Jacques Sapir, le présent d’une illusion

Peinture landart et trompe-l’oeil par Daniel Siering et Mario Schuster
Ayant intéressé d’amples pans des gauches, l’économiste anti-euro Jacques Sapir vient d’appeler à un rassemblement de toutes les forces politiques en lutte contre l’euro-libéralisme. Dans la version longue, publiée sur son site, d’une interview accordée au FigaroVox, il considère que le Front de gauche, Nicolas Dupont-Aignan et le FN, ou un futur parti qui serait issu de ce dernier, doivent former un «front de libération nationale». Evoquant la présence de Jean-Pierre Chevènement à l’université d’été de Debout la République, il estime qu’«à terme, la question des relations avec le Front national, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée» et qu’«il faut comprendre que très clairement, l’heure n’est plus au sectarisme et aux interdictions de séjours prononcées par les uns comme par les autres».
Son propos s’appuie, outre quelques métaphores sexuelles («virginité politique», par exemple), à plusieurs reprises sur la formule de Léon Trotsky «Marcher séparément, frapper ensemble». Est-il rationnel et apte à déplacer des lignes ?
Il s’avère que le FN n’est pas hors-sol, mais dans son biotope. Le parti européen qu’a fondé récemment Marine Le Pen comprend les parlementaires européens du FPÖ autrichien, du PVV néerlandais, de la Lega Nord italienne, du Vlaams Belang flamand et du FN français (hormis Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch). Aux Pays-Bas, le PVV a soutenu une majorité sans y participer, sur un programme d’austérité économique et de lutte contre l’immigration. Le FPÖ autrichien défend un franc néolibéralisme et sa participation gouvernementale a été marquée par une parfaite orthodoxie euro-libérale. La Lega Nord a participé aux gouvernements de Silvio Berlusconi, dont le caractère subversif n’était guère tourné contre l’euro-libéralisme… Le Vlaams Belang assume parfaitement un ancrage très à droite économiquement.