Les Partis politiques français et la Russie

Carte postale, « Spirou à Moscou », Tome & Janry.
Le Carnegie Council et les fondations Open Society ont mis en place un programme sur le soft power russe en France, dirigé par Marlène Laruelle.
Vous pouvez télécharger le troisième rapport réalisé par Jean-Yves Camus, dans sa version française, Les partis politiques français et la Russie : politique de puissance et politique d’influence, ou dans sa version anglaise French Political Parties and Russia: The Politics of Power and Influence.
Vous pouvez retrouver toutes les ressources du programme depuis sa page sur le site du Carnegie Council.
Présentation : Quelles relations les partis politiques français entretiennent-ils, en 2018, avec la Fédération de Russie, ses autorités et les partis politiques qui y sont actifs, en premier rang desquels, mais pas seulement, Russie Unie ? Ces dernières années, cette question a souvent été traitée à partir de deux présupposés. Le premier est que les liens de l’argent sont le principal, sinon le seul facteur explicatif : qui serait « financé par la Russie » soutiendrait ses positions et en particulier, celles du Président Poutine et de Russie unie. Le second est que les liens financiers supposés de la Russie avec tel ou tel personnalité ou formation politique aurait, pour la partie russe, pour objectif de développer une action d’ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, soit en influant sur le processus électoral soit en propageant un certain nombre de fausses nouvelles dont la diffusion impacterait l’opinion.
Nous proposons dans la présente étude une approche différente. Son point de départ est que la Russie comme la France sont des grandes puissances politiques, économiques et militaires qui poursuivent chacune des stratégies de pouvoir et d’influence et qui, pour cette raison, sont tenues d’avoir des relations d’échange, de coopération et de concertation qui, même lorsque la situation internationale connait de fortes tensions (guerre d’Ossétie du sud en 2008 ;annexion de la Crimée et guerre du Donbass en 2014, suivis par la décision du président François Hollande de la pas livrer les navires Mistral à la Russie ; enfin en 2017, « coup de froid » avec le président Macron en raison de la supposée interférence russe dans la campagne présidentielle française), ne vont jamais jusqu’à la rupture.
En conséquence les deux parties ont un intérêt objectif à élaborer des scénarios prédictifs de l’évolution de la situation politique dans les deux pays et, tout en composant avec le gouvernement en place, à diversifier au maximum leurs contacts politiques pour s’assurer au mieux qu’une alternance ou un changement de gouvernement ne leur font pas prendre le risque de perdre leurs relais dans l’autre pays. Ainsi la France, tout en ayant des relations avec le gouvernement russe, charge son ambassade à Moscou de garder le contact avec la société civile et les ONG critiques du pouvoir en place.
De même la Russie, confrontée à un système de démocratie libérale et parlementaire qui rend l’alternance fréquente, de même que la cohabitation gauche/droite au sein du couple exécutif, a diversifié ses liens avec l’ensemble du spectre politique français, de la gauche radicale (La France insoumise) au parti social-démocrate (Parti Socialiste), aux deux principales formations de droite (Les républicains et Union des démocrates indépendants, UDI) et même au Front national.