes Ritter (http://www.ritteredizioni.com) occupent une place de choix. L’auteur, qui s’intéresse à la période 1939-1945 et à l’histoire de l’Istrie (région de Trieste), se base pour écrire cet ouvrage sur les souvenirs de Carlo Alfredo Panzarasa un italo-français né à Paris et engagé en 1943 aux côtés de la République Sociale Italienne (dite République de Salo).

L’intérêt majeur de ce livre, qui n’obéit pas aux canons des travaux historiques à valeur scientifique, est de rapporter (de manière unilatérale) l’histoire des quelque 300 italiens ( dont un d’origine somalienne !) vivant en France ou français d’origine italienne qui ont choisi de servir la RSI après que l’Italie eut confirmé par la voix du Maréchal Badoglio, le 8 septembre 1943, l’armistice de Cassibile. Souvent engagés au sein de la Gioventu Italiana del Littorio al Estero (GILE ou Jeunesse Italienne du Licteur), fréquentant pour beaucoup la Casa del Fascio située rue Sédillot (Paris VIIè), ces jeunes gens se sont portés volontaires pour servir le gouvernement italien resté en guerre aux côtés de l’Allemagne.

Après un rassemblement à la base sous-marine du Quai de Bacalan à Bordeaux, ils sont acheminés en Italie et intégrés à la fameuse unité de nageurs de combat Xe Flotigglia MAS commandée par le prince Julio Valerio Borghese. Celle-ci est alors confinée à des tâches qui n’ont plus rien à voir avec sa vocation initiale, puisqu’elle est exclusivement engagée contre les partisans italiens donc dans une guerre civile, puis à la toute fin du conflit contre les forces pro-Tito dans l’actuelle Slovénie.

Si l’ouvrage, largement apologétique, n’omet pas de mentionner les convictions fascistes de la plupart des engagés, il évoque souvent, leurs  témoignages à l’appui, deux autres motivations. D’abord l’humiliation ressentie lors de la capitulation italienne de 1943, perçue comme une « trahison ». Puis le  ressentiment d’avoir été à maintes reprises traités de « macaronis » et vus comme des immigrés incultes alors même qu’ils s’étaient assimilés totalement, étaient catholiques et européens.

L’ouvrage comprend une liste nominative des Volontari di Francia qui sont connus ainsi qu’une très riche iconographie. Publié avec le concours de la région Frioul-Vénétie Julienne, il est préfacé par Mario Michele Merlino, un des protagonistes majeurs de la stratégie de la tension des années 70-80, devenu le traducteur de Robert Brasillach.

Carlo Alfredo Panzarasa a fondé à Trieste l’’Istituto di Ricerche Storiche e Militari dell’Età Contemporanea Carlo Alfredo Panzarasa, un fonds privé d’archives consacré aux soldats de la RSI et à leur mémoire. Une des photographies le montre en 1942 distribuant à Paris de la propagande du Parti Franciste et il s’agit là d’un des points aveugles du livre que de ne pas donner d’indications précises sur l’éventuel militantisme des volontaires dans des formations collaborationnistes françaises. Panzarasa est le beau-frère du médecin SS et diplomate allemand Carltheo Zeitschel (1893- 1945), qui fut successivement référent pour les affaires juives à Paris puis à Tunis.